• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de L’Ankou

sur Mariage homosexuel : argumentaire des contre


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

L’Ankou 5 décembre 2012 19:08

Non, effectivement, le sentiment ne justifie rien de particulier, et surtout pas d’écrire ou de modifier les lois. Mais il ne s’agit pas de cela. Il ne s’agit que de permettre à des échanges de consentements effectués de façon officielle devant un officier d’état civil, de se produire pour une catégorie de citoyens légitimes qui n’y a pas accès actuellement, avec des conséquences juridiques, patrimoniales et matrimoniales comparables.

Votre raisonnement me donne l’impression d’obéir à une logique curieuse : vous prêtez à vos adversaire un raisonnement qui ne tient pas debout. Vous démontrez à raison qu’il ne tient pas debout. Mais c’est à tort que vous en déduisez que vos détracteurs ont totalement tort, puisque la plupart n’emploient pas cet argument « sentimentaliste ». Dire que le mariage est affaire de consentement mutuel n’est pas prétendre que ce consentement est à coup sûr issu de l’amour.

mais poursuivons la lecture : « Et si un jour on ne s’aime plus, alors le mariage ne vaut plus rien ? »

Ah, je reconnais que le débat est particulièrement intéressant. Dire que les gens peuvent mettre, d’un commun accord, fin à un mariage par consentement mutuel, c’est une atteinte importante à l’idée que le mariage est une institution opposable aux tiers. En effet, si le mariage peut être remis en cause de la même manière qu’il naît, des tiers peuvent être lésés, qui comptaient sur la permanence du mariage. C’est une dangereuse réduction du mariage à un simple contrat. Sauf que le débat a eu lieu et que le législateur a déjà tranché en 1974 en élargissant le divorce au consentement mutuel, là où établir une faute était indispensable. Le débat est donc clos depuis longtemps. Ce n’est plus de ça qu’on parle. Et au passage, les portes des enfers ne se sont pas ouvertes non plus à l’époque, vous noterez.

Tenons compte des évolutions passées pour éviter de nous fermer inutilement aux évolutions à venir.

Évidemment, vous pouvez définir le mariage comme une institution dont la « mission sociale’ est »organiser le rapport du couple hétérosexuel dans la société occidentale au service de la constitution d’une famille, et donc de la perpétuation de la nation".

Avec un enfant sur deux conçu hors mariage, il est heureux que la perpétuation de la nation se passe du mariage. Et je dénonce au passage la facilité triviale du procédé. C’est sur que si vous définissez le mariage comme hétérosexuel, il n’est pas très difficile de l’interdire aux personnes de même sexe, et vous ne pourrez évidemment pas comprendre notre époque. Adoptez donc une définition comme une façon de rendre publique un échange de consentement, et de lui faire produire certains effets juridiquement prévus, même à l’égard des tiers. Vous vous apercevrez que les tiers, comme les créanciers d’un des époux, ont des droits qu’ils ont intérêt à faire valoir, que la communauté soit hétérosexuelle ou non. Vous vous apercevrez que tous les couples ont un choix possible entre des unions libres qui ne regardent pas l’Etat, et une officialisation dont l’Etat est le garant pour sa validité, sa publicité et son opposabilité. C’est comme pour les secrets industriels et les brevets. Vous pouvez protéger le procédé dont vous êtes l’auteur en gardant le secret ou bien en déposant un brevet qui rend le procédé connu de tous, mais fait aussi connaître à tous que vous êtes l’auteur.

Le mariage n’est ni plus ni moins que cette officialisation qui fait naître une situation juridique. Pas un socle civilisation ni un rempart contre les légions des hussards démoniaques du plaisir, du stupre et de la fornication sodomite.

Dans ce cadre stricte, le mariage n’a pas à « à servir à satisfaire à un besoin de reconnaissance sociale d’une minorité ». Mais elle n’a pas non plus à manifester un ostracisme, à se refuser à des couples pour des raisons primaires d’orientation sexuelle, ni rien de tout ça. Toute loi ne peut justifier ses exceptions que par des raisons impérieuses imposées par l’intérêt général. En l’occurrence, il n’y a pas de raison impérieuse dictée par l’intérêt général à ce qu’une minorité, fut-elle décriée par une autre minorité qui se prétend propriétaire d’une Histoire civilisationnelle qui ne s’arrête pas avant Vatican II, soit plus longtemps privée d’une liberté dont l’usage ne nuit directement à personne.

Quant à « remplir envers la société, un devoir de renouvellement des générations », je ne m’associerai pas à votre désir de transformer la société en un hara, ni à l’image de poule pondeuse que vous avez des femmes. A trop vous focaliser sur la procréation vous oubliez tout le reste et la Raison avec.

Je repasserai pour conclure ma critique.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès