"Ce n’est plus aux artistes inouïs, aux génies sublimissimes que s’adressent nos timides prières... nos ferveurs brûlantes... c’est
aux dieux, aux dieux des veaux... les plus puissants, les plus réels de
tous les dieux... Comment se fabriquent,
je vous demande, les idoles dont se peuplent tous les rêves des
générations d’aujourd’hui ? Comment le plus infime crétin, le canard le
plus rebutant, la plus désespérante donzelle, peuvent-ils se muer en
dieux ?... déesses ?... recueillir plus d’âmes en un jour que
Jésus-Christ en deux mille ans ?... Publicité ! Que demande toute la
foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l’or et devant
la merde !... Elle a le goût du faux, du bidon, de la farcie connerie,
comme aucune foule n’eut jamais dans toutes les pires antiquités... Du
coup, on la gave, elle en crève... Et plus nulle, plus insignifiante
est l’idole choisie au départ, plus elle a de chances de triompher dans
le cœur des foules... mieux la publicité s’accroche à sa nullité, pénètre, entraîne toute l’idolâtrie..." LF Céline.