C’était souvent la première chose qu’un soviétique rackettait à l’ennemi. Posséder une montre à cette époque pour un russe était ... un rêve quasi inaccessible. Tout le monde connait la fameuse photo des soldats plantant le drapeau soviétique sur le Reichtag, photo qu’on s’empressa de rectifier quand on s’aperçut que l’un des hommes portait une montre à chaque poignet. 
Il n’était pas rare qu’ils se les volent parfois entre-eux, pendant leur sommeil.
Aron Gabor (Le Cri de la Taïga) raconte un périple d’une ville à l’autre en Hongrie avec deux compagnons, alors que les Russes sont arrivés. A chaque rencontre avec un ou des soldats russes, ils sont tour à tour dépouillés qui de son pantalon, qui de son manteau, qui de ses bottes, qu’ils doivent échanger contre des frusques aléatoires, et puis requinqués une heure après par d’autres soldats, souvent des officiers qui prenaient pitié de leur tenue loufoque. Le récit est très drôle, même si la situation est parfois tendue.
Moins anecdotique, je me souviens du témoignage d’un vétéran de la Grande Guerre Patriotique se remémorant sa traversée des campagnes allemandes lors de l’avancée sur Berlin. Lui et ses compagnons étaient totalement ahuris devant le confort, la « richesse » d’un paysan allemand, parfois toute relative, mais combien étonnante pour un soviétique des années 40. Et en découvrant tout ce que possédait le plus simple des fermiers allemands, leur première réflexion fut : mais pourquoi ce peuple qui vit si bien a voulu la guerre puisqu’il a tout ? Aux yeux d’un simple moujik, le fait de posséder deux pantalons semblait être le comble de la richesse. Alors quand il voyait une horloge trôner dans la pièce de chaque paysan allemand ! Ce confort dont disposait toute famille allemande...