@ Christian Labrune :
Point de vue très intéressant (le précédent ne l’était pas moins sauf que je ne partageais pas certaines de vos opinions).
« Je ne suis pas vraiment persuadé que le pervers narcissique - fatalement, j’en ai rencontré beaucoup, comme tout le monde - prend plaisir à faire souffrir autrui. »
Vous soulevez là un point crucial qui est l’une des causes du rejet de cette théorie : aussi incroyable que cela puisse paraître, le pervers narcissique prend plaisir à faire souffrir autrui. Mais c’est un plaisir spécifique, à « double détente » précise RACAMIER. C’est-à-dire que ce plaisir se consomme en deux temps, ce qui le distingue des perversions sexuelles qui lui se prend d’une seule traite. « Une disqualification première mets le moi dans l’embarras : premier temps de la jouissance perverse. La proie trébuche. Son embarra est alors complété par une disqualification subséquente, et c’est le deuxième temps de la jouissance. Il n’est pas de perversité sans ce redoublement » (d’après l’intervention de P.-C. RACAMIER présentant pour la première fois la perversion narcissique). L’exemple apocryphe le plus cité de ce coup redoublé est celui, et c’est curieux que vous le citiez, de Paul WATZALAWICK, élève de G. BATESON, lorsqu’il raconte l’histoire de la mère qui offre deux cravates à son fils (que je ne recopie pas pour ne pas rallonger ce message, car je suppose que vous devez le connaître).
Ce plaisir spécifique a été observé est qualifié sous différentes appellations, la plus courante étant peut-être celle de « joie maligne » (traduction de « schadenfreude » en allemand). On en retrouve également la description dans les travaux scientifiques sous les appellations de « jouissance dédaigneuse » (Red. MELOY, « Les psychopathes ») ou de « sourire du mensonge » (Paul EKMANN). C’est une expression si furtive qu’elle est quasiment impossible à décrypter pour un non-initié et si par malheur (pour le p.n.) elle l’était, cela serait totalement nié par l’intéressé, et ce avec un aplomb et une mauvaise foi que seul sont capables de mettre en scène ces personnalités. Tout cela bien évidemment sous couvert d’une fausse innocente. Ce qui aura pour conséquence de « sidérer » la victime de cette jouissance perverse (avant d’en connaître les expressions cliniques répandues, je la qualifiais de « sourire sardonique »).
Bref, il faut le voir pour le croire et une fois n’y suffit pas. C’est un des premiers nœuds gordiens que les victimes de ces individus doivent affronter pour réussir à se faire comprendre, mais c’est loin d’être le seul.
Je vous suis parfaitement dans la suite de votre message et en particulier pour ce qui est de la critique que vous portez à la psychanalyse, mais justement, et c’est l’un des grands mérites de Paul-Claude RACAMIER, et l’une des raisons pour lesquelles il est si décrié, même par ses pairs : il a su créer une brèche dans la doctrine pour sortir la psychanalyse du divan et la confronter aux réalités du terrain. En ce sens, il est l’un des plus grands précurseurs du renouveau de cette discipline et si son courant de pensée connaît les affres des critiques de certains conformistes (qui se sont endormis sur leur divan), il a su tracer une voie dans laquelle s’engouffrent désormais de plus en plus de praticiens. J’en discutai encore récemment avec une professionnelle, psychologue clinicienne de formation psychanalyste, qui critiquait cette appellation et qui n’a pas pu tenir longtemps ses positions face à l’évidence de ses carences.
Je vous rejoins également sur les paradigmes psychanalytiques que dénoncez, mais sans les renier pour autant (je dois justement ce changement d’opinion aux théories de P.-C. RACAMIER, qui m’a un peu réconcilié avec cette pratique), il y a bien d’autres théories qui, selon moi, suppléent (parfois en la complétant) la pratique psychanalytique, comme par exemple dans les théories dîtes « intégratives » ou « psychodynamiques » qui tentent de regrouper les connaissances des théories de l’attachement, systémiciennes (analyse transactionnelle et systémique) et intrapsychiques (psychanalyse) avec les apports des neurosciences et de la biologie humaine. Quand je dis que c’est tout un programme…
Juste une remarque pour finir ce long message. La théorie de la double contrainte telle que théorisée par G. BATESON reste parfaitement valable, sauf que de son temps la double contrainte n’incluait que des messages verbaux permettant de disqualifier son interlocuteur, et que désormais nous comprenons mieux l’impact de cette rhétorique dès lors que l’on y inclut la communication non-verbale, car il y a tant de façon de transmettre l’information qu’une analyse plus approfondi était nécessaire pour en saisir toutes les subtilités qui n’ont sûrement pas fini de se révéler à nous.
N’oublions pas que pour la physique quantique tout
n’est qu’information !
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