Il y aurait une règle assez simple à respecter en toutes circonstances : on peut juger/critiquer des paroles et des actes mais on devrait s’interdire de juger des personnes sur ce qu’ils sont.
Il me semble que ça change tout y compris le regard qu’on porte sur soi-même et sur les autres.
Mais c’est vrai qu’on se laisse assez facilement « emporter » mais que l’émotion peut également se comprendre puisque l’Autre est également notre semblable.
« Changer de regard » consiste simplement, lorsqu’on émet un jugement/ une critique à se poser la question : est-ce que je m’attaque à des actes, à des paroles ou à l’être lui-même ?
Pour l’éducation d’un enfant, on dira « ce que tu viens de faire est ceci ou cela » et non pas « tu es - mettons - le fils de ton père, ta mère ou ta grand-mère etc » (référence : Françoise Dolto)
On n’a pas à juger ou s’attaquer de/à ce qu’est une personne, son histoire, son « être » (ce qui est une forme de façon de « tuer l’autre, notre semblable »), mais bien de poursuivre l’instauration de la dialectique (donc de la différence).
Ce qui amène à revisiter cet épisode de la Tour de Babel : « ils parlaient tous une même langue » (sous entendu, ils étaient tous d’accord, n’avaient aucune différence, n’avaient plus besoin de parler) jusqu’à ce que cet « accord tacite » n’amène, pour certaines interprétations : le désastre de la discorde, pour d’autres : la bénédiction d’une altérité retrouvée... (Marie Balmary dans « le sacrifice interdit »)