Je ne vais pas entrer dans les détails de votre billet.
Je vais seulement dire un mot sur
**** On pourrait même dire aujourd’hui, que l’on ne vend plus des produits pour satisfaire des besoins,....mais on crée de nouveaux besoins, pour vendre des produits ! A cette fin, on a même inventé de nouvelles techniques, dites de « marketing », pour informer les Gens des nouveaux besoins qu’ils pourraient avoir,..... sans le savoir. ****
Vous semblez, comme beaucoup, considérer que le phénomène est nouveau. Quand on proteste d’une anomie, on a besoin de s’appuyer sur un passé mieux structuré pour faire contraste. Ou alors de comparer avec des voisins.
Pour ma part, je conviens que le phénomène s’est généralisé mais cette généralisation vient de la démocratisation. Ce phénomène était plus élitiste, moins massif avant 1848 mais il existait déjà
Et il remonte à loin.
Le mythe de la caverne est célèbre par ici
Je n’ai jamais vu quiconque le repousser ou l’invalider
Ce mythe était, au moment de Platon, une simple allégorie, une simple métaphore sans prétention mythique.
Il serait déjà plus juste d’en parler en disant allégorie et non mythe
Que dit cette allégorie constamment reprise explicitement et implicitement ?
Que ce que nous voyons, ce que nous percevons directement avec nos sens, n’est pas la vérité, que la vérité est ailleurs. Ô merci, Ô bravo à celui qui nous dessille.
Quel est le résultat de l’influence considérable de cette allégorie ?
Dans le monde rural, très obligé à considérer la terre, les arbres et la pluie, elle n’a qu’une influence première. Les curès, scholastiques, ont tous pratiqué ce thème dans leur prêche afin de pousser leurs ouailles à croire utile d’écouter l’or qui va sortir de la bouche du parleur-éclaireur. Les fidèles sont sensibles à cette alerte et deviennent écoutants. Mais sortis de la messe, les gueux sont obligés d’en revenir à leurs moutons et cochons.
Dans l’élite, chacun peut davantage se détourner du réel simple et tangible qu’il a sous les yeux pour construire des châteaux de cartes sur des imaginaires. Dans la classe élitiste, à cause de cette allégorie, toute personne en train de se désintéresser du matériel immédiat pour s’intéresser à un premier objet imaginaire (par exemple le concept de terre sainte) est dénigrée par une autre personne qui va lui dire qu’il y a un autre objet imaginaire, plus loin encore, auquel il convient de s’intéresser.
Dans le milieu des gens qui ne sont pas obligés de nettoyer des porcheries pour vivre, l’allégorie de la caverne oblige à ne jamais croire valable ce que l’on voit, au premier plan, au second plan, au troisième plan ...
Chaque plan, chaque vérité qu’on voit (vraiment ou mentalement), parce qu’on la voit, ne peut être que fausse et il y a alors à découvrir un nouvel arrière-plan.
On vit face à des fleurs, un type passe, nous dit que la vérité est ailleurs, il nous tend un livre car elle est dedans. On lit le livre et passe alors un autre type qui nous dit que la vérité est dans un autre livre....De livre en livre on cherche.
Des montagnes de livres.
Moins d’arbres, plus de livres
Tant que l’élite piégée par cette course à toujours-autre-chose ne représentait numériquement pas grande masse, on n’avait pas trop l’impression que le peuple entier perdait le sens des réalités immédiates.
Mais avec la démocratie, élite et gueusaille se sont confondues.
Tout le monde a appris l’allégorie de la caverne. Tout le monde raille ceux qui croient encore à ce qu’ils voient. Plus personne ne veut être ouaille ou élève, seule oreille, chacun veut tenir le rôle de Moïse-Socrate-Platon, veut être un révélateur. Personne ne croit plus en ce qu’il a sous ses yeux, zappe l’immédiat, se retourne vers quelque chose de moins immédiat, de plus médiat et dénigre systématiquement ce que les autres voient
Cette seule course vers toujours autre chose que ce qu’on a là devant soi au motif que ce n’est pas la vérité et qu’il faut donc se retourner pour avoir une chance de la voir provoque l’anomie massive
Il ne peut plus y avoir d’ordre quand les gens ne croient en l’importance ni de ce qu’ils ont vu, ni de ce qu’ils voient mais seulement de ce qu’ils pourraient voir d’autre.
Abraham + Socrate + la démocratie font que nous sommes devenus massivement, profondément et intensément croyants de toujours autre chose.
Nous allons vers des mandats électifs d’une journée