« Nos partenaires veulent conserver l’avantage commercial qu’ils
ont sur nous du fait de leur retard en matière sociale. Notre politique
doit continuer à consister, coûte que coûte, à ne pas construire
l’Europe dans la régression au détriment de la classe ouvrière et, par
contrecoup, au détriment des autres classes sociales qui vivent du
pouvoir d’achat ouvrier. La thèse française, à laquelle nous devons nous
tenir très fermement, c’est l’égalisation des charges et la
généralisation rapide des avantages sociaux à l’intérieur de tous les
pays du marché commun. "L’unification, la péréquation des charges doit se
faire, elle doit être générale et elle doit toujours se faire par le
haut. D’ailleurs, on peut se poser une question : la tendance à
l’uniformisation n’implique-t-elle pas que les pays les plus avancés
vont se voir interdire, au moins momentanément, de nouveaux progrès
sociaux ? (...)
« Il est prévu que le Marché commun comporte la libre circulation
des capitaux. Or, si l’harmonisation des conditions concurrentielles
n’est pas réalisée et si, comme actuellement, il est plus avantageux
d’installer une usine ou de monter une fabrication donnée dans d’autres
pays, cette liberté de circulation des capitaux conduira à un exode des
capitaux français. Il en résultera une diminution des investissements
productifs, des pertes de potentiel français et un chômage accru. (...)"
Discours au Palais Bourbon (1957) sur les risques du Marché Commun