En effet la notion d’antisémitisme se rattache historiquement à l’antipathie ou à la détestation des « Juifs », au sens qu’ils se sentent appartenir à un même peuple, homogène, ce que l’on peut légitimement assimiler à du tribalisme ou de l’etho-tribalisme ; et non à la critique, fusse-t-elle radicale, qui concerne le judaïsme (et que l’on peut donc rapporter à de l’anti-judaïsme), auquel appartiennent cette fois les « juifs », au sens de communauté de croyants ayant réalisé une profession de foi déterminée.
Mais là est le point d’achoppement : du point de vue d’un non-juif, cette dichotomie n’a pas lieu d’être puisque précisément l’une et l’autre de ces notions d’appartenance identitaire sont confondues par le fait même que les instances religieuses juives n’ont pas seule légitimité de définir qui appartient au peuple des Juifs (et non des juifs), au nom, ce qui est incontestable, d’une matrilinéarité elle-même d’essence toute religieuse.
Puisque justement les non-juifs, a fortiori les non-croyants, étant extérieurs à cette réalité philosophique et pratique, non logiquement pas – eux – à se soumettre à ce diktat imposé par le dogme et l’orthodoxie religieux juif, au même titre qu’ils se refusent à prétendre la Genèse comme l’horizon indépassable de nos connaissances actuelles, historiques et anthropologiques.
Ainsi donc, par déclinaisons successives, un non-juif conséquent (en cela qu’il est conscient de ce fait cohérent), ne peut définitivement être catalogué ou suspecté d’antisémitisme, puisque ce concept fait explicitement référence à un corpus religieux auquel lui-même n’est aucunement soumis. C’est le point central de la présente démonstration.
Ce qui ne veut pas dire pour autant, et déjà pour celui-là, que la judéité ne soit ni artificielle ni irréelle, puisqu’en réalité est juif celui qui ne peut être que de confession juive (en tant qu’ayant fait profession de foi, et uniquement cela), et ne peut recouvrir en toute logique que cette caractéristique irréductible. En revanche, celles qu’en font les instances religieuses juives, et par voie de conséquence l’État d’Israël, sur la base d’une définition strictement biblique, n’ont certainement pas lieu d’être reprise pour les non-juifs.
Ainsi donc, pour ces derniers, juif athée = oxymore. Comme de pareil, le problème que pose la dualité intrinsèque au mot juif (avec et sans majuscule) est dissout, pour ne laisser place qu’à ce second terme et par voie de conséquence, cette seconde définition.
Or selon celle-ci, par un renversement de paradigme étonnant, les non-juifs ne peuvent plus être accusés ou suspectés d’être antisémites (seulement et éventuellement « judéophobe », ce qui n’est pas la même chose vous en conviendriez, et explicitement autorisé par nos corpus tant législatif que constitutionnel), et en miroir de ce postulat seuls les juifs le peuvent, puisque seuls ceux-ci sont soumis à cette (première) définition contraignante.
On peut en conclure que c’est avant toute chose et essentiellement le dogme religieux juif, et concomitamment l’orthodoxie religieuse juive, qui ont racialisé la religion éponyme.
Il est tragi-comique de faire porter les conséquences philosophiques (antijudaïsme) et pratiques (judéophobie) inéluctables de ces positionnement et acceptation de sens idéologique à ceux qui n’ont strictement rien demandé, et qui ne font qu’acter en définitive une réalité de fait qui s’impose à eux, ou qui très souvent leur est imposée par les mêmes qui s’en offusquent a posteriori !
La mystification et la sophistique sont à leur comble…