Bonjour.
Ne serait-il pas salutaire d’envisager un peu d’ordre au sein de cette diversité de points de vue, mêlant de vrais arguments, des semblants d’argumentaires et digressions parfois inutiles à l’intelligibilité du sujet. D’ailleurs, au cas où on ne le savait pas, le redoublement dans le primaire n’a pas attendu cette loi pour être supprimé ; il n’existe pratiquement plus depuis longtemps puisque les parents ont, en dernier recours, la possibilité de s’opposer à la décision du maintien.
De quoi s’agit-il au fond ?
Quand on lit le dernier paragraphe de ce présent billet, l’auteur exprime clairement un légitime scepticisme quant au bien-fondé de la décision de supprimer le redoublement. Il semble, par-là, s’interroger sur la salubrité d’une telle décision et doute de son efficience quant à la réussite scolaire des élèves.
Faut-il rappeler que la vérité n’est ni noire ni blanche, mais qu’elle est estampillée de toutes les couleurs et même de toutes leurs nuances. Pourquoi alors décréter, de manière péremptoire que le maintien dans un niveau de classe est systématiquement néfaste au devenir scolaire de tous les élèves ? Si le maintien ne convient pas à Jacques, au nom de quelle loi physique ou métaphysique ne conviendrait-il pas à Paul ? Qu’en sait-on de la singularité intrinsèque inhérente à l’individu-élève, consistant en ses aptitudes cognitives, au rythme de ses propres dispositions intellectuelles ? Quiconque connaît la réalité de l’hétérogénéité d’un groupe classe ne peut que s’offusquer de ces jugements à l’emporte-pièce ; car la pratique de ce métier ne cesse de lui révéler l’évidence, à savoir qu’il est illusoire de penser que tous les élèves peuvent apprendre au même rythme ou acquérir toutes les notions proposées par les programmes. Au passage, la différenciation pédagogique que les responsables recommandent à l’enseignant pour gérer le problème de l’hétérogénéité des élèves, n’est qu’une tarte à la crème. Car, s’il est recommandé de réduire les exigences scolaires pour l’élève en difficulté, pourquoi refuse-t-on de le mettre dans un niveau de classe inférieur, où les exigences scolaires sont adaptées à ses capacités cognitives ? De qui se moque-t-on quand on fait croire à un élève qu’il est en CM2, alors qu’on demande à l’enseignant de lui prodiguer un apprentissage relevant du niveau de CP ? Ne riez pas, c’est une réalité que je côtoie depuis maintenant dix-huit ans.
Que voulons-nous ?
Quel projet voulons-nous pour l’avenir de nos élèves et, partant, pour la société de demain ? Ne sont-ce pas là des interrogations légitimes auxquelles conduit nécessairement le doute exprimé par l’auteur de ce billet ?
Qu’il faille agir en amont pour réduire les effets de l’échec scolaire, chiche ! C’est ce que le bon sens devrait intimer de faire aux responsables de cette maison Éducation Nationale ? Par une telle décision (suppression ministérielle du redoublement), le médecin-ministre s’attaque aux syndromes plutôt qu’aux causes, donnant ainsi l’illusion d’éradiquer le mal et faisant, par-là même, royalement fi des véritables causes du fléau, tant il sait de vive science -ce que les mollahs de la doctrine des réductions budgétaires ne veulent aucunement entendre- que les vraies solutions ne sauraient faire l’impasse sur des efforts financiers qui, loin de pouvoir tout résoudre, contribuent, néanmoins, énormément à la recherche d’une solution.
Or, il est facile d’attribuer l’échec scolaire aux seuls enseignants. D’ailleurs, l’incompétence ou le manquement à ses obligations de la part d’un enseignant ne saurait être la cause d’un échec endémique de certains élèves, à moins de décréter de manière irresponsable que ces élèves n’ont rencontré, au cours de leurs cursus, que des professeurs incompétents. En revanche, quiconque doté d’un minimum de bon sens et mû par un souci de justice comprendrait que le problème de l’échec scolaire est le résultat d’une conjonction de plusieurs causes. Parmi celles-ci, on peut citer les effectifs surchargés des classes, des programmes lourds et inadaptés, comprenant parfois des notions très difficiles à l’acquisition, avec de nouvelles matières (comme l’enseignement de l’Anglais, de l’informatique, de l’histoire des arts… -où est donc le temps pour enseigner tout ce qui est exigé en mathématiques et en français ?-) qui assignent à l’enseignement en primaire une tâche presque kafkaïenne, des élèves davantage portés sur la culture de l’image imposée par la consommation frénétiques des jeux vidéo et donc difficiles à intéresser à une culture scolaire, certains parents qui ont parfois une attitude consumériste à l’égard de l’école, se déchargeant de leur responsabilité relative à l’éducation élémentaire de leurs enfants et laissant tout reposer sur le dos de l’école, à telle enseigne que dans certaines classes, l’obligation de faire respecter la discipline –condition nécessaire et préalable à tout acte d’enseignement- exige parfois un temps très long qui finit par l’emporter sur celui des apprentissages purement scolaires.
Alors, de grâce, au lieu d’une vision étriquée des choses, n’est-il pas plus juste de considérer le problème dans sa globalité et d’avoir un minimum d’égards à la complexité qui lui est sous-jacente ? D’ailleurs, comment peut-on réformer efficacement l’école sans inscrire ce dessein dans un projet global de la réforme de la société ? Si l’on admet que l’école n’est qu’un secteur de la vie d’une société, et que sa bonne marche implique une coordination avec les autres composantes de la société, n’est-ce pas arroser le désert que de vouloir s’atteler à réformer un secteur de la société en laissant de côté ceux qui lui sont liés et qui déterminent à bien des égards son fonctionnement.
Cordialement.
14/04 21:05 - Dany-Jack Mercier
Merci rosemar pour cet article. Supprimer les redoublements revient à rendre plus difficile la (...)
19/03 13:05 - Abou Antoun
19/03 08:11 - Abou Antoun
L ’école n ’est que le reflet de la société Tout est dit ! Société en décomposition (...)
18/03 14:45 - anomail
Il n’y a déjà plus presque plus de redoublements au collège depuis au moins dix ans, vous (...)
18/03 14:37 - Sarah
18/03 14:29 - bakerstreet
Message de bon sens ou à sens unique ? Qu’est ce que c’est que le bon sens ? Un (...)
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