Nous ne sommes pas d’accord sur ce point, Éric. Non seulement je ne considère pas que c’est une erreur d’opposer la démocratie au capitalisme, mais je considère évident que le capitalisme est par construction à l’opposé de ce qui fait une (vraie) démocratie.
Voltaire décrit très bien ce qu’est le capitalisme lorsqu’il affirme : « Un pays bien gouverné est un pays où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourrit par lui et le gouverne ». On ne peut mieux décrire l’oligarchie (le gouvernement du petit nombre).
Le capitalisme repose sur la propriété. La propriété, c’est le fait de s’approprier des terres, mais aussi (surtout) des ressources. Les ressources - produites par la Terre -, n’appartiennent en principe à personnes (ou à tout le monde). Nous devrions déclarer les ressources patrimoine commun de l’humanité tout entière. Mais ce n’est pas ce que fait le capitalisme : il s’approprie les ressources, mais en plus, il s’approprie les outils de transformation et réduit le grand nombre à ne posséder que sa force de travail.
Le capitalisme, fondé sur une économie basée sur la monnaie, fonctionne sur l’avantage différentiel : 1) il n’y en a pas assez pour tout le monde (paradigme de la pénurie) et 2) pour être concurrentiel, il faut que je sois plus puissant que les autres, plus gros, plus riche (logique de « manger ou être mangé »). Il construit (et repose sur) une hiérarchie sociale en exploitant la force de travail du grand nombre. Le capitalisme est intrinsèquement injuste et inégalitaire. On ne peut donc en aucun cas dire que le capitalisme repose sur l’égalité, c’est un non sens.
Ce qui fait une authentique démocratie, c’est une stricte égalité entre tous les acteurs d’une société. Non une égalité de droit, non une égalité génétique (absurde) mais une égalité politique. En d’autres termes, une authentique démocratie repose sur une répartition horizontale des responsabilités et du pouvoir, à l’inverse des autres formes de gouvernement (oligarchies ou monarchies) qui reposent sur une structure hiérarchique (pyramidale, verticale) du pouvoir.
En d’autres termes, une authentique démocratie repose sur les fondements de l’anarchie (anarchie = contraire de hiérarchie, et non « chaos » ou « désordre » comme on le dit trompeusement), c’est-à-dire sur l’égalité entre citoyens. Une démocratie sans anarchie deviendrait inévitablement oligarchique ou tyrannique ; et l’anarchie sans démocratie deviendrait inévitablement anomie (désordre social, apathie qui en résulte, chaos).
Cordialement,
Morpheus