L’erreur est de tomber dans la facilité et de prétendre que le capitalisme est l’ennemi de la démocratie. Capitalisme et démocratie ont les mêmes prémisses : individualisme, matérialisme, égalitarisme.
1. Le premier pousse chacun à se considérer comme un ayant-droit, joint à ses semblables par sa seule volonté.
2. Le deuxième pousse chacun à perdre le sens des valeurs et à devenir ainsi un parfait consommateur.
3. Le troisième, enfin, pousse chacun au ressentiment qu’alimente l’envie consumériste (2.) et le réflexe de la revendication (1.).
Le capitalisme n’a plus, alors, qu’à inciter à l’extrême ses trois tendances démocratiques en s’adressant à chaque être détaché du sort commun, en faisant du moindre sujet un élément monnayable et en entretenant l’envie perpétuelle des administrés.
Le capitalisme a vaincu la noblesse, a contribué à abattre les rois, il ne supporte pas les religions, abhorre les frontières, fait fi des traditions et n’accorde aucun crédit aux jugements de valeur. Il a donc été un vecteur démocratique... jusqu’aux dernières décennies durant lesquelles il a commencé à demander son dû, et à se retourner contre la démocratie en générant de nouvelles hiérarchies, tout aussi iniques que les précédentes, à savoir non fondées sur le sang, mais sur l’argent.
Il n’y a peut-être rien de plus faux que de prétendre que le capitalisme et la démocratie sont incompatibles. Ils ont convolé pendant deux siècles... avant que l’un ne fasse cocue l’autre.