Mare de cette propagande et ignorance... Histoire de remettre les pendules à l’heure, cet article très instructif :
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LES ORIGINES D’AL-QAIDA AU MAGHREB ISLAMIC :
QUI EST DERRIERE LES TERRORISTES ?
Qui
est derrière le groupe terroriste qui a attaqué le complexe gazier d’In
Amenas exploité par BP, Statoil et Sonatrach, situé sur la frontière
libyenne au sud-est de l’Algérie ?
L’opération a été coordonnée par
Mokhtar Belmokhtar, chef de la brigade islamiste des Moulathamine
(brigade masquée) ou « Ceux qui signent avec du sang », affiliée à
Al-Qaïda
L’organisation de Belmokhtar a été impliquée dans le trafic
de drogue, la contrebande ainsi que des opérations d’enlèvement
d’étrangers en Afrique du Nord. Alors que ses allées et venues sont
connues, le renseignement français a surnommé Belmokhtar « l’insaisissable ».
Belmokhtar a revendiqué au nom d’Al-Qaïda
l’enlèvement de 41 otages occidentaux, dont 7 Étatsuniens, au complexe
gazier de BP à In Amenas.
Belmokhtar n’était toutefois pas
impliqué directement dans l’attaque. Le commandant de l’opération sur le
terrain était Abdul Rahman al-Nigeri, un vétéran djihadiste du Niger
qui s’est joint en 2005 au Groupe salafiste pour la prédication et le
combat (GSPC) en Algérie. (Albawaba, 17 janvier 2013)
L’opération
d’enlèvement d’In Amenas a été menée cinq jours après les frappes
aériennes françaises contre des militants d’Al-Qaïda au Maghreb
islamique (AQMI) au Nord-Mali.
Les forces spéciales françaises et les
troupes maliennes ont repris le contrôle de Diabali et Konna, deux
petites villes au nord de Mopti. La ville de Diabali avait apparemment
été prise quelques jours auparavant par les combattants menés par l’un
des principaux commandants d’AQMI, Abdelhamid Abou Zeid.
Bien que
l‘attaque terroriste et le rapt à la raffinerie d’In Amenas aient été
décrits comme des actes de vengeance, cette opération n’était aucunement
improvisée. Des analystes ont confirmé que, selon toute probabilité,
l’opération avait été planifiée longtemps à l’avance :
Les
représentants européens et étasuniens affirment que le raid était
presque certainement trop élaboré pour avoir été planifié dans un laps
de temps si court, quoique la campagne de bombardement française ait pu
être un élément déclencheur amenant les combattants à lancer un assaut
qu’ils avaient déjà préparé.
Selon les récents reportages (20
janvier 2012), il y a environ 80 morts, dont des otages et des
combattants djihadistes. Il y avait plusieurs centaines de travailleurs à
la raffinerie de gaz dont la plupart étaient algériens. « Parmi les
rescapés, seuls 107 des 792 travailleurs étaient étrangers », selon le
ministère algérien de l’Intérieur.
Les gouvernements britannique
et français ont blâmé les djihadistes. Selon les termes du premier
ministre britannique David Cameron :
"Les gens vont certainement
poser des questions à propos de la réaction algérienne à ces évènements,
toutefois je dirai seulement que ces morts sont directement imputables
aux terroristes qui ont perpétré cette attaque lâche et violente".
(Reuters, 20 janvier 2013.)
Les reportages confirment cependant qu’un
grand nombre de décès chez les otages et les combattants islamiques ont
été causés par les bombardements des forces algériennes.
Les
négociations avec les ravisseurs, qui auraient pu sauver des vies, n’ont
pas été envisagées sérieusement par les gouvernements algérien et
occidentaux. Les militants avaient demandé l’arrêt des attaques
françaises au Nord-Mali en échange de la sécurité des otages. Le
dirigeant d’Al-Qaïda Belmokhtar avait déclaré :
"Nous sommes prêts à
négocier avec l’Occident et le gouvernement algérien à condition qu’ils
cessent de bombarder les musulmans du Mali" (Reuters, 20 janvier
2013.)
Au sein des rangs djihadistes se trouvaient des mercenaires
provenant de nombreux pays musulmans, dont la Libye (cela reste à
confirmer), ainsi que des combattants de pays occidentaux.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) : De qui s’agit-il ?
