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Commentaire de Onecinikiou

sur Quand Staline planifiait la Grande famine d'Ukraine


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Onecinikiou 29 décembre 2012 00:38

Connolly,


En nom de quoi diable et en vertu de quel principe rationnel et intelligible par tous le socialisme ne serait-il pas assimilable à une idéologie (thèse qui sert d’assise à votre démonstration) en ne remplissant le plupart sinon tous ses critères objectifs de définition ? 

Ne serait-ce d’ailleurs qu’en miroir de votre postulat qui sous-tend, a contrario, que le nazisme et fascisme seraient eux des idéologies (évidemment pour mieux les disqualifier) - ce qu’ils sont incontestablement - c’est à dire encore des constructions intellectuelles plus ou moins cohérentes visant à expliquer et justifier un ordre social existant (encore faudrait-il rigoureusement le définir) à partir de raisons qui peuvent être naturelles, philosophiques et religieuses ; quand précisément le socialisme au sens large, construction intellectuelle s’il en est, tend tout autant à expliquer et justifier un ordre social souhaité - pour ne pas dire idéalisé - à partir de raisons non moins naturelles, philosophiques, et bien entendu humanistes... ?!

Cela n’a pas de sens.

D’ailleurs le matérialisme historique, qui est rappelons-le l’un des postulat de base, l’un des piliers essentiels et fondateurs du marxisme - marxisme qui a lui-même considérablement influencé l’épopée socialiste et réformé son cadre de pensée - n’est-il pas porteur en son sein, lui qui avait même jusqu’il y a peu (c’est à dire jusqu’à la faillite achevée des modèles politco-économiques qui en étaient porteurs) prétention à la scientificité (avec des résultats à peu près inverses de ce qu’il promettait originellement), n’est-il pas porteur donc de tous les avatars de l’idéologie la plus cristalline, et je rajouterai même la plus funeste ? Poser la question c’est y répondre.

Sachez bien une chose : l’humanisme, et partant de là le socialisme qui en est l’extension logique, comportent déjà, en eux-même, des présupposés éminemment idéologiques. Et un réductionnisme (à travers donc cette conception matérialiste de l’histoire) qui ne l’est certainement pas moins. Pour preuve, et même si l’idée que des classes sociales aux intérêts antagonistes (qui donc doivent lutter entre elles en instaurant préalablement un rapport de force) existe et il n’est pas question ici de le nier, ce réductionnisme à ce seul et unique aspect est on ne peut plus battu en brèche par une rapide étude ne serait-ce que géopolitique du dernier siècle passé. 

Car on ne saurait comprendre alors pourquoi deux pays - l’URSS et la Chine pour ne prendre qu’un exemple parmi les plus parlant - communistes l’une et l’autre et donc acquis aux mêmes préceptes idéologiques, se seraient autant employées l’une CONTRE l’autre cette fois tout au long d’une bonne partie de la guerre froide, au risque même de déclencher à plusieurs reprises le feu nucléaire, on ne saurait donc le comprendre et l’expliquer si l’on se résignait à ne percevoir le réel qu’à travers le prisme et grille de lecture marxisant et socialisant. 

En réalité, et bien évidemment, d’autres paramètres sont à prendre en compte. 

Certains peuvent êtres tout autant idéologiques par ailleurs, religieux par exemple et qui est fondamentalement un des moteurs de l’histoire au moins aussi important que ne peut l’être la lutte des classes (d’aucuns diraient même incommensurablement plus puissant car fédérateur), mais pas seulement, car il y a aussi des permanences géopolitiques et autres constantes culturelles motivées par - et pour - des raisons d’ordre beaucoup plus anthropologique, et qui ne sont pas exactement soumises aux mêmes déterminismes historiques.

Au plaisir de vous lire.

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