Ah oui, mes excuses j’avais oublié une partie de citation :
"Qu’est-ce qui peut y avoir chez l’homme non socialisé de si effrayant ou
repoussant que nous ayons convenu d’un modus vivendi de ’moutons’ ?
Probablement le cannibalisme.«
Je pinaille c’est vrai mais il est toujours bien d’apporter des nuances, des précisions, même si je comprends dans le fond ton propos.
En plus, qu’entends-tu par »homme non socialisé ?« (héhé) ça doit être très difficile voir impossible d’en trouver car même les hominidés et les animaux en général sont socialisés !
Pour en revenir à ta théorie, je crois que tout le monde n’est pas effrayé d’être un cannibale ! Le démontre la grande quantité de snuff movies, d’oeuvres cinématographiques et de jeux vidéos qui permettent au spectateur d’accomplir lui même ce cannibalisme primaire, en tuant ou torturant la victime. Ces spectateurs/joueurs disent ensuite que le cerveau fait la différence entre le réel/virtuel mais d’après mon expérience personnelle c’est tout à fait faux ! J’ai regardé il y peu »Funny games« de Michael Haneke, j’étais mal à l’aise et j’ai du faire un effort conscient pour voir la fiction et les personnages et ainsi diminuer le mal-être, ce que le spectateur moyen ne fait pas devant un film gore... Un autre film excellent qui aborde la centralité de l’usage de la victime dans la société humaine est »Srpski Film« . Ou »les 120 jours de Sodome« de Pasolini, n’est-ce pas ?
C’est pour cela que j’aime la vision Girardienne du sacrifice, bien que le vénérable anthropologue qui siège désormais à l’Académie française n’accorde pas une permanence de ce mécanisme de gestion de la violence dans les sociétés modernes. Or selon moi il est même omniprésent ! Dans les exemples de »sacrifice virtuel« cités plus haut, dans les nouvelles de crimes, de guerres et d’attentats que l’on consomme tous les jours ! Si ça continue dans ce sens, on va vers une décomplexion des rapports bourreau/victime, puisque la raison économique primera sur tout droit humain.
Et de cela, de ce sadisme essentiellement nécessaire, »Orwell" ou Huxley en parlent peu. C’est un peu comme ce que Girard énonce, à savoir que les écrivains ont de l’avance sur les anthropologues et les psychanalystes pour ce qui touche à l’humain. Maintenant ce sont les cinéastes qui ont de l’avance sur les écrivains !