Bien le bonjour Morpheus.
Je crois pouvoir dire plus précisément en quoi je pense que vous faites fausse route. Et je crois que la quasi-totalité des gens désireux de changer de république font fausse route. Ils sont tous animés d’intentions louables, mais ils se trompent (enfin ce n’est que mon point de vue…).
Voici (en plusieurs messages, afin de vous permettre de répondre quand vous le souhaitez) :
1.
Micnet vous a interpellé au sujet de la notion d’égalité, et je crois que c’est bien là que réside le nœud du problème. Je pense que ce que nous vivons actuellement est tout à fait inédit, car paradoxal. Tocqueville disait, à cet égard, quelque chose d’incroyablement profond : à mesure que les conditions s’égalisent, la moindre inégalité se fait sentir de manière exponentielle (en substance, je précise que ce sont mes mots mais en me replongeant dans son œuvre, je pourrai vous retrouver la citation exacte). Et je pense qu’il a raison, même si c’est difficile à appréhender. Je veux dire par là qu’il est injuste à mes yeux de dire que les inégalités se creusent au regard des décennies qui s’écoulent. Comparez la France actuelle et la France en 2012. Les éléments de confort se sont indéniablement « invités » dans les foyers les plus modestes. Je sais que je parais cynique, même odieux en disant cela, mais le simple fait qu’un rmiste (ou l’équivalent) projette de changer de téléviseur pour des motifs esthétiques (et j’en connais, nous en connaissons tous) est en soi objet de réflexion. Une massification s’est opérée entre-temps, qui a été obtenue au prix de luttes menées surtout à gauche. Nous avons fait d’un certain nombre d’articles des éléments essentiels dans notre vie de tous les jours. Toutes et tous consentons chaque jour à cet état de fait, bien souvent sans en mesurer les inconvénients. Or, cette éternelle surenchère nourrit l’envie, et l’envie, c’est le moteur du capitalisme. Si les gens cessent de consommer, le capitaliste n’a plus sa raison d’être. C’est la raison pour laquelle il me paraît biaisé de voir en le capitaliste quelqu’un désireux de plonger la masse dans la misère. Misère intellectuelle oui – car quand il réfléchit, l’individu ne consomme pas – mais misère matérielle, non. Le capitaliste veut que chacun consomme, que chacun ait des envies, que chacun consomme aujourd’hui ce dont il avait envie hier, et qu’il ait envie demain de consommer autrement qu’aujourd’hui. Et pour ce fait, il faut inévitablement que certains se sentent lésés au vu de l’écart entre leurs envies et ce qu’il est possible de consommer. Je vais être dur : là intervient le socialiste. Ce dernier, en militant façon Sisyphe pour que les envies des plus démunis soient exaucées, devient finalement l’idiot utile du capitalisme.
Je veux dire par là que l’inégalité matérielle est consubstantielle à notre civilisation, et que le principe même d’égalité est quelque chose de tout à fait relatif. Il ne peut donc constituer la fin commune. Quant à l’égalité intellectuelle, c’est une chimère. J’en viens maintenant à l’égalité politique…