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Commentaire de easy

sur Le gouvernement français peut-il couper internet en cas de French Revolution ?


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easy easy 19 décembre 2012 17:02

Je fais partie de ceux qui n’ont aucun projet.

Pour des raisons ontologiques, je suis agissant au niveau privé et clientèle mais pas au niveau Social. 
En gros, la Société peut faire ce qu’elle veut, ça m’est égal, je m’adapterai.

Ça ne veut pas dire que je n’aie pas des préférences Sociales mais seulement que je me sens microscopique face à la masse énorme d’inconnus qui font la Société et que je ne me vois pas jouer un rôle de leader de Mouvement en traînant des inconnus dont j’ignore le corps vers quelque projet.

Si je connais le corps des gens, je peux mesurer leurs limites et ne proposer que des projets en conséquence, ne faisant appel qu’à ce que je perçois de leur réserves physiques et en surveillant constamment ce qu’il leur reste de forces.
Si je ne connais pas leur corps, j’estime qu’ils le soumettent déjà au maximum de ses possibilité et je n’ose pas leur dire qu’il faut le sacrifier plus pour je ne sais quelle raison.

Je n’aurais jamais osé lancer, par le seul logos adressé à une masse dont j’ignore tout des corps, l’ethos selon lequel « Il faut travailler plus pour gagner plus »

Je ne pourrais jamais exhorter des inconnus à forcer tant leur corps que celui de quiconque leur apparaîtra paresseux


Alors Net ou pas, bof.
Ce qui ne m’empêche pas de l’apprécier et même d’y participer quand il est là.

Du coup, j’en arrive à percevoir des avantages à ce qu’il disparaisse, le Net

Car si notre Netisation se poursuit, nous n’allons bientôt plus communiquer que par le logos



Lorsque deux sauvages se font face sous quelque tipi, ils communiquent tant par un logos que par leur corps. Leur logos est même marqué par leur voix issue de leur corps et il y a des accents et intonations, des rythmes et prosodies globales (hors le seul prononcé). C’est un logos sensible qui joue de feed-back avec l’interlocuteur.

Ne plus communiquer que par le Net, surtout si nous passons au clavier relié au cerveau, revient à ne plus communiquer que par notre seule pensée.

Nous serions déjà totalement intellectuels s’il ne nous restait quelque besoin de bouffer et de pisser (Ce que déjà, grâce au biais de l’argent, voire des rentes, peut se réaliser tout seul, chacun dans son petit coin, sans avoir à ouvrir la mouche ou à serrer la moindre main)

A mon sens, le fait de devenir hyper intellectuels ne peut pas être bon

Etre intellectuel ne veut pas dire être un excellent penseur mais seulement un très penseur.

Car la seule chose que l’intellectualisme peut pousser au paroxysme n’est pas la corporalité, c’est le Nomos (la Loi), par le biais de l’ethos (l’Ethique) et par l’outil Logos



Pathos existe au naturel en chacun. C’est le coeur, les tripes. Pathos pleure, rit, redoute, désire, craint, compatit, jalouse, envie. Comme c’est quelque chose qui vient de soi, ça ne peut pas dépasser l’envergure d’une personne. Nul ne pouvant porter deux fois sa propre charge, chacun aide mais avec une limite. Pathos peut pousser à tuer mais seulement la personne qui touche au coeur. Pathos, c’est ce qui pousse au meutre passionnel et à la vengeance, rien de plus.
Pathos est très privatif et il n’existe donc pas de code des passions affectives.


