Laisser faire la nature, c’est très bien, mais l’amélioration des conditions de vie a tout de même rendu nos contemporains un peu plus résistants aux maladies que les hommes du passé. Si on veut absolument, comme il semble dans cette page, faire diminuer la population globale de la planète, pour pouvoir peut-être enfin restituer cette dernière à des espèces préférables à l’homme (c’est le fantasme de tous les écologistes !), il n’est pas certain qu’il suffise d’arrêter les vaccinations.
Au milieu du XIVe siècle, en moins de dix ans, la peste noire avait réussi à éliminer plus d’un tiers de la population européenne. Remarquable résultat, et très enthousiasmant, qu’on n’obtiendra pas du jour au lendemain en supprimant toutes les vaccinations, et pas seulement celle contre la petite vérole.
C’est assez fascinant, les maladies. Rien n’est plus séduisant pour l’esprit que la belle description, dans un traité de sémiologie médicale, d’une évolution qui conduit inévitablement, et par palliers successifs, des premiers symptômes à la mort. Autrefois, la syphillis, par exemple, était un admirable drame en quatre actes, fort littéraire et quelque peu tragique. On pouvait espérer que le sida lui ressemblerait un peu, mais il paraît, hélas, qu’on commence à moins en mourir. On peut avoir la nostalgie d’une époque où la médecine était totalement impuissante, et où la maladie dictait superbement sa loi. Louis XV mourant à Versailles de sa petite vérole, ça n’était certes pas sans charme, au troisième quart du siècle des Lumières.
Cela dit, la médecine m’a quand même plusieurs fois tiré d’affaire, et des pattes de la sale nature ; je ne lui en veux donc pas tant que cela. Laissons faire la médecine !