Bonjour Wesson,
Cette reconnaissance pose probléme :
1- Une « reconnaissance » par l’Etat n’en fait une vérité.
Des travaux réellement documentés font apparaitre de sérieuses divergences avec la version « officielle » de Einaudi, qui soit dit en passant a une perception des choses à géométrie variable ( voir par exemple sa « minimisation » à outrance du Génocide Cambodgien, son admiration pour les dictateurs communistes,etc...)
« Dans les deux premiers chapitres de son livre Charonne. Lumières sur une tragédie, publié en 2003, Jean-Paul Brunet revient sur les manifestations du 17 octobre. Il consacre tout particulièrement le premier chapitre intitulé 17 octobre 1961, la construction d’une légende à démontrer les inexactitudes des allégations de Jean-Luc Einaudi. Sans sous-estimer la violence de la répression policière, il affirme que la version exagérément démesurée du massacre général soutenu par Jean-Luc Einaudi est un « mythe forgé pour les besoin d’une cause militante bien incertaine »note 21,
99. Dans Paris 1961, les Algériens, la terreur d’État et la mémoire publié en 2006 et traduit en 2008, Jim House et Neil MacMaster notent que « la question controversée de l’échelle de la répression de 1961, de plus en plus politisée, devient un élément essentiel des enjeux mémoriels de la guerre d’Algérie »129. Sarah Howard, une autre historiennebritannique, critique leur partialité envers Jean-Paul Brunet notamment concernant le nombre de victimes135. »
2-Hollande ne « reconnait » pas les évenements, mais la « responsabilité » de la France.
Hors la responsabilité des évenements et des brutalités revient d’abord au FLN qui a poussé à cette manifestation interdite ; il l’a fait alors qu’il avait fait assassiner auparavant une cinquantaine de policiers et des centaines de musulmans pro-français ; les manifestants ont bravé une interdiction sachant que les réactions en face seraient forcément violentes ; ils savaient que le FLN ne s’était fait connaitre que par le crime et l’assassinat , que le concept de manif « pacifique » était tout simplement un leurre à l’époque, un piége....
Pour illustrer mon propos : des violences policiéres il y a eu aussi en fevrier 34 où des factieux d’extréme droite ont eux aussi manifesté. Il n’y a pas plus de raison de « reconnaitre » le 17/10/61 que le 16/02/1934.
3- Cette « reconnaissance » a aussi une dimension politique et électorale (entre autres capter les 93% de votes musulmans qui optent déja pour la gauche).
A la limite pourquoi pas ? On n’est plus à ça prés...Le probléme c’est qu’en ne « reconnaissant » QUE le 17/10/61 et en continuant de s’essuyer les pieds sur d’autres victimes, on continue une guerre et on en déclenche à terme une autre.
Le massacre de la rue d’Isly par exemple (massacre avéré, filmé, mais jamais « reconnu » ) devient de ce fait , une simple execution de rénegats (comme les victimes de fevrier 34).
4- Dernier point : je suis d’accord avec l’auteur. Nous n’avons ni à nous excuser ni à « reconnaitre » des fautes qui ne sont pas les nôtres.
5-Le seul cas où une telle reconnaissance aurait pu avoir une fonction « utile » , ’aurait été
de concevoir une mise en perspective de la guerre d’Algerie : « reconnaitre » le 17/10/61 ET la rue d’Isly ET Melouza ...Montrer aux descendants de franco-algeriens que leurs parent avaient pu être victimes de la police et du FLN, des Pieds Noirs et de l’armée, Mais que des Pieds Noirs avaient pu aussi être amis des Algériens, avoir été victimes de la police et de l’armée...Compliqué...D’autant que dans la doxa actuelle le monde est divisé en « forts » (qui ont forcément tort même si leurs enfants sont égorgés comme à l’abatoir) et les « faibles » (qui ont forcément raison même s’ils égorgent les enfants des autres).
En clair, le mieux c’est de ne rien faire. Et attendre que l’Histoire passe...