@Asinus
A vrai dire je réagissais plus quant aux motivations que vous supposiez aux
Nordistes. Concernant l’abandon par telle ou telle société de l’esclavage, il
est évident que les raisons/motivations économiques sont essentielles. Les
Brits ne deviendront abolitionnistes que dès lors que le commerce d’esclaves
n’aura plus d’intérêt pour eux (1. début de colonisation hors-Amérique donc
exploitation sur place des Africains 2. perte de l’Amérique du Nord) doublé du
fait que leur opposition à l’esclavage (flotte armée traquant les négriers) relevait
aussi d’intérêt stratégiques et militaires (guerre avec les USA> 1812,
conflit avec les puissances catholiques, Espagne/Am. Sud et Portugal/Brésil)
mais remarquons qu’en remplaçant le commerce d’esclaves par l’usage d’ « engagés »
ou coolies : ils ont clairement limité autant que possible le coût de cette
maindoeuvre « salariée ».
Quant aux USA, post-Sécession, les lois ségrégationnistes (essentiellement le
fait des Démocrates) ont-elles aussi visé à limiter au maximum le coût de cette
maindœuvre « salariée » (dans la pratique peu a véritablement changé au
niveau socioéconomique pour les Afroaméricains vivant sous Jim Crow). Concernant
le domaine islamique, vu que le salariat s’est imposé comme norme après la
révolte zendj (mélange de révolte servile et révolution sociale) : l’importance
« économique » du commerce d’esclaves n’était pas de même nature,
puisque l’économie n’était pas ’esclavagiste" comme dans l’Amérique de
l’ère coloniale : les esclaves étaient soit des esclaves-soldats, soit des
esclaves de « plaisance » (esclaves domestiques). Les problématiques
étaient donc différentes entre domaine occidental et domaine islamique. Partant
de là, dans un cas comme la Mauritanie il faut prendre compte aussi des aspects
socioculturels : notamment la persistance d’une forme de modèle « castique »
dont un des échelons est la classe servile : ici donc la problématique n’est pas
exclusivement ou fondamentalement économique.