Le « parler cru, parler dru » de Jean-Luc Mélenchon écorche, paraît-il, quelques oreilles délicates. Les miennes ne le sont pas. Et je préfère ce langage rugueux à toutes les langues de bois ou de coton qui polluent la sphère politico-médiatique.
Après tout, appeler un chat un chat et Moscovici un coquin ne relève que de l’évidence.
Mélenchon affirme parler comme le peuple et pour le peuple. Donnons-en lui acte. Il en est issu, du peuple, et ne s’est pas donné que la peine de naître. Le respect qu’il a pour “les gens” (il aime bien dire “les gens”) a peu à voir avec la véhémence et le vocabulaire qu’il met dans ses discours : ça (qui du reste ne gêne pas “les gens” ) c’est pour se faire entendre des gourmés, choquer le bourgeois et avoir accès aux micros ; et ça marche dirait-on [1] .
Non, le respect, c’est de faire ce que plus aucun autre [2] que lui n’ose : ne pas parler à son auditoire comme à un ramassis de demeurés qu’on gave d’“éléments de langage” fournis clés en mains par des “communicants” (cette engeance) ; au contraire, parler de choses graves, sérieuses, réputées incompréhensibles pour le “vulgum” ; et plus encore, nourrir son propos de références — historiques, politiques, littéraires, poétiques —, faire passer dans ses démonstrations de grands souffles qui décoiffent, un lyrisme qui fait ricaner les cyniques et les Importants, mais parle aux autres, les petits, les sans-grades, ses Grognards, ses Flambeau …
Alors ses anciens camarades du « parti solférinien » (puisque voici adopté au PG, semble-t-il, ce qualificatif que je défends depuis longtemps, et qui permet de garder propre sur lui celui de socialiste), les autres crient au populisme, pardi [3] !
Un extrait d’un article de Politis