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Commentaire de JL

sur Les pervers narcissiques manipulateurs (suite)


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Francis, agnotologue JL 18 décembre 2012 09:23

Jason,

c’est curieux que vous me parliez de Knock ici, quand de mon coté j’en parle sur un autre fil. Mais il y a un lien évident : Knock est un maître manipulateur. Mais est-il pervers ? Est-il narcissique ? äs davantage que pour le Chist, rien n’est moins sûr.

De fait, comme je l’ai expliqué, la perversion comme la névrose relèvent d’une construction qui a pour socle une croyance erronée ou socialement jugée comme déviante. Par exemple, le pédophile ne fait pas de différence entre le comportement sexuel enfantin et l’adulte. Et c’est en quasi toute bonne foi qu’il se justifiera par le fait que « c’est l’enfant qui l’a séduit. »

Philippe Vergnes a tout mélangé : pervers, manipulateurs et pervers narcissiques, même si le plus souvent, les pervers narcissiques présentent les traits caractéristiques des manipulateurs. Ce qu’il est important de souligner, c’est que le manipulateur - et non pas celui qui manipule sciemment, comme Knock - ne sait pas qu’il manipule : pour lui, il n’y a aucune différence entre le bien et le mal ; il n’est pas immoral, il est amoral.

Et c’est le drame que nous fait vivre l’ultralibéralisme qui est le règne du « tout Marché », ce système amoral par nature et excellence. Et c’est pourquoi l’on peut dire avec Michel Rocard : « Oui à l’économie de marché (c’est la seule qui marche correctement), non à la société de marché (où tout s’achète, tout se vend). »

A ce sujet, il faut absolument lire ce court essai d’André Comte-Sponville : « Le Capitalisme est-il moral ?’ édité en 2006 au Livre de Poche, 6 euros).(André Comte-sponville) et dont voici la conclusion : »« Si l’éthique était source de profit, ce serait formidable : on n’aurait plus besoin de travailler, plus besoin d’entreprises, plus besoin du capitalisme – les bons sentiments suffiraient. Si l’économie était morale, ce serait formidable : on n’aurait plus besoin ni d’État ni de vertu – le marché suffirait. Mais cela n’est pas…. C’est parce que l’économie (notamment capitaliste) n’est pas plus morale que la morale n’est lucrative – distinction des ordres – que nous avons besoin des deux. Et c’est parce qu’elles ne suffisent ni l’une ni l’autre que nous avons besoin, tous, de politique. »

Et c’est parce que ce système amoral est aujourd’hui dans l’outrance, et c’est parce que ce système amoral (je parle du capitalisme) est contesté, que s’épanouissent pour en faire l’apologie, cette impressionnante armée de sophistes grassement payés qui pullulent dans les médias de masse : les éditocrates de la doxa.

« La sophistique ce n’est pas penser que rien n’est certain, mais penser que rien n’est vrai. Le scepticisme c’est le contraire du dogmatisme. La sophistique c’est le contraire du rationalisme, voire de la philosophie. » (A. Conte-Sponville) Les éditocrates sont capables d’affirmer tout et le contraire de tout, pourvu que ce soit en faveur du Marché et au détriment de la démocratie.

Le libéralisme, bâti sur le fameux « greed is good » (cf. La fable des abeilles), c’est l’apologie de la civilisation du ‘tout à l’ego’ comme l’écrit Dany-Robert Dufour dans son ouvrage (La cité perverse)

Extrait : «  La civilisation du ‘tout à l’ego’ : dans le domaine des arts, chacun affirmera son ego ; le domaine scientifique sera caractérisé par le relativisme et par le subjectivisme en sciences humaines, par la réduction systématique des phénomènes symboliques à des données de nature en sciences sociales (cognitivisme et sciences neuronales), et par le pragmatisme en philosophie. Le domaine politique, celui du gouvernement des hommes, ne sera plus défini comme étant le lieu au dessus des intérêts privés, mais comme le lieu investi et même surinvesti par les intérêts privés. Le gouvernement ne sera donc plus une instance qui décide en fonction de l’intérêt général, mais un lieu qui communique en racontant des histoires destinées à faire plaisir à ceux qui les écoutent – ce gouvernement doit avoir comme méthode le storytelling management, cependant que la tête de l’Etat pourra s’employer à donner des leçons de perversion, comme telles décomplexées, destinée à convaincre les derniers névrosés de s’autoriser enfin d’eux-mêmes. (Dany-Robert Dufour, P 312)


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