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Commentaire de Lord Franz of the F. in S.

sur Les célébrations d'Ashoura


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Lord WTF ! Lord Franz of the F. in S. 29 novembre 2012 14:51

Well, j’ai passé l’essentiel de mon enfance et adolescence en Am. Sud : et jusqu’à ma découverte de ces rituels chiites, si vous m’aviez posé la question de savoir quelle religion connaît des rituels de flagellation, ou crucifixion publique : j’aurai dit la religion catholique puisque ces pratiques sont assez communes en Am. Sud, aux Philippines, de même que les processions de « pénitents » en sang existent aussi en UE (Espagne ou tous les sept ans à Guardia Saframondi en Campanie). On pourrait aussi évoquer le cas de certains sadhus hindous. Puisque l’auteur semble vouloir établir une relation de causalité entre la nature du régime politique et de telles pratiques : j’imagine que cela va devoir nous amener à reconsidérer notre définition des démocraties sud-américaines, espagnole, italienne, philippine et indienne.

 Cessons l’ironie, ce type de rituel de flagellation, de pénitence publique ou le concept de souffrance rédemptrice ont existé et existent sous des formes diverses et variées que ce soit aujourd’hui, qu’au travers de l’Histoire – les lupercales de la Rome antique ; dans le domaine slave, nous le retrouvons dans certains rites « folkoriques » qui voient les individus se font battre avec un bâton ou une fessée : certes légèrement mais nous n’avons là qu’un résidu « folklorique » de pratiques anté-chrétiennes ; dans le domaine chinois, la fessée pour les hommes ou le fouet pour les femmes au temple Dong Lung Gong est un rite célébré à l’occasion du Nouvel An. Ainsi donc, associer ou résumer au seul fanatisme religieux ce type de pratique ou rituel est passé à côté de leur fonction ou nature anthropoculturelle (généralement soit donc souffrance volontairement infligée en vue de rédemption ou réactualisation rituelle de tel ou tel acte/sacrifice/martyr mythique (exemple : crucifixion de Jesus ou martyr d’Husayn). Les mollahs iraniens utilisent des moyens somme toute classique dans toute société autoritaire pour s’assurer le contrôle de la population : les rites de l’Ashura relèvent de toute autre chose.

 D’ailleurs Khamenei, guide suprème, ou d’autres marja-e taqlid soit donc « super ayatollahs » condamnent les pratiques auxquelles cet article renvoient : notamment celles présentées sur les photos : à savoir l’utilisation de chaînes : du fait qu’elles terniraient l’image du Chiisme (ce qui est aisément compréhensible, pour l’essentiel des théologiens musulmans, ce sont là des pratiques strictement hérétiques).

 http://www.ezsoftech.com/mazloom/zanjeer.asp

 La situation serait plutôt inverse : à savoir que ces rites ont un fort ancrage populaire : partant de là, quelque soit le régime, il y a toujours un risque majeur à s’attaquer à des pratiques fortement ancrées au sein de la population, qu’elles relèvent du Folklore ou du Religieux : reste certes l’option bolchévique : le goulag et l’éradication totale. Par contre, effectivement durant la période post-révolutionnaire ( à vrai dire depuis la première révolution iranienne en 1905), il y a eu récupération politique de l’Ashura : soit en établissant un parallèle entre le (peuple) oppressé et Husayn, et l’oppresseur ( Shah) avec ses ennemis ommeyyades, soit ( avant la révolution de 79) en identifiant les martyrs de la Révolution avec Husayn, plus tard la même situation avec les « martyrs » de la guerre Iran-Irak. Et donc, je me répète, en soi ces rituels et commémorations collectives du martyr d’Husayn, présentent plus un danger pour les mollahs au pouvoir que l’inverse : c’est une tradition iranienne autant que chiite que d’utiliser ces rituels dès lors qu’il s’agit de dénoncer l’oppression : un basculement qui verrait l’ennemi ommeyyade symbolisait le régime actuel ne serait au final qu’une enième manifestation de l’utilisation politique faite de ces commémorations : à l’évidence, il est raisonnable de penser que le régime en a conscience. 


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