@ Aldou, Pierre Hillard confirme tes propos, et il va plus loin dans sont analyses, c’est que l’on court à moyen terme à la yougoslavisation de l’Europe.
Reseau Voltaire. net
pour la liberté d’expression
14 juillet 2003
Diviser pour mieux régner
L’éclatement du continent européen au service des États-Unis
La
régionalisation de l’Europe pourrait être détournée de son sens
initial à la faveur d’un déséquilibre des institutions. Elle serait
alors un moyen de démembrer politiquement l’Europe, laissant ainsi le
champ libre à la domination de l’Empire états-unien. Pierre Hillard
analyse cette variante de la doctrine Wolfowitz : comment transformer
le rêve d’unité européenne en un cauchemar de la yougoslavisation
généralisée.
11 juillet 2003
Les modalités de la
construction européenne dépendent de l’idée que l’on se fait de
l’unité de l’Europe et de son rôle dans le monde. Après avoir piloté
la création de l’Union pour stabiliser l’Europe occidentale et la
soustraire à l’influence soviétique, les États-Unis encouragent
aujourd’hui à la fois son élargissement géographique et sa dilution
politique. L’Union pourrait alors absorber la Russie et broyer les
États-membres en une myriade de régions pour se transformer en une
vaste zone de libre-échange protégée par la puissance militaire
états-unienne.
Contrairement à une idée répandue, il se trouve au
sein même de l’Union de nombreuses forces pour promouvoir ce projet
comme l’atteste la carte officielle que nous reproduisons.
Table des régions d’Europe
Edité par l’Assemblée des régions d’Europe (ARE), 2002.
Elle a été élaborée au sein de l’ARE (l’Assemblée des Régions
d’Europe) en 2002. Créé en 1985 par les Français, les Espagnols et
les Portugais, cet institut fut repris en 1987 par les Allemands qui
lui insufflèrent des principes fédéralistes, régionalistes et
ethnicistes, le tout en liaison avec les organismes européens comme
le Comité des Régions (le CdR), le Congrès des Pouvoirs Locaux et
Régionaux d’Europe (le CPLRE) ou le Conseil des Communes et des
Régions d’Europe (le CCRE). L’intérêt majeur de ce document est de
révéler le sens caché de la forme actuelle de la régionalisation
européenne. Celle-ci ne concerne pas que l’Union présente, mais est
conçue pour s’étendre à toute l’Eurasie. Tous les États d’Europe
centrale, les États baltes, l’Ukraine, la Russie -avec une frontière à
l’Est qui s’étend vers la Sibérie- les États du Caucase et la
Turquie sont déjà intégrés dans ce projet européen ou plutôt
euro-atlantique. L’adhésion à l’Union ne serait plus le moyen de
réaliser l’unité européenne, mais au contraire de démembrer le
continent, assurant ainsi le triomphe pacifique de l’hyper puissance
états-unienne selon le principe classique « diviser pour régner ».
La régionalisation, présentée comme un moyen de rapprocher les
citoyens des lieux de décisions, ne serait plus qu’un artifice pour
prévenir l’émergence d’une Europe-puissance en application de la
« doctrine Wolfowitz » [1]
Peu de temps avant de quitter la Maison-Blanche, le président Clinton
a présenté la vision états-unienne de l’Europe dans un discours
magnifiant le bloc transatlantique. Il soulignait aussi et d’une manière
très nette que « (...) l’unité de l’Europe est en train
d’engendrer quelque chose de véritablement neuf sous le soleil : des
institutions communes plus vastes que l’État-nation parallèlement à
la délégation de l’autorité démocratique aux échelons inférieurs.
L’Écosse et le Pays de Galles ont leurs propres parlements. L’Irlande
du Nord, dont ma famille tire son origine, a retrouvé son nouveau
gouvernement. L’Europe est pleine de vie et résonne à nouveau des
noms d’anciennes régions dont on reparle - la Catalogne, le Piémont,
la Lombardie, la Silésie, la Transylvanie etc. - non pas au nom d’un
quelconque séparatisme, mais dans un élan de saine fierté et de
respect de la tradition. La souveraineté nationale est enrichie de
voix régionales pleines de vie qui font de l’Europe un lieu
garantissant mieux l’existence de la diversité (...) » [2]
La « sympathie » américaine à l’égard de cette forme de
régionalisation s’explique par le transfert du pouvoir politique des
États vers les régions. Désormais, la « région-État » se pare d’une
autonomie politique de plus en plus grande dans les domaines qui
touchent l’administration, la justice, les systèmes bancaire et postaux
ou encore l’éducation, cette dernière devenant de plus en plus -
quoiqu’en disent les autorités officielles - une éducation régionale.
Or, ces instances politiques régionales sont conduites à traiter
directement avec les instances supranationales de Bruxelles en
court-circuitant l’autorité nationale. Ceci ne peut que combler
d’aise les dirigeants politiques et économiques états-uniens qui, par
l’intermédiaire de leurs puissants lobbies présents massivement à
Bruxelles, pourront engager des contacts directement avec la
Lombardie, l’Alsace, la Catalogne, etc. Entre d’un côté, la puissance
politique, militaire et économique considérable des États-Unis et de
l’autre, une quelconque région d’Europe, on devine sans peine quel
parti Washington tirera de cette affaire.
