Où sont stockées les Résidus de la Marée Noire de L’Erika ?
http://www.espace-sciences.org/archives/science/13661.html
Bientôt un inventaire officiel des sites de stockage des déchets de marée noire
Le 06 octobre 2011 par Geneviève De Lacour
Mars 1967. Au large des côtes de Cornouailles, le Torrey Canyon,
un pétrolier affrété par BP et transportant 120.000 tonnes de brut
s’échoue. Le mois suivant, la marée noire finit sa course sur les côtes
bretonnes.
Pour stocker en urgence les déchets souillés par le brut échappé de
l’épave du tanker, un terrain privé est réquisitionné par les
militaires sur Er, une petite île d’une superficie de 25 kilomètres
carrés située sur la commune de Plougrescant (Côtes d’Armor). Quatre
fosses sont creusées en toute hâte à ciel ouvert.
En 1978, année du naufrage de l’Amoco Cadiz, la
même fosse est utilisée pour stocker une partie des déchets du
supertanker battant pavillon libérien. Mais depuis, elles ont été
oubliées. Or, selon une dépêche AFP datée du 30 septembre dernier, l’évacuation de cette décharge a débuté en fin de semaine dernière.
Au cours des travaux de dépollution, il est prévu d’évacuer entre
400 et 500 mètres cubes de déchets constitués d’amas d’hydrocarbures
pâteux, de galets englués et de débris divers venus s’accumuler au fil
du temps. Une partie des galets seront nettoyés sur l’île et
réintégreront les cordons de galets sur l’estran. L’autre partie sera
évacuée par hélicoptère.
« Un soin particulier a été porté à la définition du chantier » explique le Centre de documentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), en raison de l’accès difficile de cette île privée et sa localisation à l’embouchure du Jaudy, dans un site classé Natura 2000.
Le recours à l’héliportage a été prévu pour le transfert des
hommes, des équipements et des déchets. 42 rotations d’un hélicoptère
modifié pour assurer le transport de lourdes charges sont prévues.
L’Adème-Pays de Loire, assistée par le Cedre, est le maître
d’ouvrage de l’opération ; le bureau d’étude Burgéap en assure la
maîtrise d’œuvre. Les travaux, dont le coût financé par l’Etat est
estimé à 650.000 euros, devraient s’achever au plus tard en février
prochain.
Pour l’association Robin des bois qui avait porté plainte contre X pour pollution, « il
s’agit d’une avancé spectaculaire qui témoigne de l’engagement du
ministère de l’écologie à réparer les erreurs du passé et à encadrer la
gestion des déchets post-catastrophe ».
Il faut dire qu’après la marée noire de l’Erika en 1999,
l’association avait dressé un inventaire des sites de stockage des
déchets pétroliers sur les côtes françaises, notamment en Bretagne.
Parmi ces sites, celui de l’île d’Er semblait être le plus problématique
pour Robin des bois. Selon Jacky Bonnemains, son président, « la pollution étant restée à ciel ouvert depuis 44 ans, c’est le seul site qui nécessite une évacuation urgente ».
De telles décharges, il en existe beaucoup en Bretagne : de toutes
tailles, de toutes formes, creusées bien souvent à la va-vite, pour
recevoir les déchets issus des cargos échoués. Dans un premier
inventaire des sites de stockage de déchets pétroliers publié en
décembre 1994, le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM)
évoque une soixantaine de sites répartis entre Bréhat (Côtes d’Armor) et
Plouhinec (Sud Finistère).
Mais tous les sites ne sont pas connus et la mémoire du territoire se perd au fil des ans. « Les
différentes marées noires n’ont pas laissé de traces ni d’impacts
négatifs visibles à l’exception toutefois de quelques marais littoraux
qui, visiblement n’ont pas encore digéré les hydrocarbures que la
fragilité du milieu a obligé à laisser sur place, et d’un site
d’enfouissement d’où suinteraient périodiquement des huiles du Torrey
Canyon », précise le BRGM dans son rapport.
Dans ce même document, le BRGM déclare ignorer l’éventualité de
migrations d’hydrocarbures dissous vers les nappes à partir des sites
d’enfouissement et ignorer également si les produits traités restent
stables ou s’ils peuvent évoluer notamment par le lessivage des pluies.
Depuis, les inventaires se multiplient. Un nouveau recensement est réalisé en 2003-2004. En 2008, la base de données
Basias,
dédiée aux sites industriels, liste une petite centaine de points dans
le seul département des Côtes d’Armor. La même année, le ministère de
l’écologie demande qu’un inventaire, le plus exhaustif possible, soit
réalisé.