De nombreux groupes affiliés sont activement impliqués au Nord-Mali
-Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dirigé par Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI
-Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghaly
-Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)
-Le Groupe islamique armé (GIA), très en vue dans les années 1990, est
pratiquement disparu. Ses membres se sont joints à AQMI
- Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement touareg laïc, nationaliste et indépendantiste
Historique
En
septembre 2006, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat
(GSPC) a uni ses forces à Al-Qaïda. Le GSPC a été créé par Hassan
Hattab, un ancien commandant du GIA.
En janvier 2007, le groupe a
officiellement changé son nom pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Donc au début septembre 2007, l’AQMI récemment formé a établi une
relation étroite avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL).
Les
commandants du GSPC avaient été inspirés par les enseignements
religieux salafistes en Arabie Saoudite, ayant autrefois joué un rôle
important dans la formation des moudjahidines en Afghanistan.
L’histoire des commandants djihadistes d’AQMI est significative dans le contexte plus vaste de cette question
Qui est derrière les diverses factions affiliées à Al-Qaïda ?
Qui appuie les terroristes ?
Quels intérêts économiques et politiques sont servis ?
Le
Council on Foreign Relations (Conseil des relations internationales,
CFR) situé à Washington retrace les origines d’AQMI à la guerre
soviéto-afghane :
La plupart des hauts dirigeants d’AQMI auraient été
formés en Afghanistan durant la guerre contre les Soviétiques de 1979 à
1989. Ils auraient fait partie d’un groupe de volontaires
nord-africains connus sous le nom d’« Arabes afghans » revenu dans la
région après la guerre et qui radicalisait les mouvements islamistes. Le
groupe est divisé en « katibas » ou brigades formant diverses cellules
le plus souvent indépendantes.
Depuis 2004, le chef du groupe, ou l’émir, est Abdelmalek Droukdel, également connu sous le nom d’Abou Mossab Abdelwadoud, un ingénieur de formation et expert en explosifs qui s’est battu en Afghanistan et est issu du GIA algérien. C’est sous son leadership qu’AQMI a déclaré que la France était sa cible principale. L’un des dirigeants d’AQMI les « plus radicaux et les plus violents » est Abdelhamid Abou Zeid selon les experts en contre-terrorisme. Abou Zeid est lié à plusieurs enlèvements et exécutions d’Européens dans la région. (Council on Foreign Relations, Al Qaeda in the Islamic Maghreb, cfr.org, non daté.)
L’article du CFR omet de mentionner que le djihad islamique en Afghanistan était une initiative de la CIA, lancée en 1979 à l’époque de l’administration Carter et fortement appuyée par Ronald Reagan au cours des années 1980.
En 1979 la plus vaste opération clandestine de l’histoire de la CIA a été lancée en Afghanistan. Des missionnaires wahhabites d’Arabie Saoudite ont mis sur pied les écoles coraniques (madrasas) au Pakistan et en Afghanistan. Les manuels scolaires utilisés dans les madrasas ont été imprimés et publiés au Nebraska. Le financement clandestin a été acheminé aux moudjahidines avec l’appui de la CIA.
"Fortement encouragés par la CIA et l’ISI du Pakistan, qui désiraient transformer le djihad afghan en guerre mondiale menée par tous les États musulmans contre l’Union soviétique, 35 000 musulmans radicaux provenant de 40 pays islamiques se sont joints à la lutte afghane entre 1982 et 1992. Des dizaines de milliers d’autres sont allés étudier dans les madrasas pakistanaises. Avec le temps, plus de 100 000 musulmans radicaux ont été directement influencés par le djihad afghan". (Ahmed Rashid, “The Taliban : Exporting Extremism”, Foreign Affairs, novembre-décembre 1999.)
La Central Intelligence Agency (CIA) a joué un rôle clé dans la formation des moudjahidines en utilisant l’Inter-Services Intelligence (Direction pour le renseignement inter-services) pakistanais. La formation des guérilléros parrainée par la CIA était intégrée aux enseignements de l’islam.
"En mars 1985, le président Reagan a signé la directive nationale de sécurité 166, laquelle autorisait un appui militaire clandestin supplémentaire et signalait clairement que la guerre secrète afghane avait un nouvel objectif : vaincre les troupes soviétiques en Afghanistan par des actions clandestines et encourager le retrait soviétique. La nouvelle aide secrète étasunienne a débuté par une augmentation spectaculaire des livraisons d’armes, une progression constante atteignant 65 000 tonnes annuellement en 1987 […] ainsi qu’un « flot incessant » de spécialistes de la CIA et du Pentagone se rendant au quartier général secret de l’ISI au Pakistan, situé sur la route principale près de Rawalpindi. Les spécialistes de la CIA y rencontraient des officiers du renseignement pakistanais afin d’aider à planifier des opérations pour les rebelles afghans". (Steve Coll, Washington Post, 19 juillet 1992)
Mokhtar Belmokhtar, le cerveau
des attaques terroristes perpétrées par la brigade islamiste des
Moulathamine (masquée) au complexe gazier d’In Amenas est l’un des
membres fondateurs d’AQMI.
Il a été formé et recruté par la CIA en
Afghanistan. Belmokhtar était un volontaire nord-africain, un "Arabe
afghan" enrôlé à 19 ans comme moudjahidine pour se battre dans les
rangs d’Al-Qaïda en Afghanistan à une époque où la CIA et sa filiale
pakistanaise, l’ISI, appuyaient activement le recrutement et la
formation des djihadistes. Mokhtar Belmokhtar a fait la « guerre civile »
en Afghanistan.
Il est retourné en Algérie en 1993 et s’est joint au
GSPC. Le passé et l’implication de Belmokhtar en Afghanistan suggèrent
qu’il était un « agent de renseignement » appuyé par les États-Unis.
Le rôle des alliés des États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar
Dès
le début en 2007, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a établi des
liens étroits avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dont
les dirigeants avaient également été formés et recrutés en Afghanistan
par la CIA. La CIA et le MI6 britannique appuient clandestinement le
GICL.
Le GICL a été directement appuyé par l’OTAN durant la guerre de
2011 contre la Libye "fournissant des armes, de la formation des
forces spéciales et même des avions pour appuyer le renversement du
gouvernement libyen". (Tony Cartalucci, The Geopolitical Reordering of
Africa : US Covert Support to Al Qaeda in Northern Mali, France “Comes to
the Rescue”, Global Research, janvier 2013.)
Les Forces
spéciales britanniques SAS avaient été envoyées en Libye avant
l’insurrection, agissant à titre de conseillers militaires du GICL.
Plus
récemment, des reportages ont confirmé qu’AQMI a reçu des armes du
GICL, dont les mercenaires ont intégré les rangs des brigades d’AQMI. Le
commandant Mokhtar Belmokhtar, qui a coordonné l’opération d’enlèvement
d’In Amenas, a déclaré :
"Nous avons été l’un des principaux
bénéficiaires des révolutions dans le monde arabe. En ce qui concerne le
fait que nous bénéficions des armes [libyennes], cela est normal dans
ce genre de circonstances".
http://www.hanford.gov/c.cfm/oci/ci_terrorist.cfm?dossier=174
La
raffinerie de BP à In Amenas est située en plein sur la frontière
libyenne. On peut soupçonner l’implication d’un contingent de
combattants du GICL dans l’opération.
AQMI a également des liens avec le Front Al-Nosra en Syrie, appuyé clandestinement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.
AQMI
est lié de manière indélébile à un programme de renseignement
occidental. On le décrit comme "l’un des groupes militants les plus
riches et mieux armés de la région", financé secrètement par l’Arabie
Saoudite et le Qatar.
Le journal français Le Canard enchaîné a révélé
(juin 2012) que le Qatar (un fidèle allié des États-Unis) finance
diverses entités terroristes au Mali, incluant le groupe salafiste Ansar
Dine : Et les rebelles touareg du MNLA (indépendance et laïcité),
d’Ansar Dine, d’AQMI et de Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu
de l’argent du Qatar selon un reportage (The Examiner).
L’information
du journal satirique Canard enchaîné, qui rapportait (juin 2012) que le
Qatar financerait des groupes armés au Nord-Mali, a été relayée par les
médias d’Algérie et d’Afrique de l’Ouest.
Depuis plusieurs mois
au Mali on soupçonne Ansar Dine, le principal groupe armé pro-charia de
la région, de recevoir du financement du Qatar.
Au début du conflit
par exemple, des reportages (non confirmés) indiquaient qu’un avion
qatari rempli d’armes, d’argent et de drogue était atterri à Gao.
Le
reportage original cite un rapport du renseignement français indiquant
que le Qatar a fourni de l’aide financière à trois des principaux
groupes armés du Nord-Mali : Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, AQMI
et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest
(MUJAO).
Le montant du financement donné à chaque groupe n’est pas
révélé mais on signale que de nombreux rapports de la DGSE française
remis au ministère de la Défense ont mentionné l’appui du Qatar au
terrorisme au Nord-Mali.
Il faut
évaluer attentivement le rôle d’AQMI comme atout du renseignement.
L’insurrection islamiste crée des conditions favorisant la
déstabilisation politique du Mali en tant qu’État-nation. Quels intérêts
géopolitiques ont été servis ?
Conclusion : Le « Soudan étasunien »
Ironiquement,
l’opération d’enlèvement au sud de l’Algérie et la tragédie provoquée
par l’opération de « sauvetage » militaire menée par l’Algérie
fournissent une justification humanitaire à l’intervention militaire
occidentale menée par AFRICOM, le Commandement des États-Unis pour
l’Afrique. Celle-ci ne concerne pas uniquement le Mali et l’Algérie,
mais pourrait aussi comprendre la région plus vaste s’étendant de la
zone sahélienne sub-saharienne, de la Mauritanie à la frontière
occidentale du Soudan.
Ce processus d’escalade fait partie d’une « feuille de route » militaire et stratégique des États-Unis, et constitue
une étape subséquente de la militarisation du continent africain, un « suivi » de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Libye en
2011.
Il s’agit d’un projet de conquête néocoloniale d’un vaste territoire par les États-Unis.
Même
si la France constitue l’ancienne puissance coloniale, intervenant pour
le compte de Washington, le but ultime est d’exclure tôt ou tard la
France du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne. Le remplacement de la
France comme puissance coloniale se fait de manière constante depuis la
guerre d’Indochine des années 1950.
Alors que les États-Unis
sont, à court terme, prêts à partager le butin de guerre avec la France,
l’objectif ultime est de redessiner la carte de l’Afrique et de
transformer par la suite l’Afrique francophone en sphère d’influence
étasunienne. Celle-ci s’étendrait de la Mauritanie, au bord de
l’Atlantique, jusqu’au Soudan, à l’Éthiopie et à la Somalie.
Un
procédé similaire visant à exclure la France de l’Afrique francophone a
lieu depuis les années 1990 au Rwanda, au Burundi et en République du
Congo.
En conséquence, on empiète sur le français comme langue
officielle en Afrique. Aujourd’hui au Rwanda, l’anglais est une langue
officielle avec le kinyarwanda et le français : Le gouvernement du FPR
en 1994 a commencé par offrir l’éducation secondaire en anglais ou en
français. Depuis 2009, elle est offerte uniquement en anglais. Depuis
1994, l’université n’utilise plus le français comme langue de travail.
(Le président rwandais Paul Kagame ne lit pas et ne parle pas le
français.)
Un vaste territoire est en jeu, celui qui, durant la
période coloniale, comprenait l’Afrique de l’Ouest française et
l’Afrique équatoriale française.
À l’époque de la France coloniale, on appelait le Mali le Soudan français.
Il
est ironique que ce processus visant à affaiblir et, tôt ou tard, à
exclure la France de l’Afrique francophone soit mis en œuvre avec
l’approbation tacite de l’ancien et de l’actuel présidents Nicolas
Sarkozy et François Hollande, servant tous deux les intérêts
géopolitiques étasuniens au détriment de la République française.
La militarisation du continent africain relève du mandat d’AFRICOM.
L’objectif
à plus long terme consiste à exercer le contrôle géopolitique et
militaire sur une vaste zone ayant historiquement appartenu à la sphère
d’influence française. Cette zone est riche en pétrole, en gaz naturel,
en or, en uranium et en minéraux stratégiques. (Voir R. Teichman, The
War on Mali. What you Should Know : An Eldorado of Uranium, Gold,
Petroleum, Strategic Minerals …, Global Research, 15 janvier 2013.)
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Merci pour votre réponse, bien que je la trouve plutôt ambiguë... Vous affirmez ne pas être (...)
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