@ L’Ankou,
Vous dites : « Seul importe que des gens consentent mutuellement à se prendre pour époux », et vous prétextez de votre lutte supposément progressiste contre les rétrogrades et les conservatismes pour justifier de votre soutien au mariage pour les couples de mêmes sexes.
Mais alors voyons voir, quand on demande de modifier une loi existante (le Code civil en l’état) l’on soutient des arguments intelligibles par tous. Ces arguments il faut les entendre et voir à qui ils s’appliquent. Or ils se trouvent qu’ils s’appliquent AUSSI - tous sans exceptions, j’insiste - aux polygames et incestes consentants :
- ils sont adultes, libres et consentants (soit dit en passant : argument libéral-libertaire par excellence),
- ils s’aiment
- ils veulent les mêmes droits et être reconnus
- ils veulent fonder un foyer
- pas besoin d’un papa et une maman pour un enfant - ce n’est pas une maladie etc
Ces arguments sont par conséquent non seulement recevables aux couples de mêmes sexes, mais aussi aux couples comportant plus de deux individus (bigamie), mais aussi aux couples composés d’individus appartenant à une même famille du premier cercle.
Là est un fait incontournable, une réalité irréductible. Et une insoluble contradiction semble-t-il pour les partisans du « mariage pour tous ».
Car on ne peut pas dire le cas échéant « c’est une question d’égalité de droits », de « non-discriminations », de « liberté des uns à l’égard des autres » ; et « non pas un curseur que la société place où elle veut pour promouvoir une certaine norme anthropologique » ; et balayer les bigames et couples incestueux « parce que ça n’a rien à voir » ou pas même « morale », ce qui serait ici un comble argumentatif des partisans du « mariage pour tous » !
Serait-il trop demander un peu de cohérence et de rationalité ? Il est compréhensible que cela embête assurément les pro-mariage et adoption homos - puisque cela ruine ou dépasse leur prétendu progressisme, et les faits apparaitre pour ce qu’ils sont : des mystificateurs - mais c’est comme ça : il n’y a strictement aucune raison d’exclure ces 2 catégories du « mariage pour tous » (qui n’a jamais mieux porté son nom) suivant les arguments ci-avancés.
C’est logiquement imparable en effet. Et j’attends avec une impatience non-dissimulée que des partisans revendiqués du « mariage pour tous » - vous en l’occurrence - viennent contester cette démonstration. Ils seraient selon moi bien en peine. Car au nom de quoi diable les bigames ne seraient-ils donc pas recevables aux principes ici posés ? Et en vertu de quel contorsionnisme intellectuel ?
Sur la question de l’égalitarisme, cet argument suppose au préalable la redéfinition du sens des mots et des concepts - et même de la loi - puisque le mariage a de tout temps et dans toutes les sociétés humaines, été entendu comme l’union d’un homme et d’une femme, et qui est un fait indéniable.
Ce faisant, encore une fois, comment empêcher en poussant la logique dans ses retranchements de redéfinir demain la notion de couple que les mêmes « progressistes » seraient tentés de réduire, fallacieusement selon leur propre logique - et non sans un conservatisme certain, comble du paradoxe - à l’union de deux individus ?
Il n’ y’a donc pas de raison valable - de leur point de vue encore une fois, et de leur point de vue seulement - à ce que cela soit, bien au contraire, pour tous ceux qui invoquent l’inéluctable progrès ou sens de l’histoire, l’égalité en droit et de traitement, la liberté et responsabilité individuelles, ou bien encore la reconnaissance par les institutions des sentiments que les individus se portent les uns vis à vis des autres.
En réalité je vais vous dire : il n’y a logiquement pas de limite aux revendications des uns ou des autres, puisque dès lors le produit non pas de principes moraux ou naturels prédéfinis, mais de rapport de force idéologique fonction d’un contexte particulier, dans le temps et dans l’espace.
Ainsi donc après cette mise en évidence des conséquences logiques sous-jacentes à la remise en cause d’un principe immémorial, il appartient aux partisans du « mariage pour tous » - et à eux seulement - de démontrer en quoi la rupture d’un consensus historique, sociologique, et d’une norme anthropologique, serait nécessaire et sinon souhaitable, et à tout le moins bénéfique pour la société. De démontrer en quoi la loi républicaine actuelle serait inégalitaire. En quoi il serait assimilable à un détournement de débat de convoquer ici le mariage par (pour ?) plus de deux individus alors qu’encore une fois TOUS les arguments SANS exceptions usités par les tenants du mariage homos, en droit et sinon en raison, y sont purement recevables.