Bonsoir à vous Morpheus (et aux autres)
Bigre ! Que d’échanges depuis aujourd’hui ! Je rejoins la remarque d’ Eric Guéguen ; votre article aura permis des échanges sur la politique au sens large. Echanges que le citoyen lambda n’entend, pour ainsi dire, jamais. J’espère que cela vous encouragera à écrire d’autres articles du même acabit

Sinon j’avoue humblement que je ne connaissais pas Octave Mirbeau (même pas de nom). Merci pour la référence.
Je vais maintenant revenir sur certaines remarques dans la dernière réponse que vous m’avez adressée :
1 - Le désintérêt du peuple et de la plupart des élus pour la chose publique
Concernant l’élection de nos représentants, vous dites la chose suivante :
« Ce faisant, il s’ensuit logiquement que nous acceptons et que nous admettons l’idée que nous-même, le peuple, soyons inférieur à ces élus. Nous ne serions donc pas capable, pas compétent et pas intègre. A tout le moins, nous le serions moins »
Vous utilisez les termes ’inférieur’, ’compétent’ et ’intègre’ qui n’ont pas, selon moi, de rapport entre eux. Je m’explique et cela me permettra de préciser ma vision des choses :
a) Compétence : j’estime en effet que nos représentants doivent être choisis ou (pour employer un terme que vous allez peut-être jugé à connotation trop libérale)
’selectionnés’ parmi les meilleurs. Car en effet, tout le monde n’a pas les compétences pour gérer la ’Cité’. Si vous admettez que peu de gens ont les compétences (ou les dons) pour être Einstein, Bach ou Mozart, pourquoi en serait-il autrement pour admettre aussi que peu de monde puissent être de grands dirigeants ? Voyez-vous, c’est vraiment cela qui me gêne dans le principe du tirage au sort. c’est ce postulat de départ qui prétend que tout le monde vaut tout le monde. Et notez bien que je ne fais pas là d’amalgame avec ce que vous dénoncez (à juste titre selon moi) des dérives oligarchiques, et surtout ’ploutocratiques’. Je parle bien de compétences en tant que capacités propres liées à l’individu et non à la classe sociale à laquelle il appartient.
b) inférieur : vous dites que l’élection de représentants tend à faire accepter l’idée au bon peuple qu’il se sentirait inférieur à ceux-ci. Sauf que pour moi, la notion de ’supérieur’ et ’d’inférieur’ n’a aucun sens et pour vous le montrer, j’en reviens à ma métaphore du corps humain. Pouvez-vous affirmer qu’une cellule du foie soit ’supérieure’ à une cellule pulmonaire ? Vous allez me répondre que ce genre de comparaison n’a pas lieu d’être.
De même, pour reprendre l’exemple d’ Eric ; ce n’est pas parce que vous courez moins vite qu’ Usain Bolt que vous allez vous considérer comme ’inférieur’ à lui au sens large.
Bolt a tout simplement un don que peu de monde sur terre possède.
c) intègre : Là en revanche, je ne comprends pas en quoi l’intégrité des uns ou des autres jouerait un quelconque rôle. Contrairement à la compétence qui est une valeur relative, l’intégrité, elle, se juge en valeur absolue : on est intègre ou on ne l’est pas. Que l’on soit dirigeant ou simple citoyen, c’est du pareil au même.
2 - La figure de l’homme providentiel/paternel
Vous dites « cette quête, consciente et/ou inconsciente de la personne providentielle, est le prolongement, à l’âge adulte, de notre réflexe infantile de trouver dans la personne de nos parents la réponse adéquate à tous nos problèmes. »
De vous à moi Morphéus, estimez-vous sérieusement que depuis une quarantaine d’années, c’est l’autoritarisme lié à la figure paternelle qui règne dans notre société ? Ne pensez-vous pas que c’est EXACTEMENT le contraire qui s’est produit ? Prenons un cas concret : mai 68 en France avec à sa tête un certain Dany Cohn-Bendit catalogué comme ’anarcho-libertaire’ et qui, à son époque, voulait lui aussi révolutionner la société. Résultat : il a effectivement ’tué’ la figure du père (De Gaulle en l’ occurrence). Conséquences 40 ans plus tard : une société bien plus inégalitaire qu’elle ne l’a jamais été dans le cadre d’une mondialisation effrénée avec à la clé la plus grave crise économique depuis un siècle. Et ce cher Dany, où se trouve-t-il à présent ? Du côté du peuple ou de l’oligarchie (ploutocratie) mondialiste ?
Alors ensuite vous parlez d’immaturité dans la recherche de cette figure paternelle et là aussi je pense tout le contraire. Je pense que l’immaturité, à l’instar de mai 68 mené par des étudiants attardés qui, au départ n’avaient pas de revendications ’sociales’ mais uniquement ’sociétales’ est plutôt à rechercher vers ceux qui, comme notre cher Dany (qui n’a toujours pas grandi depuis), rejettent toute forme d’autorité comme des gamins capricieux ! Question de point de vue

3 - Le risque lié à la démagogie du/des représentant(s)
Vous dites : « Le candidat peut croire à ce qu’il dit, et peut se comporter de manière séduisante en exprimant sa nature, mais il se peut aussi qu’il triche. Un bon flatteur doté d’un minimum de qualités de comédien peut faire illusion, et le peuple n’y verra, dans l’ensemble, que du feu. »
Vous partez donc du principe que chaque ’candidat’ doit nécessairement jouer la comédie puisqu’il doit obtenir in fine la faveur du plus grand ’nombre’ s’il veut être élu (Je note au passage une convergence de vue avec Eric Guéguen sur la problématique liée au plus grand nombre). C’est bien entendu une évidence qu’il y a une part de théâtre en politique et je dirais même que c’est en quelque sorte sa ’vocation’. Puisque vous avez lu Hansen, vous avez donc noté qu’ à l’époque de Clisthène et Périclès (entre autres), brillants dirigeants au sein de la démocratie athénienne, ils étaient aussi de brillants orateurs ! La politique a toujours été un art rhétorique ! Sauf qu’aujourd’hui, époque moderne oblige, la rhétorique est connotée péjorativement. J’ajoute (avis personnel j’en conviens) qu’un BON rhétoricien est souvent quelqu’un de sincère. J’en veux pour preuve la langue de bois usitée aujourd’hui par la quasi-totalité de tous nos politiciens qui contribuent au désintérêt de la ’chose publique’ dont je parlais.
Dernière remarque ; vous dites que confronté à un bon comédien, le bon peuple n’y verrait que du feu. Vous partez donc du principe que le peuple serait automatiquement un peu ’couillon’ sur les bords ?

. Plus sérieusement, je crois tout au contraire que le peuple, dans ce que j’appelle son ’inconscient collectif’ est beaucoup plus avisé que la plupart de nos dirigeants actuels.
Voilà, j’ai été long moi aussi mais avouez que c’est un peu de votre faute Morphéus : le sujet est passionnant :)
Bonne soirée et au plaisir
Micnet