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Commentaire de Christian Labrune

sur Un statut d'Etat reconnu pour la Palestine à l'ONU : pour la paix ou la guerre ?


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Christian Labrune Christian Labrune 1er décembre 2012 21:26

Lord Franz

Le temps m’a un peu manqué, ces derniers jours. J’avais lu en diagonale votre réponse et elle m’avait paru, du moins sur le plan formel, bien argumentée. La relisant plus attentivement, c’est surtout son caractère assez sophistique et quelques effets de manche qui me frappent. Il ne suffit pas d’écrire en gras, et plusieurs fois « C’est faux » pour que cela le devienne effectivement.

Ainsi de vos considérations sur une supposée reconnaissance réciproque des deux parties. Il fallait bien, à Oslo, pour pouvoir négocier, que l’OLP fît semblant, au moins momentanément,de reconnaître Israël, mais cette reconnaissance n’a jamais été bien clairement formulée, c’est le moins qu’on puisse dire, et pour une raison simple : l’OLP ne peut pas se couper des autres composantes de la résistance palestinienne qui, elles, n’ont jamais voulu de cette reconnaissance. D’où encore la position de faux-cul d’Abou Mazen félicitant le Hamas après le cessez-le-feu.

Vous écrivez : « d’un côté les Palestiniens reconnaissent l’Etat d’Israël (son droit à exister), de l’autre côté les Israéliens ont reconnu quoi ? L’OLP comme représentant du peuple palestinien : si vous ne voyez l’escroquerie ici, et bien je vais continuer. » Vos deux phrases sont également contestables quant au fond : d’abord parce que les Palestiniens n’ont pas du tout reconnu le droit d’Israël à exister, contrairement à ce que vous affirmez, et ensuite parce que ne vois pas du tout où serait l’escroquerie. Israël n’accepte, et c’est tout à fait logique et légitime, de discuter qu’avec des gens qui, à un moment donné, peuvent donner l’impression qu’ils pourraient renoncer à leur ambition d’éliminer les Juifs implantés dans la région.

Je vous renvoie à l’article de Wikipedia à l’entrée « charte de l’OLP »(http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_nationale_palestinienne)

« Le 21 avril 1996, le 21e Conseil national palestinien modifie les articles de la Charte nationale palestinienne refusant l’existence de l’État d’Israël.

Parmi les points les plus controversés :

