Cette impression tristement persistante que notre école vend du vent.... qu’elle est aussi malade que la société ...
Faut-il soigner d’abord la société ?
Juste faudrait-il que nous sachions où nous sommes
où nous en sommes et d’où nous parlons !
Si un agent de la force publique vous dit quelque chose« de travers »il aura l’impunité.
Quid de l’enseignant ?
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« Garder foi en l’Ecole », par Jacques Julliard après la journée de l’école du Nouvel Obs’
Comment faire pour qu’elle cesse d’être trop souvent une institution qui trie plus qu’elle ne promeut, qui exclut plus qu’elle n’encourage ?
Ne pas désespérer de l’Ecole, comme la tentation en existe aujourd’hui. Et pour cela, prendre conscience des défis auxquels elle est soumise, des obstacles qu’elle rencontre, des fausses querelles qui n’ont cessé de la traverser. [...] Les débats sur l’école sont si conventionnels, si ennuyeux : les républicains contre les pédagogues, les égalitaires contre les élitistes, les professionnels contre les généralistes, les obsédés des « moyens » contre les qualitatifs. On en passe…
La France, depuis la Révolution, s’est toujours conçue comme une « pédagocratie » ; l’Ecole y est regardée comme le lieu et l’agent du « salut social » (François Dubet). On lui demande trop, au risque de la détourner de son cœur de métier et de ses missions fondamentales : instruire, éduquer, insérer. La méritocratie, fondée sur le principe de l’égalité des chances, déçoit tous ceux qui en attendent une égalisation des conditions sociales. Or « l’école ne crée pas d’emplois » (Marie Duru-Bellat), elle s’adapte plus ou moins à un marché des emplois forcément inégalitaire.
De plus, la diplomanie, qui est le complément inévitable de la pédagocratie, rend l’Ecole anxiogène, tant les élèves ont le sentiment de tout jouer sur un coup. La violence scolaire, dont les causes sont nombreuses et qui est en train de remettre en question l’existence de l’école obligatoire comme institution fondamentale de la démocratie, est due en partie à une Ecole qui trie plus qu’elle ne promeut, qui exclut plus qu’elle n’encourage : une Ecole-raffinerie plus qu’une Ecole-pépinière (Patrick Fauconnier). D’où la haine de l’école chez beaucoup de jeunes. Et même la haine du savoir. Une société où la connaissance n’est plus qu’une simple prothèse de l’ignorance aboutit à une véritable « désintellectualisation » (Marcel Gauchet), à un « réensauvagement du monde » (Axel Khan).
Du reste, continue Gauchet, il n’y a rien d’anormal à ce que l’Ecole passe aujourd’hui par une crise, tant la mutation civilisationnelle que nous connaissons a modifié le contenu des connaissances nécessaires et les conditions d’entrée dans la vie. D’où l’existence de domaines névralgiques qui se situent à l’articulation de la famille et de l’Ecole, de l’autorité et de l’émancipation, de l’éducatif et du social. D’où la nécessité de réhabiliter les savoirs professionnels à l’égal des savoirs généraux (Richard Descoings) les apprentissages collectifs au même titre que les connaissances individuelles (Dominique Schnitzler). Il n’y a pas d’avenir pour l’école sans une réhabilitation du sens et des valeurs qui sous tendent les connaissances (Kahn) ; de la priorité à donner à la vie scolaire sur les éternelles réformes. Réhabiliter le travail scolaire, car « travailler, c’est déjà une éducation morale », s’écrie Antoine Prost, tandis que Mara Goyet, à travers l’éloge du néon, du pantalon et du livre ouvert, évoque poétiquement les conditions du bonheur d’enseigner.
Et les moyens ? Jack Lang, rejoint ici par Thierry Cadart, a vigoureusement dénoncé les effets démobilisateurs du pouvoir actuel qui camoufle les économies financières derrières de pseudos réformes. En sorte que la révolte de la communauté éducative tout entière contre celles-ci est fondamentalement un acte de foi dans l’Ecole.
J.J. en avril 2009
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cité par noodles