Le suis médecin généraliste et je fais un bref passage pour dire combien cette polémique me met mal à l’aise. Je gagne comme la moyenne des confrères de ma spécialité, et j’estime ne pas avoir à me plaindre.
Quand on gagne comme moi plus de 4 fois le salaire minimum, 2 fois le revenu médian, dans un pays où le taux de pauvreté atteint 14% de la population, on n’a pas le droit de se plaindre de ce qu’on gagne. On peut se plaindre de la manière dont on le gagne, de la charge de travail excessive, des contraintes administratives, de l’isolement professionnel, des responsabilités qui s’aggravent, etc. tous sujets pertinents et intéressants, mais pas du montant.
Or ceux qui manifestent actuellement gagnent encore plus que cela ou, futurs spécialistes probablement à honoraires libres, se destinent à gagner plus que cela.
Ils ont fait 12 ou 15 ans d’études et alors ? Ces études sont en France gratuites ou quasiment, et même rémunérées à partir de la 4ème année de médecine, certes pas beaucoup, mais c’est mieux que rien. Dans beaucoup de pays que ces gens citent en modèles, il devraient payer de 10 à 40000 euros l’année d’université pour avoir leur diplôme, et même en France, dans certaines branches, c’est ce que doivent payer des étudiants pour avoir une formation de qualité.
Il se plaignent d’un accord que moi j’estime excessivement tolérant : sous prétexte de contrôler les dépassements, on les normalise et on les autorise jusqu’à hauteur de 2,5 fois le tarif remboursé. Au passage, rappelons que les clients de ces médecins sont solvabilisés par la sécurité sociale, et les complémentaires qu’ils critiquent tant, donc par la solidarité nationale, par nos cotisations à tous (ce qui les différencie nettement du plombier qui lui, n’est pas remboursé et limite considérablement le risque : cet exercice n’a rien de libéral en fait). Au passage, l’accord prévoit une prise en charge partielle de leurs cotisations sociales : le beurre, l’argent du beurre, et la crémière en plus...
Il faudrait un peu plus de pudeur dans tout cela.