Lord Franz
Le temps m’a un peu manqué, ces
derniers jours. J’avais lu en diagonale votre réponse et elle
m’avait paru, du moins sur le plan formel, bien argumentée. La
relisant plus attentivement, c’est surtout son caractère assez
sophistique et quelques effets de manche qui me frappent. Il ne
suffit pas d’écrire en gras, et plusieurs fois « C’est
faux » pour que cela le devienne effectivement.
Ainsi de vos considérations sur une
supposée reconnaissance réciproque des deux parties. Il fallait
bien, à Oslo, pour pouvoir négocier, que l’OLP fît semblant,
au moins momentanément,de reconnaître Israël, mais cette
reconnaissance n’a jamais été bien clairement formulée, c’est le
moins qu’on puisse dire, et pour une raison simple : l’OLP ne peut
pas se couper des autres composantes de la résistance palestinienne
qui, elles, n’ont jamais voulu de cette reconnaissance. D’où encore
la position de faux-cul d’Abou Mazen félicitant le Hamas après le
cessez-le-feu.
Vous écrivez : « d’un côté
les Palestiniens reconnaissent l’Etat d’Israël (son droit à
exister), de l’autre côté les Israéliens ont reconnu quoi ?
L’OLP comme représentant du peuple palestinien : si vous ne voyez
l’escroquerie ici, et bien je vais continuer. » Vos deux phrases
sont également contestables quant au fond : d’abord parce que les
Palestiniens n’ont pas du tout reconnu le droit d’Israël à exister,
contrairement à ce que vous affirmez, et ensuite parce que ne vois
pas du tout où serait l’escroquerie. Israël n’accepte, et c’est tout à fait
logique et légitime, de discuter qu’avec des gens qui, à un moment
donné, peuvent donner l’impression qu’ils
pourraient renoncer à leur ambition d’éliminer les Juifs implantés
dans la région.
Je
vous renvoie à l’article de Wikipedia à l’entrée « charte de
l’OLP »(http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_nationale_palestinienne)
« Le
21 avril
1996, le 21e
Conseil national
palestinien modifie les articles de la Charte nationale
palestinienne refusant l’existence de l’État d’Israël.
Parmi les points les
plus controversés :
– seuls les Juifs dont la famille était
installée avant 1917 seront
autorisés à demeurer en Palestine
(article 6) ;
– la libération de la Palestine a pour but de
« purifier » le pays de toute présence sioniste (article 15) ;
– le partage de la Palestine en 1947
et la création de l’État d’Israël
sont des événements nuls et non avenus (article 19).
– les Juifs ne forment ni un peuple, ni une
nation (article 20), contrairement aux Palestiniens dont l’identité
est « authentique, essentielle et intrinsèque » (article
4).
Comme vous pouvez le remarquer, cette ancienne
charte vaut bien à peu près celle du Hamas : il s’agit de vouloir
un état « judenrein », comme auraient dit les Allemands
et leur émule El-husseini, et on voit mal que des diplomates israéliens
eussent pu négocier dans un tel contexte.Maintenant,
pour vous éviter le déplacement, je vous recopie la fin de
l’article :
« Le
2 mai
1989, lors d’une visite officielle à
Paris, Yasser
Arafat déclare, sur la demande instante du président François
Mitterrand : « La Charte de l’OLP est caduque ». Or, l’article
33 stipule que la « Charte ne peut être amendée que par une
majorité des deux tiers de tous les membres du Conseil national de
l’Organisation de libération de la Palestine réunis en session
extraordinaire convoquée à cet effet ».
Yasser
Arafat, lors d’une interview donnée le 29
avril 1989
au journal Le
Figaro, affirmait « qu’il ne
pouvait pas la modifier de sa propre autorité, car la démocratie
est une mécanique complexe » et le numéro deux de l’OLP,
Abou Iyad, avait déclaré, le
29 janvier au journal
saoudien Okaz
: « L’Organisation rejette tout changement de l’article 19 de notre
charte ». Après la signature des accords
d’Oslo, le Conseil
national palestinien, avec une majorité de 504 votes pour, et
54 votes contre et 14 abstentions, le CNP a exprimé en décembre
1998 à Gaza, un « soutien de principe » concernant sa volonté de
modifier la Charte nationale palestinienne. Dans son discours
d’ouverture, Yasser Arafat annonce en outre : « ...les articles
de notre Charte qui sont contraires au processus de paix doivent
être annulés. Je vous appelle à modifier tous les articles qui
s’opposent à la paix des braves ». Arafat ne prononce pas le nom
d’Israël ni ne fait état des articles mentionnant la destruction
de l’État d’Israël.
