Cet assassinat fut un acte absolument irresponsable. Le peuple congolais ne s’en est jamais remis, et on se demande d’ailleurs comment il pourrait s’en remettre dans un avenir prévisible. Aujourd’hui, le Congo a une classe politique sans doute parmi les plus « bêtes » du monde. Pire, le pays ne dispose pas de structures permettant de produire des élites politiques comme sciences-po, Cambridge, Harvard,... ni d’organisations politiques assez structurés pour permettre le germe d’une conscience visionnaire. Tout le monde se morfond dans la corruption, la quête d’un enrichissement personnel, l’ascension immédiate,... Le 17 janvier 1961, les Belges n’ont pas seulement tué un homme, ils ont tué tout un peuple. Car, dans l’histoire de chaque nation, il y a des personnages particuliers et irremplaçables comme Lumumba, que je qualifie d’<homme-clé> ou <homme-passerelle>. Il ne faut surtout pas les tuer à ce moment-là. Pensez à ce qui serait arrivé au peuple américain si les Anglais avaient réussi à tuer les pères fondateurs comme George Washington et Benjamin Franklin. Pensez à ce que serait la Chine si Mao-Tsé-Tung avait été assassiné à cette époque où la Chine avait tellement besoin de lui. Pensez à ce que serait l’Afrique du Sud si les Boers avaient décidé d’assassiner Nelson Mandela. A l’inde si les Britanniques avaient éliminé Gandhi. A la France si les Nazis avait réussi à attenter à la vie du Général de Gaulle... Il y a ainsi des hommes dont la mort entraîne l’effondrement des aspirations de toute une nation et, avec elles, la ruine complète de sa dignité.