Le bagnard et le bouffon : psychanalyse du voile.
Le vêtement, interface entre le corps personnel et le corps social, est
avant tout une façon d’adhérer au groupe.
j’appartiens à un groupe , je me reconnais comme appartenant au groupe
et le groupe me reconnait comme appartenant à lui. le vêtement est un
langage non verbal d’appartenance à un groupe.
plus le vêtement se spécialise, plus il se fait uniforme : sur celui du
militaire est inscrit toutes les fonctions dévolues au corps : chaque
médaille est une touche ouvrant porte pour qui connaît les codes de la maison.
Le point extrême de l’uniforme est celui du prisonnier : les rayures
noires et blanches dessinent sur son corps les barreaux qui l’enferment.
en échange le prisonnier reçoit un statut social : il est nourri et logé. En ce sens le vêtement est une matière sur laquelle le corps social
vient inscrire le corps personnel ; par un langage qui lui est propre.
comme le bagnard ne possède plus que son corps, pour ’être’, il
s’exprime dans le tatouage : c’est ’mort aux vaches ’ : tu ne m’auras
pas. le vêtement dans les derniers retranchement du corps.
Il y a, en permanence, un double langage dans le vêtement : celui du
corps social qui dit ’tu es’ et celui du corps personnel qui dit ’je suis’.
j’appartiens à tel groupe (nous sommes : je le reconnais en portant
néanmoins des standards) j’ai aussi mon individualité, je l’exprime.
C’est aussi les effets de mode, qui peuvent s’inscrire sur des rythmes
maintenant saisonnier, la coiffure et le maquillage éphémère, parce que
sans cesse suspect d’être rattrapé par d’autres : toujours chercher à
maintenir la distance. le vêtement est aussi un façon de se protéger,
de ne pas se laisser absorber par le groupe.
le point extrême est ici arlequin : le bouffon celui qui, se mettant en
marge du corps social, se permet de ne respecter aucune règle.
de l’uniforme au costume d’arlequin , le bagnard et le bouffon