Mercredi 26 juillet 1995
Les crimes de Karadzic et de Mladic
Le Tribunal pénal international sur l’ex-Yougoslavie - TPI - a annoncé hier avoir mis officiellement en accusation les leaders politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, inculpés et objets de mandats d’arrêt pour génocide et crime contre l’humanité.
Dans un communiqué de presse, le procureur du TPI, le Sud-Africain Richard Goldstone a indiqué que ces mises en accusation illustraient la constance de la stratégie de poursuites, qui vise les plus hauts responsables yougoslaves soupçonnés d’être pénalement responsables, directement ou indirectement, des violations graves et généralisées du droit humanitaire international dans ce pays.
Le procureur du TPI reproche notamment à MM. Karadzic et Mladic la détention illégale dans des camps, l’assassinat, le viol et la torture de milliers de personnes, en particulier des leaders politiques et des intellectuels musulmans et croates, le bombardement de cibles civiles, le pillage, la destruction et l’appropriation de biens, ainsi que la destruction de sites religieux consacrés.
Dans les camps de la région de Prijedor, à l’ouest de la Bosnie, où la situation a été la plus tragique, les détenus ont été soumis à de mauvais traitements physiques et psychologiques généralisés et exposés à des conditions inhumaines visant à leur élimination.
M. Goldstone considère également MM. Karadzic et Mladic comme responsables de la prise en otage de 284 membres du personnel de l’ONU en juin dernier et de leur utilisation comme boucliers humains, pour éviter de nouvelles frappes aériennes de l’Otan.
Enfin, les deux leaders serbes sont accusés d’être impliqués par leurs actes ou leur non-intervention dans la campagne de tirs embusqués à Sarajevo, qui a coûté la vie à un nombre élevé de civils, parmi lesquels des femmes, des enfants et des vieillards.
Outre MM. Karadzic et Mladic, le procureur du TPI a mis en accusation 22 autres personnes, parmi lesquelles le président de la république autoproclamée des Serbes de Krajina, Milan Martic, pour sa responsabilité dans les bombardements de Zagreb, le 2 mai dernier.
Les 21 autres personnes mises en accusation, tous des Serbes de Bosnie, sont responsables, à des échelons inférieurs, de crimes contre l’humanité, de violations des lois de la guerre et de violations graves des conventions de Genève de 1949.
Treize d’entre eux sont poursuivis pour des crimes commis entre fin mai et fin août 1992 au camp de Keraterm. La plupart des 22 personnes mises en accusation jusqu’ici par le TPI l’avaient été pour des crimes commis dans le camp d’Omarska.
Ces nouvelles mises en accusation portent à 46 le nombre total de personnes contre qui le TPI a engagé des procédures. Jusqu’ici, la justice de l’ONU ne détient toutefois qu’un seul d’entre eux, Dusan Tadic, un Serbe de Bosnie dont le procès est attendu pour octobre. (AFP.)