Fabienm, j’apprécie votre bonne volonté, et le sens de vos conclusions, mais je vous trouve un peu léger. Dans le vrai, mais léger.
Sans refaire la tirade de Cyrano... « On pouvait dire... oh ! Dieu !... bien des choses en somme. »
Allez, quelques pistes :
Sur le lien entre filiation et procréation, bravo : c’est bien ça qu’il faut répondre : l’adoption instaure un rapport fictif pour remplacer une impossibilité naturelle. Mais allons plus loin : le mariage instaure une présomption de paternité : les enfants nés du mariage sont présumés du mari. C’est pas une jolie fiction juridique aussi, ça ? Admettons que ce soit le cas général, ce sur quoi s’appuient un peu les gens qui pensent que le droit doit reproduire les lois naturelles... Est-ce que cette présomption a vocation à redire en mot ce que la nature dit dans les faits ? Exactement non. Sa vocation est justement de jouer quand le mari n’est pas le géniteur, histoire qu’il ne se défile pas de ses obligations alimentaires et de ses responsabilités éducatives. La loi n’a pas à dire la vérité ou copier la nature. Son rôle est d’imposer des mensonges : la ligne blanche, sur la route, est infranchissable ! Une personne qui n’a pas encore été jugée est innocente ! Les hommes sont égaux ! La lumière rouge au croisement, arrête les véhicule avec ses petits bras musclés ! Un mariage, c’est deux personnes qui échangent leurs consentements, quel que soit leur sexe ! Deux hommes peuvent avoir un enfant ! Pourquoi pas ? Il n’est pas dans la nature de la loi d’être astreinte à la vérité. Du reste, a-t-on besoin de loi pour interdire ce qui est vraiment impossible ? non ! Un exemple ? Montrez-moi la loi qui m’interdit de me téléporter sur Mars ! Je suis libre de le faire ! Il me suffit de m’en donner les moyens.
Tiens une nuance utile, au passage : ce n’est pas un droit, de se téléporter sur Mars. Ce serait le cas, je pourrais me plaindre en justice de ne pas y arriver. C’est une liberté, et si je n’y arrive pas, je ne peux m’en prendre qu’à moi.
Mais restons-en donc à la fiction juridique : le lien de filiation est fictif. Et passons dans la foulée à l’argument deux : le mariage entre deux personnes sans considération de sexe, c’est tout aussi admissible, même si c’est tout aussi fictif. Ce sera entre personnes de sexes différents dans le cas général, et il y aura des cas particuliers, voilà tout.
Pour le trois, je vais devoir le reformuler un peu. L’enfant en bas âge, adopté ou non, n’a pas le choix de ses parents. L’absence de discrimination, c’est qu’il ne puisse pas refuser les parents qu’on lui propose, et surtout pas à cause de leur sexe !
Mais en fait l’argument dont vous parlez, lorsqu’on l’entend, c’est plutôt le sous-entendu infamant que les personnes de même sexe pourraient être, par nature, de pire parents que ceux qui sont actuellement les seuls à pouvoir se marier. C’est juste un préjugé homophobe. Et comme il y a aussi quelques homophobes rétrogrades parmi les psy, on en exhibe un ou deux pour faire passer ça pour autre chose... mais non, résolument, je ne vois pas comment on peut faire passer ça pour autre chose que de l’homophobie primaire. En témoignent les 30 000 enfants recensés en 2008 dans une réponse ministérielle, dont je ne sache pas qu’ils viendraient grossir l’effectif des prisons et des asiles, et le fait que les pays qui ouvrent le mariage aux personnes de même sexe n’aient pas sombré dans les abysses infernales.
On rappelle au passage que si les enfants de personnes de même sexe peuvent présenter une différence par rapport à ceux qui ont un papa et une maman, c’est que ces derniers n’ont pas la certitude d’avoir été désirés.
Sur l’argument 4, une remarque : l’amour n’a rien à voir. ce n’est pas une notion juridique recevable. On ne parle pas d’amour mais juste de consentement mutuel. Rien qu’en utilisant ces termes, on arrête d’être bêtement caricatural. Et de se tirer une balle dans le pied aussi, pour ceux des railleurs de l’amour qui se prétendraient chrétiens...
Le consentement entre 18 personnes, c’est, si je ne me plante pas, 153 consentements mutuels, dont un sur deux menace de finir en divorce et pas forcément les autres. Va régler la garde alternée du poisson rouge dans ces conditions ! C’est pas demain la veille que le droit ratifiera un tel merdier.
Pour l’inceste, il faut bien comprendre que la famille est un sanctuaire où l’Etat, quand il est démocratique et, plus encore, un état de droit, s’interdit d’intervenir, sauf cas immensément grave. Sinon, pas de contrôle d’identité, de vérification des lectures, de visite de contrôle... C’est une garantie que le lieu privilégié où se forge l’opinion, la personnalité, l’usage de la liberté est protégé des pressions policières et de l’arbitraire de la force publique.
Lieu protégé et sans contrôle, il devient le pire lieu d’initiation sexuelle des mineurs si l’on n’y prend garde. pour éviter ça, une seule solution : ne donner aucune légitimité, ne jamais rien excuser de ce qui pourrait se passer de relation sexuelle entre personnes de même famille, ou plus largement dans le cadre familial, sans que l’absence de filiation génétique ne soit une excuse, sans que l’age et le consentement des personnes conservées soient une excuse... en fait, sans que rien soit une excuse. On ne veut surtout pas donner des excuses aux putain de fumiers de pédophiles qui profitent du cadre familial pour commettre leur crime. C’est de ça que ceux qui prônent la légalisation de l’inceste se feraient complice, et c’est donc aussi pourquoi le mariage incestueux n’est pas prêt d’être légalisé.
Aucune de ces deux séries d’arguments ne s’applique au mariage entre personnes de même sexe. Fin de la démonstration.
Voilà. J’admets que les arguments contre la réforme ne volent pas tous haut, mais ce n’est pas une raison pour ne pas prendre de la hauteur quand on y répond.Si des gens sont indécis, la moindre des choses qu’on puisse faire, c’est bien de leur proposer des débats de qualité.
Ça n’enlève quand même rien à ta conclusion que je partage : rien ne justifie de réserver le mariage aux seules personnes qui se prétendent plus normales que les autres. "Que deux êtres qui ont envie
de tenter leur chance ensemble aient les mêmes droits que tout le monde,
ça me paraît équitable, voire sain". je suis pleinement d’accord.
14/01 18:18 - Aurore
lulupipistrelle : Oui justement j’en connais , la fille d’un couple d’amies (...)
14/01 10:39 - Aurore
Non seulement c’est totalement faux mais en plus les backroom ça existe aussi dans les (...)
14/01 10:32 - Aurore
@Anakin : Je partage totalement cet avis, qui sommes nous pour dire ce qui est légitime et ce (...)
14/01 08:30 - Fabienm
14/01 01:15 - Anakin
Bonjour C’est extraordinaire de lire sans cesse que l’envie d’enfant des (...)
14/01 01:10 - Anakin
Bonjour monsieur Marmor Je suis allé voir la signification de « backroom » et je n’ai (...)
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