Cette phrase, vous la tirez d’un article où l’auteur déplorait que le suffrage universel n’aille pas toujours de pair avec le niveau d’instruction de l’électeur.
Historiquement, c’est une préoccupation qu’avaient ceux qui, dès le XVIIIème siècle prônaient le suffrage universel. Selon eux, deux conditions étaient essentielles : il fallait que l’électeur puisse exercer son jugement en toute indépendance. Voilà pourquoi, lors de la Révolution française le droit de vote a été refusé aux femmes car juridiquement elles dépendaient soit de leur père ou de leur mari et risquaient donc d’être dépendantes dans leur jugement. Comme il était impensable de leur accorder l’égalité juridique ( cela se fait 150 ans plus tard), elles sont restées sur le bord du chemin. Pour les mêmes raisons, les domestiques parce qu’ils dépendent de leur maître ont failli ne pas obtenir le droit de vote. De longs débats ont finalement tranché en leur faveur mais de justesse.
La seconde condition était l’instruction. Pour voter, le citoyen doit comprendre les enjeux. La mise en place d’un enseignement primaire obligatoire, gratuit et laïque dans les années 1880 est la première réforme importante instaurée par les républicains lorsque le suffrage universel est définitivement installé. Dans leur esprit, l’école est le bras armé du suffrage universel et de la République.
En somme, les questions que se pose l’auteur sont celles que se posaient deux siècles auparavant les propagandistes du suffrage universel. Le droit de vote sans l’instruction qui passe d’abord par l’alphabétisation est la porte ouverte au clientélisme, la corruption, le populisme.