Ethos n’existe pas au naturel. C’est quelque chose qui ne vient que du collectif. Le laid, le beau, le bien, le mal, le magnifique, le vilain, le dégoutant, le vicieux, l’honneur, la honte, tout cela est vu (intellectuellement vu ou perçu) uniquement par le biais du réseau collectif. Le réseau codifie ethos. 
Sans une éducation, sans un raccordement au réseau, au allstream, aucun de nous n’aurait d’éthique et en ignorerait le concept (qui est probablement né autour des câlins ou plutôt autour de l’enfantement, protection du bébé, peut-être aussi autour du partage collectif du gibier) . Une des éthiques nées d’ethos c’est « Chacun doit être prêt à tuer et à mourir pour la Patrie »

Or ethos, qui peut donc très bien se contenter du pur logos, donc du Net, peut consister par exemple à dire, comme Rudyard Kipling l’avait dit à son fils Jack, Si tu n’es pas super éthique, tu ne seras pas un homme.
Jack a été si persuadé par son père prestigieux que son corps comptait moins que sa pensée en ce qu’elle était hyper éthique, qu’il a fait des pieds et des mains pour se faire engager comme soldat alors que l’armée anglaise l’estimait inapte. 
Ce garçon de 18 ans, convaincu par le logos de son père que l’ethos etait à placer au-dessus du corps, au-dessus du pathos, a explosé en poussières dès sa première sortie de tranchée, en France.
Rudyard a eu le reste de sa vie pour méditer sur les conséquences du magnifique poème If qu’il avait offert à Jack pour son treizième anniversaire. Et c’est dans les yeux de son épouse qu’il a dû trouver le miroir lui montrant qu’il avait été fou d’ethos 


Je remarque qu’autour d’un momument aux morts, les mères se plient et pleurent (pathos naturel) pendant que les hommes bombent le torse (ethos social)

Hitler avait un peu travaillé sur le pathos des Allemands en évoquant leur ventre vide. Mais 99% de son logos allait à soutenir un ethos « Nous sommes éthiques, ils ne le sont pas »
Louis XIV a également tout misé sur ethos, Napoléon aussi, Cicéron aussi




Le Net ne résout rien des ventres, rien du corps. Il ne me permet même pas de servir un verre d’eau à un assoiffé. Il ne me permet même pas de tenir la main d’un mourrant. Le peu de physis qu’il peut transmettre passe par le biais de l’intellectualisation.
« Je pense qu’il me tient la main, ça me fait du bien ». L’épistolaire, l’assag, ça va bien trois minutes mais le corps doit pouvoir exulter du contact physique.

Le Net ne sert en rien physis mais il est le terreau idéal d’ethos puisque l’éthos ne surgit que du logos et que le Net c’est du logos, rien que du logos, en sa forme la moins corporelle, la moins physique (Il y a bien vos doigts qui ont bougé pour écrire ce que le lis ici mais je ne les vois qu’intellectuellement et sans aucune distinction entre vous tous)

Le Net ayant une très forte potentialité ethique, l’éthique pouvant passer hyper collective, n’ayant alors aucune limite puisqu’elle peut ignorer les corps et se moquer des limites physiques, il est le meilleur véhicule des incantations à quelque nuit de cristal où il s’agira de dénier des corps.

Seul obstacle à ce risque majeur du Net, sa diversité des entrées et sorties.

C’est uniquement sa caractéristique d’hyper réseau qui annihile sa super dangerosité.
Mais du coup, comme nous le considérons tous non dangereux en raison de cette diversification extrême des intervenants, nous l’embrassons et devenons tranquillement de plus en plus intellectuels, éthiques

Ce qui veut dire qu’il suffirait que le Net soit monopolisé par un seul intervenant pour que nous nous lancions dans un lynchage en quelques heures. 

Pétris de logos et d’intellectualisation que nous sommes devenus, nous nous lancerons en un rien de temps dans une seule direction éthique qu’aura lancé un Net-pensée unique, une radio pensée unique, une télé ou n’importe quel média dirigé en pensée unique.
Et si ce n’est pas la totalité des internautes qui embarqueront dans cet éthique unique, ce sera bien la moitié, ce qui suffira amplement à quelque pogrom.

