Dans un excellent article dernièrement paru dans le journal Le Devoir, sous la plume de Louis-Gilles Francoeur, l’histoire de la chasse aux phoques est décortiquée dans tous les sens. Le problème environnemental avancé par madame Bardot, en ce qui a trait à la chasse aux phoques, fait abstraction de beaucoup de données mises de côté par l’activiste. Sans besoin de dire qu’il est aberrant de soutenir au même niveau l’état du troupeau de phoque et celui des grandes problématiques environnementales, le nombre de ce troupeau, estimé aujourd’hui à plus de 5,8 millions, est loin d’être en souffrance. De plus, cette surpopulation devient un problème de prédateurs compte tenu de la toujours amincissante quantité de morue dans nos océans.
Monsieur Francoeur nous rappelle avec justesse que cette saga du phoque a débuté dans les années 60, alors qu’un activiste journaliste québécois avait réalisé un film où, il avait été prouvé par une commission parlementaire, il avait soudoyé un non chasseur pour un peu d’alcool et un peu d’argent, afin qu.il puisse le filmer entrain d’écorcher un phoque encore vivant. Depuis, l’action n’a jamais cessé.
Mais la vérité sur la chasse aux phoques, que plusieurs n’ont pas envie d’entendre, est que la chasse aux phoques, aussi déshumanisée que madame Bardot veut bien le dire, demeure une pêche réglementée et commercialement viable. La façon dont les phoques sont tués, à grands coups de gourdins, est cruelle, j’en conviens, mais c’est la façon la plus rapide, et c’est prouvé, de tuer l’animal.
Je vous laisserai sur ce paragraphe du texte de monsieur Francoeur, qui en dit passablement long sur le sujet et l’importance qu’il faut y accorder :
« Le discours de Brigitte Bardot ne contenait hier aucun fait permettant de penser que le troupeau de phoques du Groenland souffre de la moindre menace d’extinction. Elle a plutôt utilisé des termes comme activité « déshumanisée », « pratique barbare » et a même qualifié de « meurtre » l’abattage des bêtes. D’ailleurs, l’affiche derrière elle mettait sur le même pied le meurtre d’un bébé humain et celui d’un bébé phoque ! Ce sont là des termes moraux, typiques de la pensée animaliste, une pensée qui repose sur la croyance que les animaux ont une « âme », une anima en latin, ce qui leur conférerait des droits, curieusement non contrebalancés de responsabilités, comme le veut la plus élémentaire définition philosophique ou morale. Cette approche n’a aucun lien, malgré la confusion entretenue par les médias et les chasseurs des Îles, pour qui tout adversaire de la chasse est « un Greenpeace », avec la pensée écologiste et la science de l’écologie, qui repose sur les principes d’équilibre entre les espèces, sur des phénomènes de coopération et de compétition interespèces et intraespèces. »