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Commentaire de Furax

sur Une fusillade de plus aux Etats-Unis... Merci la NRA !


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Furax Furax 17 décembre 2012 12:00

Chaque événement de ce type me rappelle un vieux souvenir tchadien.

Nous étions au début de l’année 1991. Hisseine Habré avait quitté la NDjaména . Les Zghawas, les Toubous d’Idriss Deby, s’étaient installées dans la capitale. Des véhicules pleins de jeunes gens et d’adolescents surarmés sillonnaient la ville à toute allure.

La vie avait repris son cours et les grèves et manifs qui vont avec. Les étudiants et lycées s’y étaient mis, comme toujours et partout, pour une raison que j’ai complètement oubliée. Comme nous habitions près du lycée Félix Eboué, LE lycée, nous avions été sortis du plumard par une forte rumeur de foule en colère. Et les tirs avaient commencé.

Quand ça barde, comme il n’existe pas de CRS, on envoie l’armée. Donc nos Toubous. Qui ne comprennent pas grand’ chose à ce qui se passe, donc qui tirent, mais pas fous non plus, « arrosent » les nuages. J’entends quand même quelques balles me siffler aux oreilles dans le jardin et l’idée de laisser les gosses traîner ici ne m’enthousiasme guère. Un coup de téléphone à l’école nous rassure : là-bas, la vie suit son cours ordinaire. Profitant d’un moment d’accalmie, nous partons en voiture.

Au retour, je roule derrière un 4X4 Toyota dont le plateau déborde de combattants Toubous en uniforme et en armes. Il stoppe brutalement à quelques dizaines de mètres de la maison.

Les gaillards giclent du véhicule en armant les kalachs et se mettent en position devant l’obstacle : une barrage d’étudiants hilares qui ont vite compris que la consigne pour ceux d’en face est de tirer en l’air. Il ne peut rien leur arriver, ils sont invulnérables !

Alors, un gamin se détache du groupe des « militaires ». Treize ou ou quatorze ans pas plus. Etonamment rond et grassouillet pour un toubou. Très calme, il sort d’un étui un pistolet nickelé énorme pour sa taille. Une arme de cinoche ! Il le lève et tire, droit vers le ciel. Eclat de rire général. Puis, en appui parfait, le descend lentement, toujours en tirant. Les étudiants se retrouvent à plat ventre avec des balles qui leur sifflent dans les cheveux. Lorsqu’il marque une pause, tout le monde décampe sans demander son reste. Pas une goutte de sang versé. Et je ne cesse de me demander ce que ce même face à face, étudiants ricanants/gosses armés aurait pu donner dans nos pays de haute et ancienne civilisation.

Et quelle maladie de l’âme, quelle faille de civilisation, pousse des gamins riches et cultivés à « tirer dans le tas ».


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