"Toutefois, le courant libéral ne s’est pas arrêté au transfert de
souveraineté du roi au peuple. L’air grisant de la liberté s’est abattu
sur tous les aspects de la société. Et très vite on a rapproché
individualisme et libéralisme. D’abord afin de garantir les libertés
individuelles tel que la liberté de culte, d’expression, de circulation…
Ensuite, afin de garantir la liberté économique, le droit
d’entreprendre et surtout le droit de s’enrichir. Et insidieusement, par
l’avènement du capitalisme on a associé à l’idéal de démocratie et de
libéralisme, l’individualisme.«
Le libéralisme procède d’un individualisme méthodologique, dans ses fondements. Ce n’est pas le fruit d’une contamination insidieuse et tardive. Mais dire que l’Etat ne peut pas être le gardien de la morale et de la culture ne veut pas dire qu’il faut jeter toute morale individuelle à la poubelle et prendre par défaut la non-morale de l’argent roi.
C’est le socialisme national, en voulant institutionnaliser la morale égalitariste, qui déshumanise les personnes en leur imposant d’être solidaire, non plus avec leur voisin, mais avec la nation dans son ensemble, personnifiée dans la figure de l’Etat. Dans la perspective libérale, l’Etat ne peut jamais être qu’un outil.
D’ailleurs, le lien avec la question de la démocratie est ici évident. La constitution de la démocratie originelle, à Athènes, se nommait la constitution des athéniens, et pas la constitution d’Athènes. Vous avez toute une critique de Bastiat sur la conception française de la République.
Néanmoins, je suis d’accord avec vous quand vous dites ceci : »Sans un sentiment d’appartenance à une communauté qui dépasse notre
intérêt individuel, il n’y a pas de démocratie possible et encore moins
de liberté« à la différence que je dirais qu’il n’y a pas de coalition, donc pas d’Etat possible, et donc pas de liberté.
Les libéraux ont une tendance à mépriser le sentiment national. C’est compréhensible, car il a trop souvent été instrumentalisé pour faire passer tout et n’importe quoi, mais leur réaction est souvent excessive.
La contradiction apparente entre un Etat »culturellement neutre« et la nécessite d’une nation »culturellement unie« se résoud en disant simplement que l’Etat suppose une culture commune pour exister, et donc, ça ne peut pas être le rôle des représentants et de l’administration que d’agir sur celle-ci, qui ne pourra que la dénaturer. C’est historiquement parfaitement vérifiable.
Une nation, en vrai, c’est une mémoire collective qui s’auto entretient en facilitant les relations interpersonnelles par l’évocation de ses divers éléments. Ce ne peut pas être à une entité supérieure désincarnée d’entretenir cette mémoire »mécaniquement". Ca n’a aucun sen.