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Commentaire de L’Ankou

sur Mariage homosexuel : argumentaire des contre


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L’Ankou 5 décembre 2012 15:01

Merci Aldous, et notamment pour la nuance précieuse entre infécondité et infertilité. Sur l’irrecevabilité qui en résulterait, j’attends de meilleurs arguments : il y a de très nombreuses situations d’infertilité qui résultent de bien autre chose que la maladie : l’accident, la mutilation, une séparation prolongée... Si la technologie et la médecine peuvent pallier à ces situations, appartient-il à la loi de s’y opposer ? La question se pose dans les mêmes termes dans de très nombreuses situations, et je n’ai toujours pas d’indications sur la légitimité à employer des termes différents lorsqu’on a affaire à des couples de même sexe.

De toutes les façons, si l’on s’en tient à un débat sur le projet en cours d’examen, la question de la PMA et de la GPA y sont très justement renvoyées à des réformes ultérieures éventuelles.

Pour en revenir à la critique de l’exposé de Pisavar,

Vous êtes bien bon de contrecarrer l’idée que le mariage pourrait, quelle horreur, faire plaisir à deux personnes. C’est un argument dont je me passe volontiers, dans la mesure où je ne tiens effectivement pas le mariage pour un contrat, mais bien pour une institution, telle que je l’ai définie plus haut.

Avez-vous fait l’inventaire de ce qui, dans le mariage actuel est opposable aux tiers ? Je ne crois pas. Du coup, faute d’avoir fait cet effort, vous tenez le mariage pour un ciment de notre société, alors que, d’une part, ce ciment n’est plus qu’une façade depuis longtemps, et que les structures familiales « modèles » ont totalement éclaté. Avec une naissance sur deux hors mariage, il y a un moment que l’institution ne structure plus grand chose.

Vous vous dites héritiers d’une longue tradition. J’en suis fort aise, mais par bonheur et quoi que vous en pensiez, la société n’est pas que taillée pour des conservateurs et des rétrogrades, mais aussi par ceux que le souci des libertés et de l’avenir préoccupe plus que de remonter le temps.

Je traduis en droit : vous dites « le mariage est un don libre et mutuel de l’un à l’autre », ce que traduit justement l’idée d’un consentement échangé. Je suis bien d’accord avec vous que les motifs du consentement, par exemple, l’amour, n’ont rien à voir dans le débat. Seul importe que des gens consentent mutuellement à se prendre pour époux.

« qu’il couronne la fertilité naturelle par l’union avec le sexe opposé ». Obsédé, va ! Non, la fertilité n’a pas besoin de couronne ni de quoi que ce soit qu’on trouve dans une mairie. Ca devrait juste être considéré comme hors sujet, et c’est une vertu du projet de loi que de nous délivrer de la vérification du contenu des culottes des futurs époux. Je rappelle aux traditionalistes que même le droit canon considère que l’infertilité et, pire encore, le fait que le mariage ne soit pas consommé ne sont pas des causes de nullité de l’’union. C’est juste dans vos fantasmes que le mariage couronne la fertilité.

« qu’il est un acte gratuit » Vous n’avez pas dû organiser souvent des mariages, vous. Mais au delà du gag, vous vous prenez les pieds dans vos propres références traditionalistes, et oubliez que tout le dix-neuvième siècle reste encore obnubilé par le problème de la dot. Et si vous voulez dire que le mariage n’a pas d’incidence patrimoniale, c’est encore pire : vous méconnaissez gravement la loi, le mariage et, justement, les effets de l’institution à l’égard des tiers, dont les créanciers des futurs époux.

... « et indissoluble ». Vous vivez dans quel siècle, au juste ?

« , que la filiation et l’éducation des enfants reviennent de plein droit à leurs parents légitimes, », sauf plein d’exceptions, légales, dont beaucoup d’inspiration chrétienne, d’ailleurs...

« que le nombre de parents d’un enfant est égal à deux ». Comme s’’il n’y avait pas d’exception...

« et cette synthèse, que vous le vouliez ou non, est spécifiquement chrétienne. ».

Ah, d’accord, je comprends mieux. Vous décrivez les sacrements. Très bien. J’ai une bonne nouvelle pour vous : la Loi ne modifie pas les droits du curé à ne pas consacrer les unions de personnes divorcées, et ne l’obligera pas non plus à bénir des accouplements que vous jugez hérétiques.

Vous êtes rassurés ? On peut laisser les questions religieuses de côté entre citoyens tolérants et soucieux de rendre la loi compatible avec toutes les tendances, athéisme compris ?

  « Ah, mais si, je sais : c’est parce que quand on aaaiiime, tout se justifie. »

Oui, je sais, vous n’êtes pas familier avec l’Amour du prochain. C’est quoi, votre religion, vous disiez ?

Mais je vous donne raison sur ce point : L’amour n’a rien à voir avec la question. Vous l’introduisez juste pour dénoncer la bêtise de ceux qui l’emploi. Je suis d’accord, et je vous classe dans le lot.

A plus tard, encore une fois.


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