Je dois dire que je serais assez en accord avec vos conclusions quant à l’origine de la fin de l’expérience démocratique athénienne. Mon point n’est certes pas de faire l’éloge de la démocratie athénienne, mais seulement de montrer que ce que les athéniens appellent « démocratie » ne coïncide pas (du tout) avec ce que nos pères (et gouvernants) appellent aujourd’hui « démocratie ».
D’un autre côté, l’expérience démocratique athénienne, si elle n’est pas une panacée, n’en demeure pas moins un germe très intéressant et très instructif de ce que pourraient être nos futures mécanismes de gouvernance, si tant est que nous désirions véritablement établir une société terrestre (nous devons aujourd’hui penser en terme de planète, et cela, croyez-le, n’occulte ni n’efface en rien, dans mon chef, l’importance de l’attachement à la nation - j’ai aussi lu l’éloge des frontières et j’en partage un certain nombre d’idées).
Deux cent ans, cela semble court au regard de l’histoire, c’est pourtant à peu de chose près la durée de notre propre expérience des gouvernement (prétendument) représentatifs, présentés trompeusement comme des démocraties (j’affirme, en ce qui me concerne, que c’est bien une tromperie). Nous pouvons donc faire le bilan (positif et négatif) des deux périodes, et juger de ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans l’un comme dans l’autre des deux régimes politiques.
D’autre part, comme je l’ai dis, je serais assez d’accord avec votre conclusion - globalement (peut-être pas dans tous ses attendus particuliers, ou j’aurais une approche sans doute différente, du moins je l’imagine), et cela justement parce que pour démocratique qu’elle fut, Athènes était un système reposant sur une économie fondée sur la monnaie, donc sur l’avantage différentiel, s’exprimant notamment dans des politiques de conquêtes militaires qui ont exacerbé, très certainement, l’ubris des Athéniens.
La question à se poser, il me semble, est de savoir si l’échec de l’expérience démocratique athénienne est dut au fait qu’ils aient gouverné selon des principes démocratiques, où que ces principes démocratiques se soient appliqués à une économie fondée sur la monnaie (gestion de la pénurie, recherche d’avantages différentiels).
J’écarte d’emblée la question de la sempiternelle « nature humaine » à laquelle je ne crois plus du tout (je considère qu’il n’y a pas - au sens où on l’entend habituellement - de « nature humaine », mais bien une relation étroite entre les êtres humains et les conditions de l’environnement socioculturel dans lequel ils évoluent depuis tout petit, qui explique leurs comportements - ce principe reposant sur ce qui, selon moi, définirait le mieux, non pas la « nature humaine », mais une caractéristique commune de l’espèce, à savoir la faculté d’adaptation, qui est d’ailleurs commune à d’autres espèces, et répond aux conclusions formulées par Charles Darwin).
Partant, il serait tout-à-fait envisageable de formuler des procédures de gouvernance fondée d’une part sur une recherche d’égalité (au sens POLITIQUE du terme, j’insiste, car je n’ai jamais soutenu que les êtres humains étaient voués à une égalité « de nature » - je crois que nous sommes d’ailleurs en accord sur ce point) entre tous les citoyens par le truchement de procédures démocratiques inspirées du germe athénien (du germe et non du modèle, entendons-nous bien), et d’autre part sur une économie qui renoue avec la réalité physique et biologique, à savoir une économie fondée sur les ressources et dont le paradigme reposerait (nécessairement) sur le partage équitable de celles-ci. Les points essentiels de cette formule étant :
- gouvernance par le grand nombre (démocratie)
- égalité politique fondée sur des principes d’anarchie (c-a-d contraire aux principes de hiérarchie)
- partage équitable des ressources (en opposition à l’échange mercantile de ressources)
- gestion raisonnée et raisonnable des ressources en respectant les rythmes naturels
Ce sont actuellement les pistes les plus sensées qui m’apparaissent possibles, et auxquelles j’ai tendance à souscrire (sans pour autant fermer la porte à d’autres possibilités).
Cordialement,
Morpheus
(PS : j’apprécie cet échange mutuellement respectueux, je tenais à le souligner)
09/02 11:30 - citoyenrené
bonjour Morpheus, j’imagine que vous avez dû suivre avec intérêt ou joie la rencontre (...)
04/11 20:25 - machiavel1983
Légiférer c’ est voter des lois . La majorité et l’ opposition peuvent en débattre (...)
04/11 20:07 - Éric Guéguen
@ Machiavel1983 : Tout dépend de se que vous appelez alors « légiférer » : si c’est (...)
04/11 20:06 - machiavel1983
@Morphéus Je ne comprends pas très bien . Ces programmes seraient négocié avant ou après les (...)
04/11 19:52 - Morpheus
Ne pourrions-nous pas imaginer que les candidats (et les partis) ne puissent proposer QUE des (...)
04/11 18:40 - machiavel1983
@Eric Gueguen - C’est très simple, Machiavel : en instituant un mandat impératif, (...)
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