Pour renforcer
l’emprise complète américaine sur le vieux continent, Les États-Unis
ont présenté au seul gouvernement allemand une véritable feuille de
route pour l’extension à l’Est de l’Union européenne (l’UE) et de
l’OTAN. Selon le Financial Times Deutschland du 24 octobre
2002 l’objectif d’une « Europe libre et unie » doit s’articuler selon
les modalités suivantes. Après l’intégration de dix États en 2004 à
l’UE (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie,
Lituanie, Lettonie, Estonie, Chypre et Malte), les pourparlers
d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN devraient commencer en 2004, suivies
de ceux de la Serbie en 2005, de la Croatie et de l’Albanie en 2007.
En outre, selon cette feuille de route, les États-Unis
souhaiteraient l’adhésion de la Turquie à l’UE pour 2007. Enfin, le Financial Times Deutschland ajoute que l’intégration complète des Balkans et de l’Ukraine dans les institutions euro-atlantiques doit être achevée pour 2010.
Au moins, nous connaissons la date butoir des objectifs états-uniens.
Dans cette parcellisation européenne donnant la primauté politique
aux régions, aux dépens des nations, en liaison directe avec tous
les lobbies financiers de Bruxelles, l’Allemagne joue un rôle décisif.
En effet, à l’origine de la régionalisation en Europe (recommandation 34 (1997) du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe),
elle soumet le continent aux concepts institutionnels que les
Britanniques et États-Uniens lui ont imposés à la Conférence de
Postdam (11 juillet au 2 août 1945) et lors de la création de la
bizone d’occupation (2 décembre 1946). À l’époque, le rôle dévolu
aux Länders visait à la fois à rétablir les libertés supprimées par
le centralisme du IIIe Reich et à priver l’Allemagne du statut de
grande puissance. Ce dispositif avait été approuvé par la France qui,
selon le mot de Mauriac à propos des zones d’occupation, aimait tant
l’Allemagne qu’il préférait qu’il y en ait plusieurs. En outre, les
Anglo-Saxons figèrent ces institutions en sacralisant la Constitution
allemande et en créant une Cour constitutionnelle indépendante à
Karlsruhe.
Cependant la vassalité de l’Europe vis-à-vis des
États-Unis n’a plus de raison d’être depuis l’effondrement de l’Union
soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie. La classe
dirigeante allemande, quant à elle, se trouve partagée entre d’une
part ceux qui rêvent d’une puissance indépendante et qui se sont
exprimés en refusant de s’associer à l’attaque de l’Irak, et d’autre
part, ceux qui préfèrent minimiser les risques et jouer le rôle de
gouverneur délégué de l’Empire pour l’Europe. Ceux-là se sont
empressés de jouer les supplétifs dans le démembrement de la
Yougoslavie et dans la guerre du Kosovo. Dès lors, ces contradictions
pourraient trouver une solution en se débarrassant de la tutelle
états-unienne afin d’être seuls maîtres à bord, selon le bon vieux
« principe d’Iznogoud » (être calife à la place du calife). Tout
le problème réside dans la capacité des Anglo-Saxons à convaincre les
élites allemandes de jouer le rôle qu’il leur ont assigné dans le
nouvel ordre mondial
En tout cas, l’éclatement de l’Europe comme
le présente cette carte de l’ARE est encore transitoire. En effet,
l’émergence première des régions est le préalable avant de passer à
un autre niveau : le remaniement des frontières régionales en
fonction de critères économiques et ethniques. Dans le cadre de
l’interrégionalité, de nombreux regroupements sont possibles comme
par exemple entre les entités basques française et espagnole ou
encore entre l’Alsace et le Pays de Bade. C’est tout l’enjeu de la
carte élaborée par la commission européenne en 2002 [3].
En effet, l’objectif étant de créer un vaste marché économique de
libre-échange transatlantique, les technocrates bruxellois ont procédé
à des remaniements territoriaux afin de créer des groupes économiques
comme le stipulent les textes officiels : Interreg IIIB regroupe
désormais toutes les actions de coopération transnationale impliquant
les autorités nationales, régionales et locales et les autres
acteurs socio-économiques. L’objectif est de promouvoir l’intégration
territoriale au sein de grands groupes de régions européennes y
compris au-delà de l’Union des Quinze, de même qu’entre les États
membres et les pays candidats ou autres pays voisins, et à favoriser
ainsi un développement durable, équilibré et harmonieux de l’Union.
Une attention particulière est accordée notamment aux régions
ultrapériphériques et insulaires [4].
Cette révolution politique, géopolitique et sociale en Europe est
sur le point de franchir un pas décisif avec la reconnaissance d’une personnalité juridique
pour l’Union européenne. Ce qui peut apparaître comme
l’aboutissement d’un rêve d’unité contient en lui-même des éléments
qui, dans ce contexte particulier et en l’absence de garde-fous,
peuvent dériver vers le cauchemar de la Yougoslavisation généralisée.
Pierre Hillard
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