seuls les Juifs dont la famille était installée avant 1917 seront autorisés à demeurer en Palestine (article 6) ;la libération de la Palestine a pour but de « purifier » le pays de toute présence sioniste (article 15) ;le partage de la Palestine en 1947 et la création de l’État d’Israël sont des événements nuls et non avenus (article 19).les Juifs ne forment ni un peuple, ni une nation (article 20), contrairement aux Palestiniens dont l’identité est « authentique, essentielle et intrinsèque » (article 4). Comme vous pouvez le remarquer, cette ancienne charte vaut bien à peu près celle du Hamas : il s’agit de vouloir un état « judenrein », comme auraient dit les Allemands et leur émule El-husseini, et on voit mal que des diplomates israéliens eussent pu négocier dans un tel contexte.Maintenant, pour vous éviter le déplacement, je vous recopie la fin de l’article : « Le 2 mai 1989, lors d’une visite officielle à Paris, Yasser Arafat déclare, sur la demande instante du président François Mitterrand : « La Charte de l’OLP est caduque ». Or, l’article 33 stipule que la « Charte ne peut être amendée que par une majorité des deux tiers de tous les membres du Conseil national de l’Organisation de libération de la Palestine réunis en session extraordinaire convoquée à cet effet ». Yasser Arafat, lors d’une interview donnée le 29 avril 1989 au journal Le Figaro, affirmait « qu’il ne pouvait pas la modifier de sa propre autorité, car la démocratie est une mécanique complexe » et le numéro deux de l’OLP, Abou Iyad, avait déclaré, le 29 janvier au journal saoudien Okaz  : « L’Organisation rejette tout changement de l’article 19 de notre charte ». Après la signature des accords d’Oslo, le Conseil national palestinien, avec une majorité de 504 votes pour, et 54 votes contre et 14 abstentions, le CNP a exprimé en décembre 1998 à Gaza, un « soutien de principe » concernant sa volonté de modifier la Charte nationale palestinienne. Dans son discours d’ouverture, Yasser Arafat annonce en outre : « ...les articles de notre Charte qui sont contraires au processus de paix doivent être annulés. Je vous appelle à modifier tous les articles qui s’opposent à la paix des braves ». Arafat ne prononce pas le nom d’Israël ni ne fait état des articles mentionnant la destruction de l’État d’Israël. Le 22 janvier 1998, Arafat confirme par lettre une fois encore au président Clinton que « toutes les dispositions dans la Charte qui ne sont pas en adéquation avec l’engagement de l’OLP de reconnaître Israël et vivre avec lui en paix sont annulées ». Une commission juridique est nommée quelques jours plus tard ayant la mission d’annuler les (28) articles de la Charte nationale palestinienne mentionnant l’objectif de l’OLP à anéantir l’État d’Israël. Elle devait proposer en outre des nouvelles dispositions qui traitent de la reconnaissance officielle par l’OLP du droit d’Israël d’exister et de vivre dans la sécurité. Cependant, Arafat n’a jamais fixé à la commission juridique ni une période de travail, ni un budget, ni une date butoir pour présenter ses travaux et un nouveau texte pour la nouvelle charte dans l’avenir. D’où l’ambigüité. Faute d’une nouvelle Charte approuvée et votée par le Parlement palestinien sur les nouvelles propositions, la charte initiale adoptée par le 4e Conseil national palestinien, réuni au Caire du 10 au 17 juillet 1968, ainsi que la Déclaration du Comité central du Fatah du 1e janvier 1969, sont toujours officiellement en vigueur. Le 22 avril 2004, dans un entretien donné à Khaled Abu Toameh publié dans le journal jordanien Al-Arab (Kaddoumi : PLO Charter was never Changed), Farouk Kadoumi, un des pères fondateurs de l’OLP, affirme qu’Arafat a dupé tout le monde avec malice et intelligence concernant la modification de la Charte. Contrairement à ce que beaucoup de gens pouvaient croire, la charte de l’OLP n’avait jamais été modifiée dans le sens d’une reconnaissance du droit d’existence de l’État d’Israël. «  Jusqu’à aujourd’hui, la Charte nationale palestinienne n’a pas été modifiée. Le temps a fait que certains articles ne sont plus en vigueur, mais rien n’a été changé. Je fais partie de ceux qui sont contre une modification[1].  » La petite note à la fin de l’article fin de l’article renvoie à une page d’AgoraVox, en 2009, qui faisait le point d’une façon très documentée sur cette modification qui n’en est pas une. Je viens de le lire à toute vitesse ; je pensais que la phrase finale du passage que j’ai souligné : « je fais partie de ceux qui sont contre cette modificiation » pouvait être la conclusion de cet article, mais non, il ne me semble pas que l’auteur y prenne position, et l’autre auteur, celui de Wikipedia ne pourrait guère s’exprimer à la première personne. Il doit y avoir eu une erreur dans la composition du texte. L’article d’AgoraVox, très instructif, est à cette page  :http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-charte-palestinienne-est-7217 Cela corrobore tout à fait les informations que je vous soumettais dans mon message précédent, lequel faisait état de plusieurs remarques succédant au texte de la charte de l’OLP qui s’y trouvait reproduit. J’en conclus que votre position est beaucoup plus passionnelle qu’analytique. Vous soutenez les Palestiniens, c’est votre droit. Je ne peux pas exclure qu’il y ait aussi dans ma propre position quelque chose d’un peu passionnel : j’ai horreur de l’obscurantisme et donc plus de sympathie sans doute pour la démocratie israélienne que pour le Hamas, le Jihad et les faux-culs de l’OLP. Je pourrais appliquer la même critique au reste de votre texte, mais j’en resterai là. Je vous dirai seulement qu’il me serait extrêmement facile de ratatiner complètement la fin de votre argumentation concernant la disproportion des forces entre le Hamas et Israël. Vous me dites qu’au fond Israël ne risque rien du tout. Je n’en suis pas si sûr ; en tout cas, il est plus que certain que si ce petit pays ne disposait pas des moyens intellectuels et matériels qui lui permettent de tenir en échec ses ennemis proches et lointains, il y a belle lurette qu’il n’existerait plus du tout. Il se donne, avec réalisme, les moyens de continuer à exister dans un monde qui lui est tout à fait hostile. Je ne saurais le lui reprocher.

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