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Commentaire de averoes

sur La France au Mali : une guerre juste ?


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averoes 11 février 2013 19:26

Au ‟Malistan” aussi, la raison du plus fort est toujours la meilleure.

Ainsi s’exprimait Jean de La Fontaine, fin connaisseur de l’âme humaine, déjà au 17ème siècle. La validité de son enseignement, à travers cette fable, se vérifiant aisément dans les rapports Nord-Sud, constitue une belle occasion pour lui rendre hommage.

Le discours officiel, quant aux événements du Mali, ne va pas sans jeter l’opprobre sur ses thuriféraires, tant l’impudence du mensonge est insoutenable. Que révèle-t-il en réalité lorsque l’on essaye de passer sous les fourches Caudines de l’examen critique sa principale thèse, celle consistant à présenter l’intervention au Mali comme une guerre contre le terrorisme et l’obscurantisme musulmans ?

D’abord, si l’action française au Mali était mue par une volonté de lutter contre l’obscurantisme et le terrorisme musulmans, pourquoi la France entretient-elle des relations plus que amicales avec son pourvoyeur de fonds, l’Arabie Saoudite, cet État qui fait ouvertement du Wahhabisme, mouvance on ne peut plus obscurantiste, son idéologie officielle ? Comment s’explique cette attitude des pays occidentaux, dont la France bien entendu, caractérisée par une promptitude pavlovienne à caresser l’obscurantisme dans le sens du poil de la barbe wahhabo-fasciste, quand il s’agit de pays comme la Libye, hier, et la Syrie aujourd’hui ?

Peut-on encore douter que la prédation entreprise sur l’Irak par l’administration Bush et ses alliés occidentaux était fondée sur un tissu de mensonges fait d’un montage de fausses “preuves” de l’existence d’armes de destruction massive –saluons, au passage, la France d’un Chirac pour son refus de participer à la pantalonnade- et dont le but non avoué consistait à s’emparer du pétrole irakien ? N’est-il pas aujourd’hui permis, eu égard aux récentes déclarations de Ziyad Takkeddine, cet autre poisson de l’ombre rompu à l’art des opérations secrètes en matière de trafic d’armes entre autres, de douter des arguments sarkoziens quant à sa campagne libyenne et ses intentions indicibles d’enterrer ses histoires de financement de campagne électorale et, d’une pierre deux coup, récupérer tout ce qui pourrait traîner dans le sous-sol Libyen ? Justement, comment ne pas voir un lien entre les événements actuels du Mali et cet épisode libyen, dont les effets secondaires étaient la transition de tout un pan de l’arsenal militaire libyen vers des mains dont on ne pouvait ignorer l’estampille barbue ?

Or, il est à noter que la compréhension de ces événements et de leurs réelles motivations peut être aisée si l’on songe à ce qui suit : la stratégie de la prédation est bien rôdée et les événements favorisant son entrée en action agissent sempiternellement tel un éternel recommencement. On commence par provoquer la déstabilisation et le chaos, on agite le spectre de la Charia et, in fine, on favorise l’accaparement à bon compte des ressources locales par les représentants des industries du pétrole et de l’armement, pendant que les populations locales achèvent de crever. Et pour garantir la pérennité de ce statuquo, rien de tel que l’installation d’un régime complice et nécessairement faussement légitime. Il faut reconnaître au néocolonialisme une certaine ingéniosité. Ce que les prédateurs obtenaient, à savoir l’accaparement des richesses des populations sans défense, à des frais non négligeables, à l’époque de l’ère coloniale (entretiens des forces armées en place pour réprimer d’éventuels risques de soulèvement populaire ou d’opposition armée, installations d’infrastructures en vue de l’exploitation des richesses locales, etc.) peuvent l’obtenir aujourd’hui avec la stratégie du néocolonialisme à moindres frais, puisque les basses manœuvres, d’étouffement et d’oppression de toutes velléités d’aspiration à la démocratie et à la justice, sont assurées par les régimes corrompus et complices.

Alors, si, comme on veut bien nous le faire croire, la guerre au Mali est une guerre contre l’obscurantisme et le terrorisme musulmans, une simple analyse rationnelle ne peut pas nous empêcher de constater ce qui suit : de deux choses l’une, ou bien les chantres de ce genre d’intervention –et, au-delà, de toutes les guerres menées par l’Occident au nom de ces principes- sont dans une ignorance telle que la haine, l’intolérance et l’obscurantisme prônés par une religion autre que l’Islam et dont le représentant officiel est passé maître dans l’art de pratiquer le terrorisme d’État, leur échappent totalement ou bien il s’agit d’une ignorance feinte et entretenue, où le « deux poids deux mesures » n’en demeure pas moins leur pis-aller. Mais, les deux positions sont malheureusement insoutenables.

Alors que d’aucuns se laissent berner par la fable servie par les officiels que l’intervention au Mali est une guerre contre l’obscurantisme et le terrorisme musulmans, y croire c’est faire preuve d’une naïveté caricaturale, tant sont passées sous silence les réelles motivations géostratégiques et économiques qui sous-tendent le déploiement de cette armada française dans cette région du monde. Si servir ces contes pour enfants sages vise à susciter l’adhésion des plèbes incultes, de grâce, il est temps pour un citoyen éclairé de comprendre que le mensonge ne peut plus s’ériger en dogme.


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