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Commentaire de Tristan Valmour

sur Maman je suis rouge en maths !


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Tristan Valmour 13 octobre 2012 11:06

@ Christian Labrune

Je me fiche pas mal des sciences de l’éducation, qui ne sont pas plus des sciences que les sciences politiques ou économiques, ou les maths. Ceci dit, il y a quelques bonnes choses dans les sciences de l’éducation. Après, avez-vous des preuves formelles que les sciences de l’éducation soient la cause du naufrage de l’école ? Vous avez réussi à identifier, isoler et hiérarchiser les facteurs ou bien c’est juste un sentiment personnel, une intuition ?

Demain, presque tout le monde aura des emplois subalternes. Aujourd’hui, dans les grosses boîtes, les cadres sup sont des fusibles qui appliquent ce qu’on leur dit, sans disposer de véritable pouvoir de décision, d’où leur blues. Ils suivent, eux aussi, l’arbre de décision qu’on leur impose.

« Les sciences de l’éducation, au contraire, ont toujours applaudi les pires inconséquences. » -> Vous voyez ce que vous voulez bien voir. Dans les sciences de l’éducation, il y a aussi plusieurs écoles. Mais sciences de l’éducation et politiques sont proches. On entend une école au détriment d’une autre, en fonction du parti au pouvoir, du leader qui gueule le plus ou qui séduit le plus. Vous devriez lire plusieurs dizaines d’ouvrages sur les sciences de l’éducation avant de les critiquer. Et encore une fois, je ne défends pas cette discipline.

« Ainsi, en français, quand j’ai pris ma retraite, on n’en était plus à demander à l’élève de rendre compte de ce qui faisait la spécificité d’un texte, mais simplement de savoir le classer dans une typologie. » -> Ca n’a à voir avec les sciences de l’éducation que de loin. Ca concerne surtout les profs de français qui définissent cette matière et la façon de l’enseigner. D’autre part, je crois que le commentaire composé et la dissert sont toujours au programme, et que ces exercices sont loin de nécessiter uniquement de connaître la typologie textuelle.

« Ce que vous écrivez à propos des systèmes de notation me paraît consternant. » Dites-moi alors ce qu’est noter ?

« Contrairement à ce que vous écrivez, les élèves intelligents… » -> Je n’ai jamais écrit le contraire, relisez.

« Je me souviens… » -> Vous ne pouvez pas généraliser à partir de votre expérience personnelle. Votre expérience est naturellement à prendre en compte, mais à relativiser.

« L’école publique, aujourd’hui, ressemble aux unités de soins palliatifs des hôpitaux. On ne peut plus grand chose, ni pour les plus faibles ni pour les plus doués. » -> Complètement d’accord avec vous. Mais cela s’applique aussi à la majorité des écoles privées. La société n’a pas besoin de gens qui savent, il faut juste des gens qui exécutent. L’école produit donc des gens qui exécutent.

@ Abou mon chou

Alors là, on va s’amuser à « qui a la plus grosse » puisque c’est votre trip, et hausser un peu le niveau. Ready ?

« Ils ont souvent des comportements voisins » -> Ca sent la précision du mathématicien ! Exactement comme avec votre démarche essai-erreur. Les mathématiciens « athéniens » voulaient déjà, à l’époque, s’abstraire de cette démarche. Vous ne connaissez rien aux surdoués et rien aux hyperactifs. Enoncez-moi les critères qui définissent un hyperactif, et expliquez-les moi alors. Je ramasse la copie et je la note sans utiliser de couleurs. I swear.

Je reviens un peu sur la nature des maths et sur la demarche essai-erreur. Voici un petit extrait d’un livre écrit par un nul en maths, John Tabak.

« The Mesopotamians were interested in geometry primarily as a set of techniques to assist them in their measurements and computations. Like that of the Egyptians, theirs was primarily a geometry of mensuration. […] Egyptian and Mesopotamian mathematicians were primarily
concerned with developing a practical geometry. They sought to find and use mathematical formulas to compute areas and volumes of specific common geometrical forms given certain linear measurements. […] From the outset the Greek approach to mathematics was different. It was more abstract and less computational. Greek mathematicians investigated the properties of classes of geometric objects. They were concerned not only with what they knew, but with how they knew it. Mesopotamian and Egyptian mathematicians never questioned this fact. Almost certainly Thales did not question it, either, and yet he felt the need to deduce the result, that is, to prove the truth of the statement. This was a new way of thinking about mathematics : an approach that deemphasizes intuition and instead emphasizes the importance of deductive reasoning. Deductive reasoning, the process of reasoning from general principles to specific instances, is the characteristic that makes mathematics special. Mathematics is a deductive discipline. All mathematicians today work by beginning with known principles and then deriving new facts as logical consequences of those principles, but Thales was the first to apply this method rigorously.”

« Si j’en ai rencontré » -> Alors, quels critères définissent un surdoué ? Aviez-vous la qualité à définir un surdoué ? Pourquoi ne dit-on plus surdoué mais précoce ?

« Et ce n’est pas parce que vous parlez d’une discipline hypothético-déductive que vous savez ce que c’est. » -> D’abord, merci de valider par votre immense autorité qu’on peut définir quelque chose sans la connaître, et corollairement répondre correctement à une question sans comprendre sa propre réponse. Baddeley et Cowan ont démontré cela à plusieurs reprises en étudiant les relations entre la short term memory, working memory et long term memory. Ensuite, ben si, je sais ce qu’est une discipline hypothético-déductive. J’ai fait de la philo analytique avant de m’engager dans les sciences cognitives et étudier d’autres petits trucs sympas hors de votre portée. Et promis que je me lancerai dans les maths à haut niveau. De toutes les façons, j’y suis obligé.

« Si ! » -> Ben non. On ne va pas établir un débat fictif entre Gauss et Popper. C’est vrai que pour certains les maths sont une science, et pas pour d’autres. Mais pouvez-vous prouver l’infini ? Quel est le dernier chiffre de Pi ? Bon allez, un petit moment de détente, une histoire qu’un prof de maths de Berkeley m’a racontée :

Un étudiant en maths demande à des universitaires de toutes disciplines si tous les chiffres impairs supérieurs à 1 sont des nombres premiers.

Le sociologue défend l’idée qu’on ne peut parler d’impair parce que certains chiffres pourraient s’en trouver offensés et on ne peut pas plus parler de premier parce que ce ne serait pas équitable pour le second.

Le théologien dit que tous les nombres doivent être égaux devant Dieu.

Le physicien fait une expérience : 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier mais 9 ne semble pas être un nombre premier, mais c’est peut-être une erreur expérimentale, 11 est premier, comme 13…Ce physicien conclut que selon l’expérience, on peut émettre l’hypothèse que tous les nombres impairs sont des nombres premiers.

L’économiste constate que 3,5 et 7 sont des nombres premiers mais 9 n’en fait pas partie. Il s’inquiète alors que le cours du nombre premier est en chute.

L’informaticien écrit alors un programme pour énoncer tous les nombres premiers. Son ordinateur se bloque à 3… 3 est premier, 3 est premier, 3 est premier…

Le chimiste se réfère à sa table périodique : 3 est du lithium, 5 du bore, 7 de l’azote, 9 du fluor, 11 du sodium… Comme ces éléments sont indivisibles en l’absence de fission nucléaire, ce sont des nombres premiers.

L’ingénieur qui ne veut pas se laisser doubler par le physicien en matière d’expérimentation, refait l’expérience du physicien et conclut – à tort bien sûr – que tous les nombres impairs doivent être des nombres premiers.

Le statisticien étudie un échantillon aléatoire de nombres premiers : 41, 269 (etc.) sont des nombres premiers, et conclut qu’il est probable que tous les nombres impairs soient des nombres premiers.

Le physicien revient à la charge et conclut que les expériences menées par les autres universitaires confirment ses conclusions.

Mais le mathématicien affiche un sourire méprisant envers ses collègues (parce que le mathématicien est supérieur à tout le monde) dont il dénonce la démarche et déclare que 3 est un nombre premier, et qu’il est donc facile de déduire que tous les nombres impairs supérieurs à 1 sont des nombres premiers.

Redevenons sérieux maintenant, et continuons à jouer à « qui a la plus grosse ». Le chiffre 5 n’existe pas dans la nature ; c’est une abstraction. On a bien 5 doigts, mais ils existent indépendamment du fait de les dénombrer. Compris, ou on passe au niveau 2 ?

« En effet, on a vu des lionnes faire des cours de stratégie au tableau noir pour apprendre à chasser au lionceaux. » -> Ah, parce que vous résumez la conceptualisation à un cours de stratégie au tableau noir ? On sent le scientifique ou le logicien doué là. Je suis impressionné.

« Je connais sans doute le système américain aussi bien que vous un de mes fils a accompli sa scolarité dans ce système » -> J’aime votre expérience par procuration. Justement, comme disait Colombo, ma femme…. Plus sérieusement, on peut intégrer une bonne université si deux des membres de sa famille ont déjà fréquenté cette université et y ont réussi. Vous ne le saviez pas n’est-ce pas ? Vous connaissez ce système aussi bien que moi ? Qui a la plus grosse ? Play again ?

Sur le calcul mental : « Il y a longtemps que c’est déjà fait, tenez vous au courant . » Ben non, on étudie toujours le calcul mental en primaire et on en fait au collège. Renseignez-vous. J’ai beau ne plus vivre en France, je reçois toujours des données sur ce pays.

« Ca c’est le gobbledigook habituel des psychopédagogues qui ont contribué à foutre en l’air notre École Publique, du bla bla bla, du vent . » Si vous qualifiez de vent tout ce que vous ne connaissez ni ne comprenez, c’est tempête tous les jours dans votre petite tête !

« si vous voulez dire devenir chercheur » : Qu’avez-vous cherché ? Très honnêtement, pour me coincer (puisqu’on joue à qui a la plus grosse), vous auriez pu dire que le travail, la WM et l’attention ne sont pas des compétences, et définir une compétence, une connaissance, un savoir, une performance, etc.

Bon, j’ai assez joué avec vous, n’hésitez pas à moinsser, ça passera votre temps. J’ai fini ma pause et je retourne travailler…avec mon associé mathématicien, un vrai lui, avec 2 Phd et tout et tout. Un qui cherche et qui trouve.

Dites-moi que vous êtes bien énervé mon ami. Au fait, je ne joue pas à qui à la plus grosse. Vous savez pourquoi ? Parce que je ne suis que poussière. Une parmi des milliards d’autres.

 


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