Vous avez dis Vipère ?
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Sans doute était-elle très belle. La beauté, jusqu’à ce qu’elle s’incarne, est une idée simple, une notion transparente. Définissant la qualité d’un être, son visage, son aura – devenue femme – pour persister dans la mémoire et nourrir l’imaginaire, elle doit s’accompagner d’un scandale, se parer de cruauté ou de quelque autre défaut qui la rende irremplaçable. La perfection des traits s’oublie, non celle d’une blessure.
Fille naturelle du pape Alexandre VI, Lucrèce Borgia portait un nom de venin. Au XVème siècle, dès avant l’avènement des reines sanglantes, surpassant les sorcières ses jumelles en décadence, Lucrèce Borgia séduisit par le poison, défiant le désir érotique par son double inconscient mais victorieux, le désir de mort. Épouse et mère, amante passionnée, incestueuse et meurtrière, elle succomba d’une fièvre à l’âge de trente-neuf ans – brièveté inséparable de la légende - laissant derrière elle son empreinte aiguë, acérée, éclat immortel de l’immoralité. Aujourd’hui, les exégètes et les historiens rassurent les âmes fragiles que la fascination du mal inquiète : la splendide empoisonneuse fut en réalité victime de son époque, de son entourage - des hommes – jamais elle ne commit tant de sacrilèges. Perversion de la rumeur et triomphe de la malveillance. Une victime ? Nous voici rassurés ! Qu’avons-nous à faire d’une femme puissante et affranchie ? En ce qui nous concerne, nous laisserons les savants à leur vérité sanitaire mais morne, et rejoindrons la vile créature fantasmée sur la scène de ses orgies.
Lucrèce Borgia avait quand même un certain génie.