A l’époque les hitler, mao, staline toussa, ces manipulateurs avaient affaire à des gens dont beaucoup avaient le ventre vide. Il n’était pas trop facile de brancher des affamés sur ethos « Oubliez vos ventres et attaquez l’ennemi » . Mais ils ont tout de même réussi à hypnotiser suffisamment d’affamés pour lancer leur grand nettoyage éthique


De nos jours que nos ventres sont rarement vides, nos pensées sont bien plus disponibles à quelque superbe Programme Ethique 




Moins de Net, par la grâce de quelque panne organisée, sans incantation à une Ethique unique d’autre part, nous ramènerait à plus de considération pour nos corps.

Le Net tenu par une pense unique serait très dangereux mais tel qu’il est en moulin ouvert à toutes les idées, il nous sépare déjà de notre corps.

Le Nomos, la Loi, avait autrefois jugé les gens par leur corps à qui on accordait actes et pensées mauvaises. Ah les Barbares, Ah les Vikings, Ah les Nègres
Puis le Nomos Social a jugé les gens par leurs actes en leur accordant des pensées mauvaises (croisades vers le Levant)
Puis L’inquisition, le communisme, le maccartysme ont jugé les gens non sur leur corps, non sur leurs gestes mais sur leurs seules pensées considérées mauvaises.


Jusque là, ce qu’on appelait pensée de quelqu’un c’était Toute sa pensée, disons son allstream intérieur.


Le Net, surtout en ce genre de forum, nous conduit à exposer non pas notre allstream intérieur, non pas notre pensée globale (Qu’une religiosité synthétisait en grande partie) mais des miettes de notre pensée. 
Ici, on peut débattre de nos pensées au sujet des cuillères en plastique bleu. Au sujet d’un film, au sujet d’un horaire de piscine.

Avec le Net, ce n’est pas le corps entier qui est jugé, ce n’est pas la somme des actes qui est jugée, ce n’est pas non plus la somme de nos pensées qui est jugée mais seulement une de nos pensées sur un sujet précis (Genre 11/09 qui est aposématique à beaucoup et dont je n’ai rien à cirer) 


Nous sommes hyper éclatés, et nous nous jugeons mutuellement sur une moindre miette d’idée
Comme notre globalité est hyper déniée, notre corps peut être lynché pour une miette de pensée. Un type lance une assertion sur le Net et voit soudain fondre sur lui une meute énorme.

Buzz autour d’une poussière d’idée.

Dans ces conditions, à moins de neutraliser parfaitement sa devanture, de la mainstreamer complètement pour ne jamais faire relief, il est impossible de garder des amis plus de deux jours.

 
Lorsqu’on est trop intellectuel, donc trop logos donc trop éthique et hyperéthique sur un sujet pointu (genre : je dois absolument gagner ce game sur Ken’s Rage 2 sinon c’est la honte), on en vient à maltraiter tous les corps, tant celui des autres que le sien. On en vient tant à suicider le corps d’un autre que le sien.
 
Les tueries entreprises par des individus pourtant isolés en sont la conséquence


Autant rappeler que Salomon avait privilégié l’unité du corps du bébé par dessus tout.
Il avait accordé le bébé non à celle qui prononçait un beau logos soutenant une superbe éthique, mais à celle qui a dit « Le bébé doit rester entier » et tant pis pour l’éthique, tant pis pour la Justice 
Car rien ne prouve que ce soit la vraie mère qui ait obtenu ce bébé.
Détail qui semble avoir échappé à beaucoup. Chacun préférant croire que c’est la Justice qui l’a emporté, donc que c’est la vraie mère qui a récupéré le bébé.

Salomon a certes profité de son pouvoir régalien pour juger définitivement mais il a renoncé illico à la Justice au profit du principe naturel selon lequel un corps était à considérer entier. 
Ce jugement de Salomon est sublime parce qu’il a dépassé la notion de Justice Sociale au profit de la nature. Il a agit sur la relation mais non-agit sur la nature qui a pour habitude de livrer des individus entiers.


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