Je vous rejoint sur ce point : il parait effectivement très difficile de se passer complètement de représentation politique dans des pays de plusieurs millions d’habitants. Mais ne vous méprenez pas : la démocratie est tout à fait compatible avec la désignation de représentants politiques. Il faut simplement qu’ils n’aient pas tout le pouvoir, qu’ils soient étroitement surveillés, révocables à tout moment et qu’on puisse les condamner durement si on réalise qu’ils ont trahi l’intérêt général.
Je vais vous donner un exemple, ce sera surement plus clair.
Les démocrates modernes préconisent différentes institutions à installer à toutes les échelles du pouvoir (commune, département, région, nation) :
- Assemblées populaires, accessibles à tous, il suffit de s’y inscrire (premier arrivé, premier servi). Elles tranchent sur des textes de lois et permettent l’isegoria (l’expression libre et sans contrainte de toute opinion).
- Assemblées tirées au sort, composées de magistrats à temps plein, étudient les dossiers, proposent et votent les lois.
- Assemblées élues, composées de magistrats à temps plein, s’occupent des charges politiques nécessitant des compétences spécifiques (armée, diplomatie, santé etc). Ils jouent le rôle de nos ministères actuels en quelques sortes.
Tous les magistrats à temps plein (élus ou tirés au sort) sont soumis à des contrôles stricts : ils doivent travailler de manière transparente, être à l’écoute des citoyens, peuvent être destitués à tout moment par une instance judiciaire, être punis a posteriori en cas de corruption ou de trahison de la volonté populaire. Leurs mandats sont courts (un an max) et non renouvelable (à vie pour la même fonction). Ils sont indemnisés à hauteur de leur revenu habituel et leur retour au travail est garanti.
Tous les débats et réunions de travail de toutes les assemblées sont publiques, retransmis à la télévision et sur internet. Tout est transparent et rien ne peut échapper à la vigilance des citoyens.
Toutes les assemblées sont surveillées par des tribunaux de tirés au sort dont le seul rôle est de veiller à ce qu’il n’y ai aucune corruption, et à ce que les magistrats ne trahissent jamais les citoyens qu’ils représentent. Tout citoyen peut soumettre une requête à ces tribunaux pour ouvrir une enquête sur un magistrat, le processus pouvant mener à la destitution et même à des conséquences pénales en cas de faute grave avérée.
Voyez-vous, la représentation politique est un outil utile, probablement indispensable, mais en démocratie, les institutions sont façonnées de manière à ce que le peuple puisse TOUJOURS avoir le dernier mot, et à ce que le pouvoir politique ne soit jamais concentré dans les mêmes mains. De plus, grâce aux assemblée populaire, le peuple peut toujours exercer directement une partie du pouvoir politique, sans aucun intermédiaire.
« une somme d’intérêts individuels ne correspond pas forcément à l’intérêt collectif. »
Vous avez entièrement raison, cela fait partie des défauts de la démocratie. Une France démocratique pratiquerait peut-être toujours la peine de mort, ou n’aurait pas dépénalisé l’homosexualité.
Mais il faut comprendre qu’en démocratie, l’information et l’éducation des citoyens redevient libre et impartiale. La démocratie fait le pari qu’un peuple éclairé, bien informé et bien éduqué, saura faire la part des choses et prendre les décisions justes pour l’intérêt collectif. Et quand bien même elle ne le ferait pas, personne ne pourra dire que c’est injuste : tout le monde aura pu s’exprimer et voter. Le peuple devient responsable face à lui-même et devra assumer les conséquences de ses erreurs (plutôt que de subir celles des autres, comme c’est le cas maintenant).
Vous avez raison, Athènes, comme toutes les cités grecques et la quasi totalité des peuples de l’époques, était esclavagiste et phallocrate. Mais il ne s’agit par ici de reproduire à l’identique une démocratie antique, il s’agit de s’inspirer des institutions qu’ils avaient pensé pour se protéger des abus de pouvoir. Oui, pas bien des aspects, les athéniens étaient des barbares. Mais ils n’étaient pas stupides. Ils ont eu cette idée géniale de la démocratie, qui leur a permis de se protéger des tyrans pendant des siècles. Prenons-leur ce qu’ils avaient de bon, et laissons-leur ce qui ne nous plais pas.