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Commentaire de ZEN

sur Belgique : j'y vais, une fois...


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ZEN ZEN 5 janvier 2013 17:22

Fergus, bonjour
Attention à toi !
Des amis belges fréquentent ces lieux...
A propos de Depardieu, qui chante maintenant :  j’ai deux amours, le beaujolais et la vodka...
Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer le billet de Anna Lebedev, paru aujourd’hui sur Médiapart (pas de consultation gratuite) :

Cher Monsieur Depardieu,

Je vous remercie de tout coeur d’avoir demandé et accepté la citoyenneté russe. Un grand geste dans un moment où – c’est curieux – tant de Russes cherchent à s’installer ailleurs et à prendre la nationalité d’un autre pays. Une histoire de pression fiscale, j’imagine.

La Russie a besoin d’hommes comme vous qui l’aiment et croient à son avenir. Des hommes qui iront s’installer au bord des forêts de bouleaux, dans des cabanes prêtées par Gosfilmofond1. Comme je vous vois déjà, Monsieur Depardieu, retroussant les manches, tel un bûcheron, dur à la tâche au service de son nouveau pays. Bouleaux et vignobles, même combat.

J’avoue : comme beaucoup j’avais d’abord pensé que des raisons bassement matérielles vous poussaient à prendre la nationalité russe. Depuis que je sais que seuls les résidents du territoire russe (six mois plus un jour de séjour effectif par an) étaient imposés aux conditions locales, j’ai compris que vous alliez planter solidement vos racines entre les bouleaux. Que vous aimiez la Russie sincèrement ou fiscalement, il va vous falloir y passer un peu de temps.

Autant qu’on vous mette un peu au courant du climat local.

Je vous soupçonne, cher Monsieur Depardieu, d’avoir suivi de loin l’actualité récente de votre nouvelle patrie. Et pourtant, quelle perspicacité !

Il n’y a que des grands sentiments en Russie, écrivez-vous. Comme c’est vrai. En ce moment, par exemple, ceux qui tiennent le haut du pavé sont la haine féroce et l’indifférence glaciale. Du beau, du théâtral, du sur mesure pour vous. L’objet ? Mais l’objet vous importe-t-il ?

Il porte pourtant un joli nom : « La loi cannibale ». Je n’entre pas dans le détail, vous aurez bien l’occasion d’entendre parler de ça, une fois installé dans votre cabane. En gros, ça consiste à laisser mourir quelques milliers d’enfants handicapés dans les orphelinats russes pour montrer aux Etats-Unis que la Russie est une grande puissance. Vous ne voyez pas le lien logique ? C’est normal, on est au pays des grands sentiments, pas chez les minables cartésiens.

Il y a quelques mois, une petite comptine circulait sur le web russe :

« Sans façons, au petit déjeuner

Poutine croque des bébés

Mais un seul, un peu tordu,

Par Chulpan sera secouru. »2

Aujourd’hui, au revoir Chulpan ; le bébé tordu ira lui aussi dans la bouche de l’ogre.

Je dois vous dire mon cher Monsieur Depardieu que vous arrivez au bon moment. Jamais je n’ai entendu les intellectuels, artistes, penseurs, simples citoyens ouvrir autant les vannes et crier aussi fort dans tous les médias où c’est possible : « Soyez maudits ! Toi Poutine et vous ses zombies parlementaires, que le sort de chacun de ces enfants soit mis dans la balance quand vous passerez devant le Juge suprême. Que vos enfants restent sans descendance, que vos femmes meurent seules, que vos maisons brûlent... » On est pourtant assez retenus chez les Russes, « beaucoup de pudeur » comme vous avez si joliment écrit. Mais pas dans ce cas-là : argumenter et militer n’est pas d’actualité. Car de l’autre côté, le froid est glacial et tout argument se heurte à une indifférence indestructible.

C’est pas cinématographique, ça, mon cher Monsieur Depardieu ? Je suis sûre que vous allez aimer.

Oh, juste un petit conseil avant votre installation. Essayez de ne pas venir avec des proches et évitez surtout d’amener avec vous femmes et enfants. Car la Russie, on sait quand on arrive, mais on ne sait pas quand on repartira. Votre papa écoutait des radios soviétiques, il a dû vous parler des communistes français, anglais, espagnols etc. qui ont choisi de participer à la construction de l’Union soviétique et se sont installés dans ce pays. Je ne voudrais pas vous inquiéter, mais une grande partie d’entre eux ont fini fusillés ou condamnés à des années de camp. Quand on est comme vous un homme de conviction, ça va – « dans un pays aussi grand on n’est jamais seul », même dans un camp - mais c’est un peu embêtant pour les familles. Tenez, puisqu’on parlait d’enfants handicapés, lisez donc le petit livre « Blanc sur Noir » de Ruben Gonzalez Gallego. Un écrivain russe, si si, tout comme vous serez un acteur russe d’ici peu.

Cher Monsieur Depardieu, de grandes aventures vous attendent.

« Spasibo ! (Merci !) ».

(Merci à Mediapart)


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