Le 22 janvier 1998, Arafat confirme par lettre
une fois encore au président Clinton que « toutes les dispositions
dans la Charte qui ne sont pas en adéquation avec l’engagement de
l’OLP de reconnaître Israël et vivre avec lui en paix sont
annulées ». Une commission juridique est nommée quelques jours
plus tard ayant la mission d’annuler les (28) articles de la
Charte nationale palestinienne mentionnant l’objectif de l’OLP à
anéantir l’État d’Israël. Elle devait proposer en outre des
nouvelles dispositions qui traitent de la reconnaissance officielle
par l’OLP du droit d’Israël d’exister et de vivre dans la
sécurité.
Cependant, Arafat n’a jamais fixé à la
commission juridique ni une période de travail, ni un budget, ni
une date butoir pour présenter ses travaux et un nouveau texte pour
la nouvelle charte dans l’avenir. D’où l’ambigüité.
Faute d’une nouvelle
Charte approuvée et votée par le Parlement palestinien sur les
nouvelles propositions, la charte initiale adoptée par le 4e
Conseil national palestinien, réuni au Caire du 10 au 17 juillet
1968, ainsi que la Déclaration du Comité central du Fatah du 1e
janvier 1969, sont toujours officiellement en vigueur. Le 22 avril
2004, dans un entretien donné à Khaled Abu Toameh publié dans le
journal jordanien Al-Arab (Kaddoumi : PLO Charter was never
Changed), Farouk Kadoumi, un des pères fondateurs de l’OLP,
affirme qu’Arafat a dupé tout le monde avec malice et
intelligence concernant la modification de la Charte.
Contrairement à ce que beaucoup de gens pouvaient croire, la charte
de l’OLP n’avait jamais été modifiée dans le sens d’une
reconnaissance du droit d’existence de l’État d’Israël. «
Jusqu’à aujourd’hui, la Charte nationale palestinienne n’a
pas été modifiée. Le temps a fait que certains articles ne sont
plus en vigueur, mais rien n’a été changé. Je fais partie de
ceux qui sont contre une modification[1].
»
La petite note à la fin de l’article fin de
l’article renvoie à une page d’AgoraVox, en 2009, qui faisait le
point d’une façon très documentée sur cette modification qui n’en est pas une. Je
viens de le lire à toute vitesse ; je pensais que la phrase finale
du passage que j’ai souligné : « je fais partie de ceux qui
sont contre cette modificiation » pouvait être la conclusion
de cet article, mais non, il ne me semble pas que l’auteur y prenne
position, et l’autre auteur, celui de Wikipedia ne pourrait guère s’exprimer à la première personne. Il doit y avoir eu une erreur dans
la composition du texte.
L’article d’AgoraVox, très instructif, est à
cette page
:http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-charte-palestinienne-est-7217
Cela
corrobore tout à fait les informations que je vous soumettais dans
mon message précédent, lequel faisait état de plusieurs remarques
succédant au texte de la charte de l’OLP qui s’y trouvait reproduit.
J’en
conclus que votre position est beaucoup plus passionnelle
qu’analytique. Vous soutenez les Palestiniens, c’est votre droit. Je
ne peux pas exclure qu’il y ait aussi dans ma propre position
quelque chose d’un peu passionnel : j’ai horreur de l’obscurantisme
et donc plus de sympathie sans doute pour la démocratie israélienne
que pour le Hamas, le Jihad et les faux-culs de l’OLP. Je pourrais
appliquer la même critique au reste de votre texte, mais j’en
resterai là. Je vous dirai seulement qu’il me serait extrêmement
facile de ratatiner complètement la fin de votre argumentation
concernant la disproportion des forces entre le Hamas et Israël.
Vous me dites qu’au fond Israël ne risque rien du tout. Je n’en
suis pas si sûr ; en tout cas, il est plus que certain que si ce petit
pays ne disposait pas des moyens intellectuels et matériels qui lui
permettent de tenir en échec ses ennemis proches et lointains, il y
a belle lurette qu’il n’existerait plus du tout. Il se donne, avec réalisme, les moyens de continuer à exister dans un monde qui lui est tout à fait hostile. Je ne saurais le lui reprocher.