• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de L’Ankou

sur Nous sommes tous bisexuels !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

L’Ankou 11 février 2013 12:24

Votre sainte logique conduirait peut-être à des résultats intelligents si vous l’utilisez avec des prémices moins pourries de préjugés.

Je ne vois pas le rapport entre votre affirmation et votre extrapolation. Vous élevez vos enfants dans une cave ou une île déserte, sans télé, sans smartphone, sans contact avec l’extérieur, sans école, sans copains, sans copines, sans aucune représentation humaine autre que le père et la mère pour se situer dans l’humanité ? Cela expliquerait beaucoup de chose, remarquez.

Et quand bien même : l’éducation ne se fait pas que par l’exemple mais aussi par la parole... Etre homosexuel ne conduit certainement pas à bannir de son vocabulaire et des contes qu’on narre aux enfants pour les endormir, toutes les références à l’autre sexe et tout personnage hétéro.

A part vos préjugés les plus crétins, qu’est-ce donc qui vous pousse à affirmer que "L’enfant devenu adulte ne fera donc aucune différence entre les hommes ou les femmes dans sa vie affective«  ? C’est juste très con. L’amour que les parents ont pour vous est le modèle de l’amour que vous aurez pour vos enfants, pas de celui que vous auriez pour vos partenaires de sexe (ou alors la conduite de vos parents relèvent du droit pénal) !

Sur la seule dimension sexuelle, nos sociétés fournissent surabondance de modèles dont nous ne disposions pas il y a quarante ans. Les sexes ne se cachent plus, et même pas derrière un système pileux, sauf chez Monet. Et quand les médias parlent de l’Origine du Monde, plus rien n’est censuré ni flouté. Un gamin de 16 ans doté d’Internet et ayant cracké son contrôle parental a sans doute vu plus de chibres et de foufounes que les classes moyennes provinciales du 19ème siècle pouvaient espérer en contempler dans toute leur vie, même en recourant à des rapports tarifés. Il a largement de quoi laisser ses élans naturels guider ses préférences sans se référer à l’amour qu’ont ses parents l’un pour l’autre. Il faut arrêter de raisonner avec les représentations du millénaire révolu...

Si, comme moi, vous vous savez si totalement et irrémédiablement hétérosexuels, pensez vous que si vous aviez été élevé avec Rintintin dans un milieu exclusivement masculin, ça aurait changé l’objet de vos élans ?

Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un conditionnement. Je le ressens comme une prédisposition physiologique assumée à laquelle les modèles et les conditionnements n’y pourraient pas grand chose : mes bandaisons n’ont jamais pour cause que la beauté des corps féminins. J’assume cette hétérosexualité, sans croire pour autant que c’est aussi simple pour tout le monde.

Par contre, j’imagine assez la terreur éducative que pourraient faire régner les parents trop soucieux de »normalité« , trop inquiets des »risques« d’homosexualité chez leur enfant. Les voilà qui vous conditionneraient, réfréneraient vos élans amicaux suspects, veilleraient bien à ce que vous ayez des jeux de garçon, des habits de garçon, des comportements de garçon, des attitudes mâles, des sports et des bagarres de mâles et des amitiés viriles strictement restreintes aux sports et à la guerre... Avec de tel parents, c’est vrai que vous pourriez douter que vos inclinaisons pour les femmes soient si naturelles, et vous demander quelle serait votre nature profonde si l’on vous avait laissé libre de les vivres sans entrave. Ces parents ne changeraient rien aux élans de leur enfant, que la culpabilité de les ressentir ou de ne pas les ressentir »comme il faut", voire, de ne plus savoir si c’est en cohérence avec sa nature profonde qu’on les ressent.

Je remercie tous les parents, dont les miens, qui éduquent leurs enfants dans l’idée que l’orientation sexuelle, l’appartenance à une religion ou le choix du métier sont des libertés auxquelles il faut préparer leur enfant à faire des choix et non à subir le choix qu’ils font pour lui. Au moins, quelles que soient leurs inclinations, ils doivent les vivre sans s’en rendre malheureux. Et sans doutes aussi ont-ils moins de préjugés.

Bien à vous,
L’Ankoù


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès