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Commentaire de L’immigré

sur Vers une destruction d'emplois dans l'informatique ?


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L’immigré 23 octobre 2012 10:56

Bonjour,

Tout d’abord, remercions l’auteur d’avoir écrit un article sur les technologies. J’aurais aimé voir davantage d’articles de ce type sur ce forum. Il se peut que je sorte un peu du sujet, mais, c’est juste pour être complémentaire à l’article.

Ensuite, même si, je vous l’accorde, le sujet reste le cas français, un regard plus international aurait été plus judicieux puisque chacun sait que l’informatique est présente dans presque toutes les strates de la société humaine (même dans certains villages où la stabilité de l’électricité, quand il y en a, ferait sauter un onduleur, on parle de l’informatique et de ses bienfaits). Célérité, productivité et économie justifient largement l’informatisation des organisations qui souhaitent pérenniser leur maintien sur des marchés hautement concurrentiels.
D’une part, l’approche française est très insuffisante pour expliquer le problème puisque dans d’autres pays, les compétences dans le domaine informatique sont rares par rapport aux besoins en termes de solutions informatiques. Donc, globalement, le risque de destruction des emplois est faible. De plus, tout dépend de la formation suivie : par exemple, un ingénieur en informatique de gestion risque effectivement d’avoir des difficultés à trouver un emploi tandis qu’une personne bilingue formée aux métiers du Web aura l’embarras du choix (les pays recherchant de telles compétences ne manquent pas).
D’autre part, l’essor de l’informatique (disponibilité du hardware, des solutions logicielles et de l’audit en termes de coûts et de variété) sert les intérêts des structures de pointe (notamment, les SSII et autres freelancers) dans la mesure où celles-ci sont constamment sollicitées pour apporter des solutions en termes de maintenance et de restructuration de sociétés souhaitant élargir ses marchés (par exemple, implémentation de solutions de e-commerce et autres Cloud computing). Ajoutons que même les particuliers de plus en plus nombreux et connectés finiront par avoir recours à leurs services : hot-lines, installateurs, dépanneurs... Soulignons en particulier les applications de virtualisation dont les bénéfices en termes d’épanouissement intellectuel et en termes d’économies substantielles ne me paraissent plus à démontrer. Je surnomme ces applications Crash-test Factory ou Machine Tester : plus besoin d’acheter une machine, j’en crée une et j’y teste les performances des applications.
En outre, les centres de formation sont des professionnels qui prêcheront pour leur paroisse : cette attitude est logique, même si elle est discutable. De même, les patrons les plus avisés chercheront à optimiser leur système de recrutement : à compétences égales (technicité, personnalité), l’offre la moins disante l’emporte. S’il le faut le recours à des solutions off-shore est à privilégier : la sous-traitance ne se justifie pas inéluctablement que sous un aspect financier. Il appartient à chacun donc de s’informer sur la réalité du terrain et de se faire sa propre opinion. Hélas, nous ne sommes pas dans un monde de Bisounours où tout nous serait dû.

Puis, concernant la pression des lobbies des logiciels propriétaires, il est préférable de modérer et relativiser ses propos.
1- La restructuration d’une entreprise, en termes de mise en place de solutions de type free software, suppose un coût. Ce coût n’est pas que financier. Il est aussi, au minimum, social, technique et organisationnel. Ne parlons même pas des impacts culturels... Combien de personnes ont vaguement entendu parler du pingouin ?
2- Linux et le monde de la free software ne peuvent rivaliser avec les multinationales du logiciel sur le plan de la promotion de leurs solutions. D’une part, les tenants de la free software n’ont pas obligatoirement du temps à consacrer à toute personne requérant urgemment une solution gratuite et, d’autre part, les multinationales ont bien compris qu’investir dans le monde de l’éducation est gage de pérennité. Exemple d’offre : une multinationale du logiciel formerait gratuitement les enseignants d’une école élémentaire à l’informatique et équiperait d’ordinateurs, à ses frais, les salles d’informatique. Je ne crache pas dans la soupe. Impact stratégique garanti ! Et, le pingouin ? Difficile pour lui de faire face à des requins, voyons !
3- Même les distributions Linux de type Ubuntu nécessitent de mettre la main dans le cambouis. Aujourd’hui, les gens sont paresseux et veulent des choses simples : en un clic, tout devrait baigner dans l’huile (Windows, pour ne pas le citer, est systématiquement pré-installé sur quasiment toutes les machines neuves). Belle mentalité que voilà !
4- Cela pourrait faire sourire, mais, cela fait partie des attributions des multinationales de faire du lobbying. Vous ne le feriez pas vous si vous deviez diriger de grandes structures organisationnelles ? Pourquoi ne pas avoir eu plutôt le courage de s’étaler sur leur méthodologie d’approche ? En tout cas, je fais l’effort de défendre mon bifteck...

Enfin, préconiser l’utilisation du logiciel libre est une excellente idée pour sa vulgarisation. Je suis un peu sceptique quant à cette certitude qui consiste en croire que cela reste seulement un moyen d’abaisser les coûts. Cela est aussi un moyen de se défaire d’autres contraintes : la contrainte juridique, la dépendance technique, etc. Cela crée aussi d’autres contraintes, notamment, la contrainte culturelle : formation, reconversion, réappropriation et autres restructurations.
On oublie beaucoup que l’évolution technologique ne se fait point sans heurts. Ne dit-on pas qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ?

Par ailleurs, l’image de l’informaticien dans le regard du public est souvent erronée : il n’est pas superman et, donc, ne peut résoudre tous les problèmes inhérents à l’informatique. L’informatique est un domaine trop vaste pour être entièrement traité même par un génie de l’informatique. Cela arrive aussi qu’un ingénieur en informatique ne soit pas à sa place et que le bidouilleur du dimanche, tel un hacker ou un geek, soit nettement plus doué que lui. Je suis à peine étonné qu’il existe des informaticiens qui n’ont jamais entendu parler du langage assembleur.
De plus, on ne le martèlera jamais assez, l’informatique n’est qu’un outil comme le fut autrefois le silex. Si déjà on n’a pas compris cela...
En outre, il me semble qu’on s’est interrogé sur l’opportunité de former les jeunes enfants à la programmation informatique. La réponse est clairement oui : cela permet de mieux développer l’esprit critique et analytique et forger un esprit de chercheur. Encore faut-il que l’État ait les moyens en ces temps de rigueur budgétaire...

Quelle (semblant de) conclusion ? Certes, des emplois risquent d’être détruits. Mais, soyons convaincus que d’autres seront créés. Tout est une question de choix : manger ou être mangé. That’s life, old chap !

Bon, je bavarde, mais, j’ai quelques voitures à incendier... heu... je rectifie : j’ai des caisses à cramer. Je ne sais faire que ça. Mon cerveau reptilien a oublié d’évoluer...


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