@ ZEN
Merci pour votre lien que j’ai trouvé fort intéressant. J’en ai extrait ce passage du livre de Benjamin Barber qui parle du plagiat. Ce
genre d’avertissement devrait nous rendre soucieux de ne pas donner trop d’importance
aux « mémoires » et « soutenances de mémoires » dans les
cursus par rapport à d’autres types de contrôles de connaissances. Il y a tant
d’autres façons de procéder.
Voici l’extrait :
« Les étudiants aussi jugent plus facile et entièrement
défendable de tricher aux examens et de copier leur mémoire de fin de
trimestre. « Sur la plupart des campus, 70 % des étudiants admettent avoir déjà
triché. » Le problème, avec le plagiat, n’est plus sa fréquence, ni la
multitude des sites Internet qui mettent en vente des devoirs, c’est que
beaucoup ne voient plus ce qu’il y a de mal à ça. Parmi les dizaines de sites
Internet qui proposent des dissertations, mémoires, thèses et... « thèses de
doctorat » entièrement rédigés et « prêts à rendre », on trouve l’entreprise
Best Custom Term Papers, dont la publicité sur Internet affiche un en-tête
remarquable : « Mémoires de fin de trimestre personnalisés, 100 % sans plagiat
». Par cette formule, la société veut sans doute dire qu’elle-même n’a pas
copié son texte ailleurs, pour que l’étudiant qui l’achète soit certain qu’il
n’y a dans cette affaire qu’un seul plagiaire !
Avec des producteurs décidés à justifier le vol intellectuel commis par leurs
clients, et des écrivains et chercheurs adultes en pleine confusion sur le sens
de la propriété intellectuelle (notamment en ces temps de critique littéraire
postmoderne, ou` les textes sont des produits censés appartenir à ceux qui les
consomment autant qu’à ceux qui les produisent), il n’est pas surprenant que
les étudiants s’abandonnent si facilement au plagiat – péché si véniel au
regard des normes laxistes sur le vol qu’il ne se qualifie même pas pour un
pardon. Après tout, emprunter du texte à d’autres universitaires et oublier de
renvoyer à leurs travaux n’a pas nui sensiblement à la réputation de plusieurs
historiens reconnus. Et la fabrication de faits et d’expériences dans les
Mémoires de James Frey sur la drogue et la prison n’a pas eu d’impact majeur
sur les ventes de son livre Mille morceaux, du moins jusqu’au jour où Frey a
reçu un savon télévisé dévastateur de la célèbre « critique » Oprah (qui,
lorsque la tricherie de Frey avait été révélée, l’avait d’abord soutenu). Des
journalistes du New Republic et du New York Times ont acquis une grande
renommée grâce à des articles d’« information » entièrement fabriqués, qui leur
ont coûté, semble-t-il, plus de (vains) efforts pour ne pas se faire prendre
que pour créer leurs distrayantes fictions. » [Extrait du livre de
Benjamin Barber Comment le capitalisme nous
infantilise (2007), relevé dans un article
de Marianne]