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Commentaire de abelard

sur L'UE est une machine de guerre contre les peuples


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abelard 20 mars 2013 11:50


Bonjour à tous,
Je trouve particulièrement réconfortant qu’un article sur le cinéma puisse provoquer un débat.
L’auteur de l’article et la plupart des réactions semblent partager une même désillusion quant à la qualité des films français... Je suis aussi de cet avis.
Il y a de nombreuses raisons à cela, certaines propres au monde du cinéma lui même.

Mais pourquoi penser que le cinéma pourrait, comme une sorte de miracle, échapper à la médiocrité ambiante ?
Les symptomes de dégénérescence qu’affichent les films français ne sont finalement que la caricature grotesque et boursouflée des maux qui affectent la société toute entière.
La finance a pris le pouvoir, chers amis, et avec elle le culte des profits à court terme qui ne profitent qu’à une oligarchie.
Pourquoi être choqué par les 3,5 millions d’euros de Mr Boon et pas par les 13 millions d’euros de salaire de Mr Ghosn ? Sans parler des profits des banques qui se chiffres en milliards par semestre !

Dans cette course au pognon le cinéma part avec un léger handicap. C’est une industrie, certes, qui demande un investissement important. Mais c’est aussi un art censé parler de la société et des femmes et des hommes qui y vivent.
Pour une industrie, c’est une catastrophe car il est impossible de prévoir le succés : il n’existe pas de recette, de processus industriel qui permettrait de produire des blockbusters à la chaîne.
Donc les investisseurs, les financiers, les banques du cinéma, tentent de se protéger derrière des croyances qui confinent à la superstition : pour les convaincre il faut absolument disposer de stars « bankable ». Sans elles, ni financement, ni distribution...
Des noms ! Des noms connus ! N’importe quel nom, mais des noms ! Des noms du cinéma, fils, filles, cousin, neveux... Des noms de la télé ! Journalistes, présentateur, comiques... Des noms du sport ! Des noms !
Le profit à court terme, c’est bien connu dans l’industrie, déteste une chose : la recherche développement. Pourquoi donner de l’argent à des guignols de laboratoire qui font mumuse en se creusant la tête pour imaginer de nouvelles molécules, de nouveaux véhicules, de nouvelles énergies ?
Les inventeurs coûtent chers et il n’est jamais sûr de pouvoir faire fortune avec leurs idées alors que l’objectif des financiers n’est pas de vendre des objets utiles et innovants mais de vendre !

Dans le domaine du cinéma la « recherche développement » tant honnie est représentée le travail du scénario. Pour un producteur, payer un scénariste est un risque car il est obligé de sortir l’argent de sa poche sans possibilité de financement. Aucun banquier ne signe de chèque sur une idée... Le problème c’est qu’un scénario travaillé demande facilement un an de sueur et de larmes. Le travail, l’innovation, la réflexion sont absolument incompatibles avec la rentabilité immédiate.
Donc le monde du cinéma réagit exactement de la même façon que l’industrie pharmaceutique : puisque chercher de nouvelles molécules coûte très cher pour un résultat aléatoire, autant fermer les laboratoires et bidouiller d’infimes variations sur des médicaments déjà existants. On se contente de modifier l’emballage et de mettre le paquet sur la publicité !
Bien sûr, le public va finir par se rendre compte de l’arnaque, mais les industriels comptent sur le laps de temps nécessaire à la prise de conscience de leurs clients pour se remplir les poches, temps durant lequel le matraquage publicitaire produira les effets voulus.

Au cinéma cet état d’esprit se traduit par des films de « première semaine ». On prend des stars bankables, un budget pharaonique (pour que les producteurs se gavent d’euros avant toute projection du film) et on agite tout ce beau monde à la télévision. Le but du jeu est de remplir les salles au maximum la première semaine d’exploitation... Ce qui se passe après, on s’en moque totalement : tant mieux si le film reste dans les salles, tant pis si ce n’est pas le cas puisqu’on prépare le suivant...

Alors on peut bien sûr s’en prendre aux scénaristes, aux auteurs, aux réalisateurs, aux comédiens... Mais ce serait soigner la peste par l’application de cataplasmes aux herbes. Le mal qui ronge le cinéma français est le même que celui qui détruit notre société : la finance.


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