• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Eponymus

sur De la méthode participative et de ses aléas


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Eponymus Eponymus 8 février 2007 15:25

@ coolbaba et ocsena ; et autres contributions

Votre débat est très intéressant et illustre toute la problématique de cette affaire. Finalement à vous lire, je pense que le débat se situe sur la différence qui existe entre la démocratie et la démagogie.

Mais je vais y ajouter quelques remarques qui probablement compliquent encore plus le sujet.

A. Vous avez certainement noté l’étroitesse des différences dans les dernières élections majeures dans le monde démocratique : élections législatives américaines qui ont vu passer les démocrates malgré tout de justesse surtout au Sénat ; élections présidentielles Bush/Gore ; même Bush/Kerry, l’écart n’était pas faramineux : élections italiennes, Prodi de justesse ; élections allemandes, très juste, c’est le moins que l’on puisse dire.

Finalement à peu près partout, nous avons en gros un 50/50 et parfois même une victoire « aux tirs au but ». A chaque fois deux visions diamétralement opposées étaient en présence. Alors franchement, bien que l’on sache que c’est la règle du jeu... qui a raison lorsque ces deux visions sont séparées d’un ou deux points dans l’opinion ?

B. J’ai vécu, avant de faire ce que je fais aujourd’hui, une expérience plutôt intéressante dans une entreprise (PMI) dans laquelle j’étais cadre. Lorsqu’il y avait des décisions importantes à prendre, le boss demandait les propositions de chaque départements par rapport à un objectif. Une fois le projet élaboré en compilant les différents apports, le projet était soumis à l’assemblée des cadres au cours d’une réunion. Lorsque, par exemple, un seul s’opposait au projet, le boss au lieu de le disqualifier du fait de sa position extrêmement minoritaire, considérait sa contribution valide à priori (à moins qu’elle ne puisse être balayée en deux mots et que ce cadre en convenait finalement) et elle était intégrée à l’ensemble en modifiant le projet s’il le fallait jusqu’à obtenir une unanimité. Franchement, j’appréciais beaucoup cet environnement de travail, que je considérais à l’époque comme une sorte de démocratie intelligente. Ce patron m’avait un jour confié qu’il avait souvent remarqué que c’était le type tout minoritaire qu’il fut qui avait souvent raison : pour oser la ramener face à une majorité, c’est qu’il était sur de son fait. Certes, certes, certes... on ne dirige pas un pays comme une PMI, mais combien d’opposants à la guerre en Irak en 2004 aux USA - combien sont ils aujourd’hui une fois le bourbier évident ?

C. Dans l’euphorie de la victoire en 1940, je me demande le résultat d’un référendum en Allemagne même à bulletins secrets proposant la déportation massive des juifs dans des camps ! Mon exemple est bêtement caricatural, mais autrement dit, on vote en fonction des infos que l’on reçoit, de la propagande, de ses connaissances, de l’évolution et d’une certaine pression de la part de l’opinion ambiante, etc... L’opinion est terriblement versatile et manipulable. Elle l’est aussi beaucoup moins quand elle est éduquée, très informée et quand ses sources d’infos permettent aux minorité d’être audibles.

En résumé, en reconsidérant la phrase de Churchill citée dans ce forum, j’en viens progressivement à penser que le problème ne réside pas tant dans le système que dans les individualités qui la compose. Comme s’il y avait une sorte de qualité variable de la démocratie en fonction des populations. Plus une population est informée, éduquée, consciente de l’existence de facteurs autres que certains avantages catégoriels, etc. plus son pays se rapproche de l’idéal démocratique et plus il a de chances de mettre en oeuvre les bonnes solutions. Plus un gouvernement gouverne dans l’opacité et le flou, plus il est dangereux. Plus un gouvernement gouverne pour les seuls 51% d’individus qui l’ont élu ou systématiquement en faveur de la majorité d’opinion, plus il se plante. Un gouvernement qui ne consulte pas, qui n’écoute pas, qui n’entends pas les difficultés ou les aspirations de sa population, se plante tout aussi assurément.

Un peu en forme de conclusion : et si un des meilleurs outils démocratiques en dehors des urnes, ou en complément des urnes, n’était pas quelque chose comme Agoravox avec ses bons et ses mauvais articles, avec ses opinions contradictoires, avec parfois ses « trollitudes » mais aussi ses critiques construites ?


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès