Permettez-moi, Fergus, de faire un
petit encart : ce sont vos dates qui m’ont sauté aux yeux et je
voudrais vous faire lire un extrait de l’article d’Alexis Tsipras
dans le Monde Diplomatique de ce mois-ci ; vous verrez, qu’au
fond, nous ne sommes pas si éloignés de votre sujet :
« Février 1953. La République
fédérale d’Allemagne croule sous les dettes et menace d’entraîner
l’ensemble des pays européens dans la tourmente. Préoccupés par
leur propre salut, ses créanciers- dont la Grèce- prennent acte
d’un phénomène qui n’ a surpris que les libéraux : la
politique de la « dévaluation interne », c’est-à-dire
la réduction des salaires, n’assure pas le remboursement des sommes
dues, au contraire.
Réunis à Londres au cours d’un sommet
exceptionnel, vingt et un pays décident de réévaluer leurs
exigences à l’aune des capacités réelles de leur partenaire à
faire face à ses obligations. Ils amputent de 60% la dette nominale
cumulée de la R F A et lui accorde un moratoire de cinq ans ainsi
qu’un délai de trente ans pour rembourser. Ils instaurent également
une « clause de développement » autorisant le pays à
ne pas consacrer au service de la dette plus d’un vingtième de ses
revenus d’exportation. L’ Europe vient de prendre le contre-pied du
traité de Versailles ( 1919), jetant les fondations du développement
de l’Allemagne de l’ouest après guerre.
.. Voici donc ce que nous demandons
pour la Grèce
-
une réduction significative de la
valeur nominative de sa dette accumulée
-
un moratoire sur le service de la
dette afin que les sommes conservées soient affectées au
redressement de l’économie
-
l’instauration d’une «
clause de développement » afin que le remboursement de la
dette ne tue pas dans l’oeuf le redressement économique
-
la recapitalisation des banques,
sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette
du pays.
... »